Chapitre 5

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L'on ne fit pas attention à l'accélération du palpitant de Stiles. Les discussions allaient plus ou moins bon train. Derek recouvrait peu à peu son énergie et il était complètement éveillé à dix heures du matin. Il semblait plus en forme et sa tête le lançait beaucoup moins. Le deuxième groupe était reparti se coucher et le premier venait de reprendre du service. À la surprise générale, ce fut Derek qui proposa des cafés à tout le monde. Il sonda les éveillés et alla dans la cuisine, allumant la machine à café. Parfois, son crâne le tiraillait, mais c'était léger. Ces quelques heures de sommeil, bien que peu nombreuses, lui avaient fait un bien fou.

Et pourtant, il ressassait sans arrêt ce qu'il s'était passé cette nuit. Il revoyait Stiles, debout avec ce regard qu'il ne lui connaissait pas, sa main tendue vers le faux infirmier. Derek avait l'impression que les flammes continuaient de danser devant ses yeux, le jaune, l'orange et le bleu alternant dans sa mémoire. De quelle couleur était le feu, déjà ? Il lui semblait bien que c'était un mélange de tout ça, avec tant de nuances qu'il était impossible pour lui de se souvenir précisément. Et puis ça avait été tout aussi bref qu'inattendu. Le loup sentait encore l'adolescent grièvement blessé le hisser sur ses jambes et fuir avec lui avec cette force qu'il n'aurait pas dû avoir en ayant été au bord de la mort quelques heures plus tôt.

Et Derek avait beau retourner la situation dans tous les sens, elle ne faisait justement pas sens. Il y avait définitivement quelque chose que Stiles ne leur avait pas dit. Maintenant, restait à savoir quoi. Derek se figea lorsqu'il sentit les odeurs du groupe éveillé changer. De la surprise mêlée à de la peur. Il tendit l'oreille et entendit Scott souffler « Stiles... ? ». Derek posa tout de suite sa propre tasse de café et revint instantanément dans le grand salon. Il tomba des nues en voyant, comme les autres, Stiles en train de descendre les escaliers, comme si tout était normal.

Sauf qu'en réalité, rien ne l'était.

Il descendait en s'aidant de la rambarde, des cernes énormes barraient ses joues et son odeur empestait la souffrance. Derek ne vit pas la pseudo perche de perfusion qu'avait bricolé Melissa, sans doute Stiles s'était-il une fois de plus arrangé pour retirer son cathéter. Ce qu'il nota en revanche fut la présence de ce regard vu à l'hôpital. Plus que noir, il était abyssal et moucheté d'étoiles blanches aussi petites que nombreuses. L'air concentré qu'il affichait était tout aussi perturbant que cette tenue d'hôpital à petits carreaux qu'il portait, laissant apparaître ses jambes et pieds nus.

Scott était debout et n'osait pas avancer. Pourtant, il voulait se précipiter vers son ami et le bombarder de questions tout en l'obligeant à retourner s'allonger. Parce que le voir hors du lit qu'il se devait d'occuper pour se reposer l'angoissait.

- Stiles, qu'est-ce que tu fais ? S'affola Lydia.

Contrairement aux autres, la jeune femme réagissait clairement. Elle se leva du canapé et se dirigea prestement vers les escaliers alors que Stiles descendait une marche de plus. Il y allait lentement mais le fait qu'il se tienne debout et plus ou moins droit surprenait tout le monde. Ainsi, les jeunes gens prirent conscience que le récit de Derek était finalement bien fondé. Malgré ce qu'on leur avait dit, Stiles marchait sans souci, si l'on exceptait ses mouvements un peu brouillons et saccadés, comme si l'on donnait péniblement vie à une marionnette.

- Lydia, ne me déconcentre pas.

La voix de Stiles était aussi faible que ferme alors qu'il gardait les yeux rivés sur les marches qu'il descendait. S'il avait l'air plutôt « en forme » dans son attitude, la tonalité de sa voix le trahissait. Et c'est sans doute ce paradoxe qui stoppa la banshee dans ses mouvements. Parce qu'il y avait d'autres choses étranges avec l'hyperactif. Encore une fois... Comment pouvait-il se tenir debout ?

La Résurgence du PhénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant