Le secret de Vénus

Chapitre 16 - Raphaëlle

Raphaëlle — Suite à cette rencontre inattendue, j'ai passé le reste de la journée à bosser à la bibliothèque, et bizarrement je n'ai pas revu Noémie. Il est maintenant dix-neuf heures et je l'attends devant la bibliothèque. Puis je la vois enfin arriver.

— Bon alors ? Dis-moi tout. J'attends tes instructions chef ! je lui lance.

— Ahah ! C'est moi le chef alors tu fais tout ce que je dis ?

— Absolument tout... je lui dis en le pensant vraiment.

— Hum... C'est dangereux de dire des trucs comme ça tu sais, je pourrais te prendre au mot... me dit-elle en riant tout en plaçant son bras autour de mes épaules et en rapprochant son visage. Je ressens soudain une sensation très bizarre dans mon ventre... À la fois agréable... et assez douloureuse je dois dire... Je n'ai rien mangé aujourd'hui, c'est peut-être ça... Elle reprend son sérieux et poursuit.

— OK, alors c'est parti ! Je t'explique le plan. Déjà, on va commencer par aller se changer chez moi parce qu'on va aller dans un endroit où on va se salir.

— Ah bon ?

— Oui... Et je pourrais te prêter des fringues, mais je pense que ça ne t'ira pas, tu es beaucoup plus grande que moi. Mais j'ai un frère, qui doit faire ta taille... On peut tenter le coup pour voir ce que ça donne si tu veux.

— OK, je réponds en souriant, en me disant que décidément j'ai une tête de frère.

Elle m'explique ensuite en détail le projet sur lequel nous devons travailler ensemble alors que nous nous dirigeons vers sa voiture. Une fois assise dans le véhicule, elle me sort un plan qui montre l'ensemble des parties du radeau. Elle le pose sur ma cuisse, pour avoir un support et vient appuyer son index à différent endroit pour illustrer ces propos. Cela me fait le plus grand des effets, mais elle ne se rend compte de rien et continue à me parler très sérieusement. Elle a l'air d'être le genre de fille très spontanée, qui se prend pas la tête... J'adore !

Il semble que ce que nous allons faire se résume à peu de choses finalement. Il faut aller chercher du matériel ce soir. Elle m'explique que si nous parvenons à tout trouver ce soir, alors il nous restera deux soirs pour l'assemblage ce qui devrait être largement suffisant. De ce que je comprends, le matériel qui lui manque est le gros œuvre du radeau, c'est-à-dire des bidons pour la flottaison, et des palettes de bois pour le plancher. Le reste est déjà chez elle. Elle range le plan, démarre et nous allons chez elle pour nous changer. Elle habite chez ses parents.

Quand nous entrons, un chien s'élance sur elle en aboyant bruyamment. Elle s'agenouille alors et se met à l'embrasser en le serrant dans ses bras. Elle semble aimer ce chien comme une folle. Elle m'apprend alors qu'il s'appelle Bill.

— Bill ? Comme dans « Boule et Bill » ?

— Ouais ! C'est un cocker anglais. C'est pas le plus beau des chiens ?

Je regarde Bill et le trouve très laid, mais je ne dis rien. Je réponds juste qu'il est mignon, ce qui est vrai. Comme s'il avait compris ce que je viens de dire, Bill s'élance alors sur moi, et cette sale bête bave un peu partout sur mes affaires. Je ne suis pas très à mon aise avec Bill, ce qui est loin d'être son cas.

Noémie me regarde en souriant, comme si elle avait deviné mon malaise, et finit par me demander de la suivre. Elle commence à monter à l'étage en me laissant avec Bill qui met ses pattes sur moi et essaye de me lécher les mains. J'arrive tant bien que mal à suivre Noémie et m'engage dans les escaliers, talonnée de près par Bill qui slalome entre mes jambes et finit par me doubler. Une fois arrivé en haut des marches, il se retourne pour me lancer un regard triomphant avant de filer rejoindre sa si jolie maîtresse. Je le suis et entre dans une chambre. Il semble que c'est la chambre de son frère, à en juger par la déco sommaire et le bazar régnant. Des chaussettes un peu partout, une console de jeu. On dirait la chambre de ma cousine ! Noémie fouille dans un placard, et en sort un jean large et un tee-shirt du groupe Metallica décoré d'une énorme tache indélébile d'eau de javel.