Chapitre quarante cinq - Niall

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Ils l'étudiaient avec attention, touchaient son visage, sa peau, sa combinaison. Une conversation silencieuse se déroulait entre eux, à laquelle je ne comprenais rien. Puis, après un regard appuyé vers Harry, Guilia déglutit bruyamment.

–– Nous allions t'en parler, a-t-elle murmuré, tout en passant sa main sur les doigts de la femme encore inconsciente. Ils nous fallait seulement plus d'informations, un peu plus. Nous n'étions pas sûrs qu'ils étaient toujours actifs et ne voulions pas te brusquer avec cela.

Harry s'était écarté de l'inconnue, ses bras croisés sur son torse. Il étudiait ma réaction et, fréquemment, son regard dérivait vers la femme immobile. Ses yeux étaient vides, traversés de plusieurs fantômes que je ne pus analyser–il semblait rongé par la tristesse.

Je ne dis rien, m'enfonçais seulement un peu plus dans mon siège en couvrant mon visage de mes mains. Ils parlaient.

–– C'est une bêta, tout comme Danielle. Elle est âgée, néanmoins, et sûrement plus puissante que moi, a doucement constaté Guilia.

–– Je connais son alpha, j'avais été en contact avec lui il y a une centaine d'années–Edouard. Il n'était pas encore engagé. Il a été un allié, lui et sa meute. Nous combattions ensemble avec la mienne, durant la guerre de sang. Nous avions réussi à gagner beaucoup de terres dans le périmètre, mais sa meute avait été ravagée, sa femme assassinée... Il s'est mis à exécuter des tas d'humains, tuer des centaines de personnes... Ils n'étaient même pas des chasseurs de sang... C'était trop douloureux pour lui, a-t-il conclu après une pause, laissant échapper un souffle tremblant.

–– Tu as aussi perdu ta meute au cours de cette période, tout comme Adélaide, a dit Guilia, silencieusement. Ce n'est pas une excuse valable.

J'inspirais profondément, posant à nouveau mes yeux sur la personne en face de moi. Allait-elle essayer de nous tuer à son réveil ? J'approchais, remarquant que la compresse au niveau de son crâne se faisait envahir de sang––elle se trouvait très mal en point.

Nous nous trouvions dans une salle réorganisée du manoir, dans laquelle Harry avait installé le nécessaire médical, il savait certainement plus que nous ce qui allait nous arriver. Il avait identifier chez la lycanthrope plusieurs os brisés, et une éventuelle commotion cérébrale–au vu du son entendu plus tôt dans la forêt, au moment de l'union du sol et de son crâne, j'étais sûr qu'il avait raison.

–– Qui est Adélaide ? Ai-je demandé après une hésitation, alors que mon regard erraient sur les inscriptions––S.A.C.A.G.E.

–– Etait, a corrigé Harry silencieusement, avant de reprendre sa voix, même si je devinais qu'il déguisait un sanglot. Je l'ai rencontrée il y a plus de trois cent ans, a-t-il dit après une pause ; je devinais un sourire dans sa voix. Elle était la femme la plus appréciée de la région, faisait parler d'elle, partout où elle allait...

–– Une humaine ?

Il acquiesçait, ses bras toujours croisés sur sa poitrine. Il semblait presque fier de lui, souriait, envahi par des souvenirs d'un temps heureux.

–– J'étais un lycanthrope solitaire, à l'époque, mais clamait cependant mon statut d'alpha, contrairement à aujourd'hui. J'avais été transformé en France, mon pays d'origine, seulement quelques années auparavant et avait décidé de suivre mon créateur en Ecosse. Je l'avais rencontrée lors d'un bal, organisé par sa cousine, une connaissance qui admirait ma fortune et ce manoir, il murmurait, sa voix mourant au creux de sa gorge. Elle est la plus belle créature que j'ai eu l'occasion de voir... Intelligente, amusante, intéressante. Je sais que la perfection n'est pas censée exister, mais même en tentant de me résonner à propos de cela, je ne pourrais pas la décrire d'une autre façon : elle était parfaite. Et je suis tombé amoureux de cette femme.

Saccagé || Niam - en pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant