Chapitre 20 - Raphaëlle

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Raphaëlle — Quand mes partiels commencent, je me rends très vite compte que je n'ai pas du tout envie d'être là. La seule chose que j'ai envie de faire, c'est d'aller voir Noémie à la bibliothèque. Il me faudra pourtant attendre quatre longues et interminables heures avant de pouvoir le faire, et je tente de me concentrer pour essayer de ne pas rater ces foutus partiels qui m'emmerdent tant.

Dès que j'ai fini, je rends ma copie, et je file ventre à terre à la bibliothèque. Mais au moment où j'en approche, soudain, j'ai à nouveau mal au ventre. J'ai à la fois très envie et très peur de voir Noémie. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Je n'ai fait que penser à elle. Une question m'obsède : pourquoi ? Pourquoi m'avoir embrassée juste après m'avoir jetée comme elle l'avait fait ? Et puis cette expression sur son visage lorsque les portes se sont refermées... Qu'est-ce que ça signifiait ? J'ai eu beau me repasser la scène en boucle dans la tête, je ne suis pas parvenue à trouver une once de logique à tout ça... Une autre question me hante... Que m'arrive-t-il ? Pourquoi je ne fais que penser à elle comme ça ? Pourquoi et depuis quand je me pose toutes ces questions pour une fille ? Malgré tous mes efforts, toutes ces questions restent sans réponses, et j'arrive en bas de la bibliothèque, sans être plus avancée.

J'entre. Je monte à pied les cinq étages. Je pousse la porte. Il faut que j'y aille et que j'en aie le cœur net. De toute façon, je n'ai pas le choix. Et soudain, je me demande si elle ne va pas me dire qu'elle regrette. Ou pire ! Tout nier en bloc ! Mon Dieu... Si ça se trouve, j'ai tout imaginé... Je vais devenir folle c'est sûr, il faut que je sache...

La bibliothèque est déserte, du fait de la fin des révisions. Personne. Littéralement. J'avance dans la bibliothèque et ne la vois pas... Et puis au détour d'un couloir, soudain, je l'aperçois au loin dans un des rayons. Je change m'engage dans celui juste à côté pour qu'elle ne puisse pas m'apercevoir. J'ai besoin de me préparer. Je m'avance lentement. Et au dernier moment, je tourne et me dirige vers elle. Elle range des livres... Un livre sur Napoléon m'indique que nous sommes dans le rayon « Histoire »... Elle m'aperçoit, se fige, devient toute rouge, baisse les yeux puis reprend tant bien que mal ses activités... De quoi me donner envie de disparaître en somme ! Je commence à regretter d'être venue voir cette fille qui m'avait pourtant bien dit qu'il fallait que je m'en aille. Je m'approche malgré tout, guider par une sorte d'instinct... Elle me regarde dans les yeux. Puis elle dit soudain :

— Salut.

Avant de détourner son regard de moi et de continuer à replacer les livres.

— Salut, je réponds en la regardant toujours.

— Tes partiels se sont bien passés ?

Je souris, et lève les sourcils tellement cette question me sidère, puis je réponds :

— Sérieux ? Tu veux vraiment qu'on parle de mes partiels ?

Elle s'arrête, me regarde, et répond :

— Non pas vraiment, avec ce petit air gêné qui me fait fondre.

Je reste interdite. Elle reprend son travail. Et j'attends la suite. Soudain, sans me regarder, et en rangeant les livres, elle me lance :

— Je suis en couple avec un homme...

Je la regarde et lui réponds :

— Je sais...

Je suis surprise par l'assurance et l'aplomb avec lesquels je lui réponds ça, du tac au tac. Elle s'arrête et me regarde, puis elle poursuit :

— Je le quitterai pas...

Je sens alors un fluide passer entre nous, de manière très nette. Son attitude semble changer, sans que je puisse définir en quoi, mais je me sens de plus en plus en confiance. Et je réponds alors à nouveau :

Le secret de VénusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant