Epilogue

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Raphaëlle venait de partir pour Lausanne avec sa mobylette. Sarah, Emma et elle avaient décidé de se dire au revoir autour d'un café. Elles s'étaient toutes les trois installées sur la terrasse et avaient discuté ensemble, comme si de rien n'était. Mais chacune avait dans le cœur ce poids qui devenait de plus en plus grand et imposant à mesure que l'heure du départ se rapprochait.

— Vous passerez me voir à Lausanne avant que mon avion ne décolle, avait lancé Raph' en se levant.

— Ben oui évidemment... avait répondu Sarah en retenant ces larmes.

Raphaëlle avait embrassé d'abord Emma en lui faisant promettre de bien s'occuper de Sarah. Puis elle avait ensuite pris sa meilleure amie dans les bras. Après quoi, elle avait essuyé ses larmes, mis son casque, puis chevauché sa mobylette pour prendre le large.

Emma et Sarah s'étaient retrouvées orphelines, sur la terrasse du café. Comme tout était différent à présent, sans elle ! Comme elle allait leur manquer...

Emma était partie faire son entretien téléphonique d'entrée en master, et Sarah venait de s'installer à la table de cette jolie inconnue pour laquelle elle ressentait une si profonde empathie. Elle n'aurait pas su dire exactement pourquoi mais elle se sentait bien à côté de cette fille. Une douceur chaude envahit lentement son cœur et pour la première fois de cette journée sinistre, elle se sentit un peu apaisée. L'inconnue était d'une profonde beauté, sa longue chevelure blonde épousait à merveille les courbes si délicates de son visage... Sarah se dit alors en elle-même que cette fille aurait assurément plu à son amie Raphaëlle. Peut-être même qu'une fille comme elle aurait pu lui faire oublier sa cruelle Noémie...

— Sale journée, pas vrai ? tenta Sarah pour entamer la conversation.

La fille, continuant à regarder au loin avec un air mêlant colère et tristesse, tira sur sa cigarette et souffla la fumée. Puis, sans regarder Sarah, elle lui répondit d'une voix résignée :

— Ça c'est le moins qu'on puisse dire...

Puis après un autre instant de silence, la fille reprit :

— Si seulement c'était que la journée...

— Ah ouais ? À ce point ? répondit Sarah.

— Ben ouais... C'est marrant la vie quand on y pense. Un jour tout nous sourit, et le lendemain... tout se casse la gueule bien violent !

— M'en parle pas ! C'est exactement ce qui m'arrive en ce moment...

— Ah ouais toi aussi alors ? Qu'est-ce qui t'arrive à toi ? Tu veux me raconter ? Enfin... Si tu veux, t'es pas obligée...

— Ben... C'est ma meilleure amie, elle part sur un coup de tête, pour le Canada... C'est n'importe quoi... Tout ça pour une peine de cœur... Le truc improbable... Elle va tellement me manquer...

— Ah ça ! Y'a rien de pire qu'une peine de cœur... Ça fait tellement mal ! C'est ce qui m'arrive à moi tu vois...

— Sérieux ?

— Oui... J'ai eu le malheur de tomber amoureuse de la mauvaise personne... C'est quelqu'un qui m'a beaucoup déçue et blessée... pourtant j'étais prête à tout lui donner... J'étais prête à renoncer à tout pour... heu... pour lui...

— C'est quelqu'un à qui tu as l'air de beaucoup tenir dis-moi...

— C'est surtout quelqu'un qui ne m'a jamais aimée...

— Pourquoi tu dis ça ? Qu'est-ce qui peut faire douter une jolie fille comme toi de l'amour qu'on lui porte ?

— Ben quand tu retrouves la personne que tu aimes dans un lit avec une autre, je pense que tu peux en conclure que l'amour n'est pas réciproque non ?

Le secret de VénusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant