Le secret de Vénus

Chapitre 11 - Emma

Emma — Oh mon Dieu ! Je n'y crois pas... Il y a encore vingt minutes, j'étais tranquillement assise à mon bureau avec mes basaltes, mes quartz et mes granites, en train de réviser. Rien de bien palpitant à l'horizon, et ce pour trois longues semaines. Et me voilà maintenant en route, sur une mobylette... une MOBYLETTE ! Mon Dieu ! Pour aller chez une fille que je n'ai jamais vue et avec qui ma coloc et moi allons juste... SAUTER EN PARACHUTE !

Nous arrivons dans un parking et Raphaëlle s'arrête, me demande de descendre, se gare, enlève son casque, le met dans son coffre puis me demande le mien, l'attache à la roue et me dit de la suivre. Je la suis. Et nous allons devant la porte d'entrée d'une maison qui est près de là. On sonne. Une dame nous ouvre. On rentre. Je suis maintenant chez des inconnus. On va dans une chambre, je ne sais absolument pas chez qui je suis. Là, Raphaëlle me présente une fille :

— Je te présente Sarah, c'est ma meilleure amie. Sarah, voici Emma, ma coloc.

— Salut Emma, lance la fille.

— Salut Sarah, je réponds.

— Bon, t'es prête Sarah, demande Raphaëlle à son amie avec une once d'impatience dans la voix.

— Ouais je m'habille et c'est bon.

— OK... Bon, on t'attend dehors. Traine pas trop ma grosse, on va rater le prochain décollage.

Au mot « décollage », mon cœur s'arrête. Ma mémoire rappelle à mon corps le projet insensé dans lequel je me suis empêtrée et que je m'étais empressée d'oublier ! Alors le rythme de mon cœur reprend à vive allure et mon stress monte en flèche !

Une fois que Sarah est prête, nous montons dans sa voiture et nous mettons les voiles vers l'inconnu. Puis à un moment Sarah demande :

— Alors Emma, c'est la première fois que tu vas sauter ?

— Oui...

— Pas trop nerveuse.

— Heu... je lui réponds avec une angoisse palpable dans la voix, et en me demandant pour la énième fois comment j'ai bien pu me laisser embarquer dans cette histoire...

— Ah ! C'est normal, moi aussi la première fois, j'étais stressée ! Mais tu vas voir ! Une fois que tu seras dans l'avion, de toute façon faut te dire que t'auras plus le choix il faudra sauter.

Je me demande alors si cette phrase était censée me rassurer. Et constate avec effroi que si c'était le cas, encore une fois, chez moi ça ne fonctionne pas du tout ! Je vois des avions dans le ciel, de plus en plus gros, de plus en plus distincts. Ça y est ! J'ai maintenant une boule douloureuse dans le ventre ! Assise à l'arrière de la voiture de Sarah, je m'aperçois soudain qu'elles sont en train de discuter très tranquillement de leur journée, et d'autre chose. Comme si de rien n'était... Et moi, pendant ce temps, trois questions m'obsèdent : Que vais-je devenir ? Vais-je mourir ? Et comment font-elles pour discuter si calmement bon sang ! ?

— Emma ? Tiens, tu veux une canette ? me demande Sarah en se retournant et en me tendant une canette de soda.

Une canette ! ? Je regarde avec stupeur cet objet inattendu et m'imagine la boire. Seulement à cette simple pensée, mon estomac en lutte depuis plusieurs minutes contre la nausée qui le guette m'indique qu'il est absolument hors de question d'accepter cette proposition, sous peine de représailles immédiates et sans préavis.

— Heu... Vous n'auriez pas plutôt une bassine ? je lance en commençant à me sentir vraiment très mal.

Sarah et Raphaëlle explosent de rire, et Sarah se retourne face à la route en gardant la canette qu'elle m'avait proposée. Mais manifestement, pas de bassine en vue... Ce n'était pourtant pas une blague... Une bassine serait franchement la bienvenue... Je les aurais prévenues...