Chapitre vingt six - Niall

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–– Il y a cependant un problème, à propos de toi et de ce carnet.

–– Quel problème ?

Guilia observe le livre de poésies, ses yeux comme éteints, une main tremblante déposée sur la table entre nous deux. Soudain, je sens le carnet me brûler, comme si ma peau était découpée de façon brusque, me faisant haleter. Je lâche le journal, le laissant tomber sur le sol dans un bruit sourd, sans que la douleur ne s'estompe.

–– L'auteur de cette horreur est un mystère. Mais nous savons une chose : qui que ce soit, nous sommes trop faibles pour l'affronter.

Je baisse les yeux sur l'ouvrage, ouvert sur une page que je connais à présent, les lettres apparaissant clairement malgré la faible luminosité.

I

   will

  get

       you

Je me trouve dans ma chambre, le carnet déposé devant moi, les yeux fermés. Même à un mètre de moi, je sens l'énergie émanant de l'objet, créant une douloureuse friction sur mon épiderme. J'entends la porte s'ouvrir, me faisant ouvrir les yeux. Liam se trouve dans l'entrebâillement de celle-ci. J'humecte mes lèvres, relevant le regard vers lui.

Son regard est rivé sur l'ouvrage, alors que toute chose positive à quitté son visage. Il avance d'un pas dans la pièce, les lèvres pincées, fermant la porte derrière lui.

Nous ne sommes rien d'officiel, mais baignons dans cette relation étrange depuis une semaine. Je me sentais dépendant ; je suis dépendant. Je ne pense pas qu'il l'est, mais il semble, disons, heureux, près de moi. Cependant, tout cela va devoir s'arrêter. Il ferme les yeux fortement une seconde, me faisant soupirer : même en le niant, je sais que j'éprouve des choses pour lui, et elles ne semblent pas être éphémères ou simplement passables.

–– Tu le sens ? Demandais-je, déglutissant avant de reprendre ma voix.

Il hoche la tête, resserrant sa main sur la sangle de son sac à dos. Il semble confus, complètement désespéré et perdu.

–– Tu ne peux pas en être un, tu–j'ai vérifié, tu ne portais rien de comparable à ces monstres et tu, je–j'espérais que tu ne sois pas un Alpha... Tu ne peux pas faire partie de cette famille-là.

–– Je suis ce que je suis, articulais-je, lâchant un profond souffle avant de rejeter mes cheveux sur mon crâne. Je ne vais pas m'excuser po–

–– Non, tu ne comprends pas, coupe-t-il, sa voix se brisant sur les deux derniers mots. J'ai tout vérifié, j'ai même vérifié chez Abby pour être sûr que tu ne portais rien de tel... Les maladies comme celle que tu as obtenue sont censé empêchés le gêne de prendre le dessus...

–– Sauf lorsqu'il s'agit d'un Alpha.

–– J'ai tout vérifié, lâche-t-il à nouveau, tirant ses cheveux à bout de main. Tu ne compren–tu ne comprends pas, je, putain.

Il répète les même phrases, une litanie incessante, incompréhensible. Ses mots roulent contre moi, comme si j'étais perméable à ceux-ci. Je ne comprends rien de ce qu'il est en train de me dire. Est-il obligé de me tuer ou quelque chose de tel ?

–– Je t'aime, dit-il, tremblant.

Il torture son cuir chevelu plus encore, rouvrant ensuite les yeux vers moi, il semble détruit. Mes sourcils sont froncés et ma bouche entrouverte. Il détourne le regard à nouveau, respirant de façon saccadée. Il semble en pleine crise d'angoisse.

Saccagé || Niam - en pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant