Chapitre 15 - Raphaëlle

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Raphaëlle — J'ai passé une sale nuit. À trois heures du matin, je me suis réveillée d'un cauchemar. Le scénario en était le suivant : j'étais à la piscine municipale, et la surface de l'eau était plane et bien lisse. Il n'y avait personne à part moi. Soudain, par je ne sais quel phénomène mystérieux, je suis tombée dans l'eau. J'étais seule dans cette immense piscine. Du moins, c'est ce que je croyais ! J'ai essayé de rejoindre le bord, et je me suis vite rendu compte qu'il y avait en fait une orque géante dans l'eau avec moi ! Il me fonçait dessus ! J'ai réussi à sortir du bassin juste à temps, et me suis précipitée vers la sortie pour quitter les lieux. Mais arrivée juste au seuil de la porte, pour une raison qui m'échappe, je me suis retournée. Et mes yeux ont été attirés par quelque chose au fond de l'immense salle que je voulais fuir. Après quelques instants, j'ai enfin pu voir de quoi il s'agissait. C'était un affreux monstre. Il me fixait en souriant. Tout son visage laissait transparaître les noirs desseins qu'ils nourrissaient à mon égard. Et maintenant que je l'avais vu, je le savais, c'était trop tard et il allait se lancer à ma poursuite ! J'étais foutue ! Quand il a commencé sa course vers moi, j'ai crié et je me suis réveillée en nage ! Par bonheur, je n'ai pas réveillé Emma. J'ai dû aller courir en pleine nuit pour me changer les idées. Alors que je rentre dans la bibliothèque en repensant à tout ça, et que je m'assois à ma table, je constate qu'il y a nettement moins de monde qu'hier. Je sors mes affaires, vais chercher des livres. En passant, je regarde rapidement alentour pour voir si Noémie est là, mais je ne la vois pas. Alors je retourne à ma table, et commence à travailler.

Au bout d'une heure, je n'en peux plus ! Vite une pause ! Il faut que je prenne un peu l'air. Je prends mon portable, mes écouteurs, mon paquet de clopes, mon briquet et je descends. Devant la bibliothèque, je m'assois sur les marches et je choisis ma musique. Puis, j'allume une cigarette. Et j'écoute « The end » des Doors. Cette musique me prend aux tripes à chaque écoute c'est fou ! Je regarde le ciel. Il est si bleu... Et dire que je vais devoir l'abandonner à la fin de ma cigarette... J'appuie mon épaule contre la rampe d'escalier à ma droite et profite de l'instant en savourant cette première cigarette depuis déjà si longtemps...

Soudain, je sens une main se poser sur mon épaule gauche. J'enlève alors mon casque, me retourne et lève les yeux pour tenter de voir qui est là. Mais la personne est à contre-jour, et je ne vois strictement rien. J'entends alors une voix me dire :

— Excuse-moi, est-ce que tu aurais du feu par hasard ?

Je mets ma main en visière au-dessus de mes yeux et mon cœur chavire brusquement quand je découvre qui vient de m'adresser la parole...

— Heu... je lance toujours la main au-dessus des yeux, en restant bête, assise aux pieds de Noémie sans rien dire d'autre ni bouger.

Puis je me rends enfin compte que je déconne complètement, et je décide de me ressaisir.

— Heu... Oui ! Du feu ! Oui j'en ai...

Je sors de ma torpeur, me lève, fouille dans ma poche, et lui tends mon briquet.

— Ouf ! Merci tu me sauves la vie ! dit-elle avec un magnifique sourire qui me fait une pique au cœur.

Elle avance sa cigarette que j'allume alors qu'elle la protège du vent.

— Merci beaucoup, lance-t-elle en parlant du nez avant de souffler sa première taffe. Son regard me perturbe toujours autant. J'ai soudain la conviction que cette fille est une sorte de fée... ou bien une sorcière... qui m'aurait jeté un sort m'ôtant tous mes moyens et me pétrifiant sur place.

Et elle reste là, et me regarde un instant. Moi, je l'imite sans savoir quoi dire. Je n'étais pas préparé à cette rencontre, je suis prise au dépourvu. Pourtant elle est devant moi et il va bien falloir que je lui parle.

Le secret de VénusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant