11 Aria

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Trois ans plus tard

— Allez mon amour on va être en retard.

Je regarde mon fils qui sort des toilettes en tirant sur son tee-shirt rouge.

— Oui maman.

Mon petit homme que j'aime plus que tout relève la tête vers moi en disant qu'il a réussit à s'habiller. Et je suis très fière de lui. Il a deux ans et demi maintenant, le temps passe trop vite. C'est mon trésor, ma vie. Je ne pensais pas l'aimer autant, c'est un amour tellement fort qui nous lies. Il ressemble tellement à son père, j'ai l'impression de voir Kellan avec ses cheveux noirs, le même regard vert intense que lui, le même nez, la même bouche, c'est son portrait craché. Tous les jours en le regardant je ne peux pas m'empêcher de voir Kellan, c'est ça qui me fait le plus mal alors qu'il est toute ma vie.

— Je suis vraiment désolée, dis-je à Candice en refermant ma valise. Mais c'est pour le travail j'ai pas le choix. J'aurais préféré rester avec toi.

— T'es chiante, râle-t-elle, on était enfin tranquille en vacances. Tu vas devoir te faire pardonner, tu pourrais au moins me laisser mon bébé d'amour.

Elle termine en attrapant mon fils pour l'embrasser partout sur le visage, mon bébé rigole comme un petit fou avant de redescendre. Je pourrais en effet lui laisser, mais je n'aime pas être loin de lui.

— Non il vient avec moi. Je n'aime pas quand on est séparés et puis tu profiteras des quatre jours qui restent pour être au calme avec ton chéri.

Ma petite Candice sort avec un mec depuis quelques semaines, c'est le début. C'est un Brésilien, voilà pourquoi nous sommes venus passer une semaine au Brésil. Ça fait à peine trois jours que je suis là et je dois déjà repartir alors que je ne sais pas vraiment pourquoi. J'ai reçu un mail de ma maison d'édition qui me demande de rentrer au États-Unis de toute urgence. Ils m'ont juste envoyé un mail avec des billets d'avion à mon nom et à mon fils. Comme je ne veux pas perdre mon contrat avec eux je fais ce qu'ils me demandent. J'ai imprimé les deux billets et j'ai refait nos valises, maintenant il est temps d'aller à l'aéroport.

— D'accord mais laisse-moi te déposer à l'aéroport. Je vais prévenir Diego que je t'accompagne, rejoins-moi à la voiture. Kaellan vient me faire un gros câlin mon bébé.

Mon fils porte presque le même prénom que son père. C'est très étrange parce qu'il n'a pas voulu de lui mais notre bébé aura un petit quelque chose qui lui ressemble. Depuis qu'il est né, je lui dis qu'il a un papa qui l'aime mais qu'il est très loin de lui. C'est un très gros mensonge mais j'ai besoin de le croire. Je sais que plus tard il me posera des questions et je ne sais pas ce que je lui répondrai.

Je dépose nos valises dans la voiture, j'attache mon bébé avant de m'installer pour attendre Candice. Je soupire en pensant à nos vacances, je suis dégoûtée de repartir. Ça me faisait du bien de faire une pause, j'en avais terriblement besoin. J'ai beau être à des milliers de kilomètres de chez moi, mes souvenirs ne me quittent pas. Surtout un. Kellan.

Je n'ai jamais revu Kellan depuis le soir où je l'ai découvert avec Laura. J'ai tout quitté pour retourner vivre chez mes parents, j'ai pris une maison pas loin et je travaille à domicile. Je suis une écrivaine publiée depuis deux ans et demi. Je gagne très bien ma vie grâce à mes romans et je suis toute la journée avec mon fils en même temps pour profiter à fond de lui. Bizarrement la meilleure de mes ventes est le livre qui m'a été le plus difficile à écrire. J'ai travaillé dessus des nuits entières, j'ai beaucoup pleuré et crié. C'est notre histoire, celle de Kellan et moi. J'ai écrit tout ce qu'on a vécu, de notre première rencontre à la naissance de notre fils. J'ai changé nos prénoms mais tout le reste est la réalité. Je n'ai oublié aucun détail, que ce soit mon amour pour lui, son métier de militaire, sa trahison, mon chagrin, son abandon. Je parle aussi de son frère, de ses parents. Il est très émouvant, beaucoup de gens m'on dit qu'ils avaient l'impression que c'était une histoire réelle. Et elle l'est. C'est une romance qui malheureusement se termine mal. Mon histoire d'amour.

Ça fait plus de trois ans et même si je le déteste, je l'aime toujours. J'ai pas réussi à reconstruire ma vie avec un autre homme. J'ai fait des rencontres, des premiers rendez-vous mais je n'arrivais pas à laisser un autre me toucher. J'aurai pu me taper un beau gosse pour le plaisir mais il n'était pas Kellan. Je le déteste encore plus pour ça. Mon cœur se referme lentement, très lentement mais il est encore là, en moi, il ne me lâche pas.

***

— On se voit bientôt, profite bien, dis-je en embrassant Candice devant les portes de l'aéroport.

— Je t'aime, envoie-moi un message quand tu rentres.

Je récupère mes affaires et je prends mon fils par la main pour entrer dans l'aéroport. Mon vol est pour bientôt. Dans son autre petite main, Kael tient son doudou, c'est la deuxième chose que je voulais qu'il ait de Kellan. C'est une petite peluche King Kong, le surnom par lequel je l'appelais. Mes parents m'ont fait consulter une psy, avec cette peluche et son prénom ils m'ont prise pour une folle, selon eux je devais au contraire me détacher de lui et d'arrêter avec les petits détails qui me font penser à lui. La psy m'a dit qu'il n'y avait rien d'étrange. C'est ma manière à moi de laisser une trace de Kellan dans la vie de son fils.

Après avoir passé la sécurité je cherche ma porte d'embarcation sans comprendre. Je regarde les tableaux d'affichages et le numéro de mon billet, mais je ne vois pas où je dois me rendre. J'avance vers le guichet le plus proche pour qu'il m'aide à me repérer.

— Bonjour monsieur, je ne vois pas où je dois me rendre ? dis-je en lui montrant nos billets.

— C'est un vol privé, vous devez aller dans l'allée H et ensuite direction A2.

Mais c'est quoi cette histoire ?!

— Je ne comprends pas pourquoi c'est un vol privé ?

— Votre avion ne fera aucune escale, il fera d'une traite le vol jusqu'aux États-Unis. C'est pour ça que les billets sont plus chers. Il y a moins de monde, c'est plus calme et plus confortable.

C'est bizarre pourquoi ils ne m'ont pas envoyé un vol classique ?

— D'accord, merci monsieur.

— Je vous en prie, passez un bon vol.

Je récupère mes affaires en suivant ses indications. Après une longue attente et une vérification de tous mes papiers, je monte dans l'avion. C'est un petit avion assez luxueux. Je suis aussitôt accueillie par une hôtesse de l'air souriante. Je lui montre mon billet en regardant autour de moi.

— Bonjour madame, vous êtes en première classe, je vous accompagne.

Première classe ?

— Euh d'accord... Merci.

Je le suis jusqu'à nos sièges avec une drôle de sensation. Je range mon petit sac et le sac à langer avec les affaires de mon bébé au-dessus de moi puis je mets mon fils près de la fenêtre et je m'assoie côté couloir.

— Il y a des berceaux pour bébé si vous le souhaitez, c'est plus isolé, je peux garder votre fils, m'informe cette hôtesse de l'air.

Et puis quoi encore !

— Non merci je le garde avec moi.

— D'accord n'hésitez pas si vous changez d'avis, dit-elle en se pinçant les lèvres. Et n'oubliez pas que toutes vos consommations sont gratuites et illimitées.

Ils ont payé une fortune pour ça, c'est bizarre. L'hôtesse me regarde une dernière fois avant de partir. Elle aussi est bizarre. Je secoue la tête en reportant mon attention sur mon bébé qui se frotte les yeux.

— Tu es fatigué Kael ?

— Oui.

Je l'allonge et pose sa tête sur mes genoux en caressant ses cheveux.

— Dors mon bébé, je reste à côté de toi.

Il se laisse aller sous mes caresses et ferme ses petits yeux en serrant sa petite peluche. Je ferme les yeux en mettant ma tête sur l'appuie-tête. Je ne sais pas ce qu'ils me veulent mais j'espère que ce n'est pas une mauvaise nouvelle. L'avion ne va pas tarder à décoller.

— Aria ! Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Oh bordel de merde !

Kellan !

KELLAN !

Lui et seulement lui Où les histoires vivent. Découvrez maintenant