Chapitre 28 - Emma

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Emma — J'entre dans la chambre, c'est le début de soirée, et j'aperçois Raph' sur son lit. Elle écoute de la musique dans son casque. J'ai l'impression qu'elle ne sort plus de la chambre depuis quelque temps, mais je n'en suis pas sûre. Ça fait bien deux semaines que je vois qu'elle ne va pas bien. J'ai cru comprendre qu'il y avait eu un problème avec sa copine. Mais Sarah n'a pas voulu m'en dire plus, et Raphaëlle s'est quelque peu renfermée avec moi, je ne veux pas être intrusive. Je rentre, et lui dis bonjour. Elle me répond plus ou moins en grognant, et je m'attable à mon bureau pour remplir tous les formulaires de mon dossier d'inscription en master l'année prochaine.

La soirée se déroule normalement. Il n'est pas loin de vingt-deux heures, quand j'envisage de ne pas tarder à me coucher. C'est alors qu'on frappe à la porte.

— Laisse j'y vais, dit Raph'.

Elle se lève, et va ouvrir. J'entends alors une voix d'homme :

— C'est toi Raphaëlle ?

— Ouais. C'est moi.

— Tu vois pas qui je suis ?

— Absolument pas !

Je me retourne, le mec a l'air un peu énervé, presque agressif. Je me demande ce qu'il veut. Je ne saurais pas dire pourquoi, mais j'ai un mauvais pressentiment. C'est un garçon de notre âge, en fin d'études, dans les vingt-trois ans, quelque chose comme ça. Le mec continue :

— Je suis le copain d'Élodie. Tu me remets mieux là ?

— Élodie ? Connais pas...

Le mec pousse alors Raph' dans la chambre. Je me lève, et je ressens en moi une peur qui m'envahit tout à coup. Mais une peur que je parviens à maîtriser parce que Raph' est là. Le mec commence à crier :

— Arrête de mentir bordel !

— Putain ! C'est quoi ton problème mec ? Je connais pas d'Élodie j'te dis.

— Ah ouais ?

Il attrape alors Raph' par le col et la plaque contre le mur. Je pousse un cri et porte les mains devant ma bouche. Raphaëlle ne réagit pas. Elle regarde le mec et se laisse plus ou moins faire. Je sais pourtant qu'elle sait se battre, Sarah m'en a parlé plusieurs fois. Je me demande alors quand est-ce qu'elle va enfin se décider à stopper tout ça ! Le mec reprend :

— C'est bizarre parce qu'elle, elle est a l'air de très bien te connaître tu vois. Tu demandes pas aux filles comment elles s'appellent avant de te les faire ?

— Ta copine s'est trompée, je connais pas d'Élodie.

Suite à ces paroles, le mec soulève légèrement Raph' par le col en resserrant sa prise et son appui contre le mur, et se rapproche d'elle en criant :

— Tu te rappelles pas à la fête juste avant les vacances de printemps ? Elle m'a tout raconté ! Elle a passé la nuit avec une certaine Raphaëlle qui l'a baisée dans le jardin de Lesly, tu la situes mieux là ? C'est bon ? Ou pas encore ?

— Ah... Mais attends ? Cette fille c'était ta copine ?

— Tu connaissais même pas de son nom pas vrai ?

— Heu...

C'est alors que le mec la frappe. Plusieurs fois. Je crie. À ma grande surprise, Raphaëlle se laisse faire. Pourquoi ne réagit-elle pas bon sang ? ! ! Elle se contente d'encaisser docilement les coups, et finit par tomber par terre. Il s'apprête à lui donner des coups de pied au moment où je trouve en moi le courage de me jeter sur lui pour l'empêcher de continuer.

— Putain mais arrête ! Laisse la t'es malade ou quoi ? je lui hurle en tremblant.

À mon grand étonnement, mon intervention a l'air de le dissuader de continuer et il regarde avec mépris et colère Raphaëlle allongée sur le sol. Il donne un grand coup de pied dans le mur. Je suis entre lui et Raphaëlle. Soudain, il pointe son doigt vers moi et me fixant dans le blanc des yeux et crie :

— Ouais ben tu sais quoi ? Ta copine là. Elle a couché avec mon Élodie. La fille avec qui je sors. Mon ange. Mon ange qui m'a quitté. T'entends ? Ta connasse de copine elle...

Un sanglot prend possession de sa voix, et l'oblige à arrêter de parler. Son visage exprime une grande détresse. Il se mord le poing et ferme les yeux en essayant manifestement de lutter contre ses émotions. Puis il semble se laisser à nouveau submerger par la colère, et tout en s'adressant maintenant à Raph', il poursuit :

— Elle m'a quitté, tu lui as retourné le cerveau ! Qu'est-ce que tu lui as fait bordel ? Depuis que tu as croisé sa route, c'est plus la même femme... Tu connaissais même pas son prénom ! Bordel de merde...

Il se met les mains sur la tête, lève les yeux au ciel, et se met alors à rire nerveusement, et à tourner dans tous les sens.

— Sors de notre chambre ou j'appelle les flics, je lui lance en me préparant au pire.

Il me regarde avec un air de dégout avant de me lancer avec une violence non dissimulée :

— Je vous emmerde toi et ta connasse de copine ! Allez vous faire foutre ! Et toi ! Si j'te revois tourner autour d'Élodie, je t'épargnerais pas cette fois. T'approche plus d'elle t'as compris ?

Je tremble comme une feuille. Il reste planté là un instant encore avant de décider de se barrer en claquant la porte. Je me précipite instantanément sur Raph' pour voir comment elle va.

— Raph' ? Ça va ?

— Ouais, ça va... T'en fais pas.

— Fais-moi voir.

Je pose délicatement ma main sur son menton, et fais tourner doucement sa tête pour pouvoir voir son beau visage, elle saigne de la lèvre, mais rien de bien méchant. Je crois que ce n'est pas là qu'il l'a frappée le plus. Elle a l'air d'avoir mal au ventre. Je soulève son tee-shirt, et constate qu'elle a une grosse marque rouge au ventre.

— L'enfoiré... Est-ce que tu as très mal ?

— Non ça va.

— Est-ce que tu peux te lever ?

— Ouais.

Je l'aide à se relever. Et à s'allonger sur son lit.

— On devrait aller à l'hôpital.

— Non, j'ai rien. Ça va aller Emma. Merci. Toi ça va ?

— Ouais.

— Tu lui as foutu la frousse à ce type, bien joué !

Elle tente de rire, mais finit par juste tousser avec difficulté. Je reste silencieuse. Moi, je n'ai pas du tout envie de rire.

— Pourquoi tu t'es laissée faire comme ça ? Pourquoi t'as pas réagi ?

Elle reste silencieuse. Et je vois alors une larme courir sur sa joue. Elle s'essuie le visage. Puis elle se retourne vers moi, et finit par me dire :

— Emma, j'ai un service à te demander.

— Oui ? Tout ce que tu voudras.

— Est-ce que ça t'ennuie de dormir dans mon lit avec moi ? Juste cette nuit...

Je me sens devenir rouge. Je ne m'attendais vraiment pas à cette demande.

— Non, bien sûr que non, ça ne m'ennuie pas du tout.

— Merci...

Alors je range rapidement les affaires qui se trouvent sur mon bureau, enlève mes chaussures, et éteints les lumières. Puis, je me place derrière elle, et me blottis tout contre son dos, en mettant mon bras autour d'elle. Je m'aperçois alors qu'elle pleure. Je la serre plus fort, et au bout de quelques minutes, elle se calme et finit par s'endormir. J'ai l'impression de veiller sur elle alors que d'habitude c'est plutôt l'inverse. Elle sent si bon. Merde ! Je m'aperçois soudain que j'ai totalement oublié de verrouiller la porte à clef ! Si jamais le mec revenait ? J'envisage de me relever, mais je ne peux pas prendre le risque de la réveiller. Alors je reste près d'elle, et renonce à fermer la porte. Et je finis par moi aussi m'endormir d'un profond sommeil.

Le secret de VénusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant