Chapitre trente et un - Liam

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Je relevais le regard vers la porte d'entrée, qui grinçait un moment alors qu'elle s'ouvrait sur Niall. Il m'apparut boiteux, faible. Il peinait à avancé correctement, un de ses bras pendant péniblement dans le vide. L'autre était attaché à sa taille ; elle était marbrée de sang. Son visage était contusionné et ses cheveux bruns étaient éparpillés de façon tumultueuse sur son crâne.

Lorsqu'il émit un gémissement plaintif, je semblais enfin reprendre le contrôle de mon corps. Mes yeux avaient été écarquillés tout ce temps, dans la peur, la surprise et un peu de culpabilité. Je savais, presque sans qu'il me le dise, qui lui avait fait cela. Ces blessures n'avaient certainement pas été créées par un lycanthrope, elles étaient l'oeuvre d'armes humaines : celles que ma famille utilisait contre l'espèce de Niall.

Je dégageais mon corps des draps entortillés, marchant jusqu'à lui, qui se mettait à présent à geindre avec peine ; il était clair qu'il souffrait. Il ne semblait pas en état de s'exprimer–je me demandais même comment il faisait encore pour tenir debout. Lorsque je détachais sa main ensanglantée de son estomac, d'énormes blessures émergeaient. Une, plus profonde, était bleutée à ses extrémités, puis se perdait en une accumulation d'entailles profondes et ténébreuses.

Je ne savais pas quoi faire de son corps meurtris, je ne savais pas s'il existait de traitements spécifiques aux lycanthropes. Je n'avais jamais servi à les soigner, mais à les tuer. Je déglutis à ses pensées puis, d'un mouvement résolu, m'échappait de la pièce sous les plaintes de Niall. Je n'aimais réellement pas le voir comme cela, il était tellement mal en point. De plus, une déplaisante sensation tiraillait mes entrailles ; ma famille avait commis cela.

Je devais leur en parler, je ne pouvais simplement pas les laisser le tuer. Il était important pour moi–je l'aimais–et j'espérais sincèrement qu'ils allaient comprendre cela. J'étais tellement déchiré, j'étais en train d'aller contre toutes les choses que l'on m'avait apprises depuis ma naissance, j'étais en train d'aller contre des traditions introduites dans ma famille depuis des années, peut-être même des siècles.

Je secouais la tête en écrasant rageusement la larme sur ma joue. Ils tuaient des personnes, ce n'était pas des traditions, mais des rituels insensés ; ils étaient fous. Je ne voulais pas leur ressembler, je ne le voulais pas. Cependant, une partie de moi continuait à crier que j'étais un traitre, me rabaissant chaque minute un peu plus, même si j'étais convaincu d'avoir pris une décision, ce que je n'avais pas fait.

J'entrais dans la chambre d'Harry qui, endormi, se réveillait en un sursaut. Il m'observait lentement, ses yeux d'un rouge profond perçant dans l'obscurité. J'allumais la lumière d'une pression sur l'interrupteur. Il tressaillit, chassant la clarté, se recroquevillant contre lui-même. Puis, lorsque son comportement étrange prit fin, il tournait son attention vers moi. Il reprit sa voix.

–– Excuse-moi, c'est seulement que, disons–tu ressembles réellement à ton père ; je me suis senti en danger.

Traitre, hurlait la voix, m'amenant à fermer les yeux. Lorsque je les rouvris sur Harry, il était à présent debout, enfilant un pantalon avant de se retourner vers moi.

–– Que se passe-t-il ? Niall est-il rentré ?

Je hochais vaguement la tête, avant de m'interrompre, avalant difficilement ma salive, avant d'humecter mes lèvres. Il attendait mes nouvelles, un sourcil haussé, contemplant mon silence avec une attention particulière. Lorsque je ne dis rien de plus, ses sourcils se pressèrent en un froncement.

–– Oui ? Demandait-il, confu.

Ses cheveux étaient un enchevêtrement de boucles, qu'il vint remettre en place d'un coup de main. Il semblait embrouillé, ne sachant pas quoi penser de mon silence.

Saccagé || Niam - en pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant