Chapitre 38

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Derek aurait bien aimé être heureux de constater que Stiles était définitivement réveillé, mais il n'en eut pas vraiment le loisir. Son regard et son odeur l'avaient alarmé alors, pour éviter de prendre le moindre risque, il s'en était allé retrouver Moira en s'excusant mille fois de la déranger alors qu'elle était sur le point de se reposer. Fort étonnée puisqu'il ne s'était pas réveillé en sa présence, la M-Psi s'en était allée l'ausculter et était revenue vers Derek en lui disant d'un air presque perplexe que sur les plans physique et neuronal, tout allait bien. Elle lui avait fait passer un rapide scanner mental et tout fonctionnait, chaque partie de son cerveau remplissait son rôle, aucune n'était abîmée.

Et pourtant, songea Derek le cœur serré, tu ne dis rien. Il était de retour dans la chambre, tenant compagnie à un hyperactif qui n'avait pas l'air de le remarquer. Ou plutôt si, il l'avait remarqué : mais il l'ignorait sciemment. Et Derek s'efforça de ne pas laisser ce fait l'atteindre trop en profondeur. Il fit de son mieux, sincèrement. Par « chance », il avait de quoi l'aider.

Ses interrogations.

L'odeur de Stiles restait d'une fadeur insupportable, une fadeur telle que Derek n'entrevoyait qu'un seul semblant d'explication.

Stiles ne ressentait plus rien.

Sauf que... C'était impossible. Moira lui avait précisé, avant de repartir essayer de se reposer, que la partie de son cerveau qui s'occupait des émotions était intacte. Mais voilà : son odeur était fade au possible et son regard était littéralement vide.

Et surtout, il ne parlait pas.

Difficile alors d'avoir la moindre idée de son état psychologique, que Derek devina désastreux.

- Tu as faim ? Finit par lui demander le loup, au bout d'un long moment de silence.

Stiles tourna la tête vers lui, le jaugea un instant du regard, sans rien dire. Pire : ses yeux vinrent à nouveau fixer le vide sans qu'il n'ait prononcé un mot. Dérangé par ce silence qui n'allait pas à l'hyperactif, Derek insista :

- Tu as besoin de quelque chose ?

Nouveau regard, nouvelle ignorance. Et même si tout cela perturbait profondément le loup-garou, celui-ci ne s'avoua pas vaincu outre mesure. Quels que soient les motifs de Stiles pour agir ainsi, Derek savait qu'il se devait de faire des efforts. Les autres aussi, soit dit en passant. L'entièreté de la meute avait sa responsabilité quant à son abandon et même si certains, comme lui, s'étaient bien assez vite rendu compte que son éviction avait été prononcée trop rapidement, ils avaient gardé leurs pensées et opinions pour eux, dans le but de ne pas faire éclater leur clan en morceaux.

Et pourtant, quand il y réfléchissait, ils auraient dû. Bien évidemment, l'état de Stiles ne se résumait pas à la manière dont il avait été abandonné. Il y avait des choses, tant de choses. La mort de Noah, à laquelle il ne comprenait toujours pas grand-chose, était sans doute la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase, d'autant plus que Stiles lui avait porté le coup final. Derek nota mentalement qu'il devrait d'ailleurs interroger Moira à ce sujet : elle, plus que quiconque à part l'hyperactif, pourrait le renseigner. Le monde était vaste et les Psis existaient réellement. Il fallait s'y faire, tout comme il fallait apprendre à connaître cette espèce et vivre avec. Le seul problème à cela, c'était la manière dont ils détruisaient une partie des leurs. Les E-Psis. Et Stiles en était un. Un Empathe. Un Psi dont les émotions étaient la spécialité, un pouvoir dont il ne saisissait pas encore les tenants et les aboutissants.

Derek se permit un léger rapprochement et pour cause, il s'assit au bord du lit. Et tenta de le faire parler, encore et toujours.

En vain.

La Résurgence du PhénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant