Chapitre 25 - Noémie

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Noémie — Le lendemain soir, j'ai rendez-vous avec Raph'. J'ai décidé de rompre avec elle, et de reprendre ma vie là où je l'avais laissée avant de la rencontrer. Elle m'a dit que sa coloc n'était pas là et que nous pouvions aller dans sa chambre pour être un peu tranquilles. C'est la première fois que j'y vais. Quand je frappe et qu'elle ouvre la porte, elle m'accueille et me sourit. De ce sourire que j'aime tant voir et contempler. Ce sourire qui, je le sais déjà, va disparaître dans quelques minutes. Ce sourire que je savoure en sachant que c'est très certainement le dernier qu'il m'est donné de voir...

Elle me regarde, s'approche de moi et nous nous embrassons. De ce baiser que j'aime tant et que je savoure précieusement comme je viens de le faire pour le sourire... Et soudain, elle me dit :

— Ça va toi ? Ça n'a pas l'air d'aller, y'a un problème ?

Je la regarde et plonge tout entière dans ses yeux. Ceux-là mêmes dans lesquels je me perds et qui parviennent à me déshabiller en un éclair... Oh ! Je crois que c'est encore eux qui vont me manquer le plus... Je sens venir alors dans ma gorge un sanglot et mes yeux deviennent humides. Alors j'avance dans la chambre de Raph' pour pouvoir lui tourner le dos, et je m'empresse de lever les yeux au ciel pour éviter que les larmes ne s'en échappent.

— Qu'est-ce qui va pas Noémie ?

Plus elle me pose cette question, plus j'ai envie de pleurer. Mais il ne faut absolument pas que je craque. Je me ressaisis au dernier moment, essuie les quelques larmes qui ont roulé sur mes joues, et je me retourne en la regardant fixement avant de lui dire :

— Il faut que je te parle.

Elle me regarde d'un air grave, puis s'approche de moi en saisissant une chaise au passage.

— Vas-y, je t'écoute.

Tout en m'invitant à m'assoir sur son lit, elle place la chaise à l'envers devant elle avant de s'assoir à califourchon dessus, les bras croisés sur le dossier et le menton posé sur ses avant-bras. Je crois qu'elle sent que ce que j'ai à lui dire est important. Elle a l'air inquiète. C'est le moment. Je prends une grande inspiration. Mon Dieu ! Qu'est-ce que je m'apprête à faire ?

— Je... Voilà, j'ai réfléchi. Il faut... Oui il faut vraiment qu'on arrête.

— Qu'on arrête ?

— Oui. Qu'on arrête de se voir toi et moi.

Elle me fixe un instant, en plissant les yeux, comme pour savoir si je suis sérieuse. Puis l'un de ces sourcils se lève et je vois naître sur son beau visage une expression de surprise teintée de contrariété. Puis, de manière désinvolte, comme si je venais de dire une aberration facile à contrer, elle me lance :

— Pourquoi ?

Et sur le moment, je ne trouve aucune réponse à cette question pourtant si simple. Notre relation m'épanouit, je suis super bien avec elle, et ça, nous le savons toutes les deux. Ma démarche me paraît alors totalement absurde, mais ma raison reprend aussitôt les commandes et se rappelle à mon bon souvenir.

— Je peux pas continuer à mentir à mon copain, à le tromper comme ça. Au début ça ne me posait pas de problème, parce que je me disais que comme tu es une fille... je le trompais pas vraiment... Mais maintenant, je vois les choses différemment. Et puis... je ne peux vraiment pas le quitter.

— Pourquoi pas ?

— Parce que c'est Matthieu... Je t'avais dit que je ne pouvais pas le quitter. Dès le début, quand tout ça a commencé, j'ai été franche avec toi. Je t'avais prévenue. Et maintenant, avec le recul, je me rends compte qu'on ne va nulle part toi et moi, et que je vis mal la situation. Je ne peux pas t'offrir ce que tu attends de moi. Et tu ne peux pas m'offrir non plus ce que j'attends de la vie. Je veux me marier, avoir des enfants. Et surtout je ne veux pas faire de mal aux gens que j'aime. Continuer comme ça, à faire ce qu'on fait, ce serait égoïste de ma part. Je vais finir par faire souffrir tout le monde.

Le secret de VénusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant