Chapitre 19

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Stiles était essoufflé. Rentrer au bunker, s'autoriser une crise de panique suivie d'une crise de larmes puis cautériser ses plaies lui-même et pour finir continuer de contenir ses pouvoirs montants n'était pas une mince affaire. A vrai dire, c'était même épuisant, parce qu'il n'avait personne pour l'aider, personne pour le calmer et il n'allait certainement pas demander à son père de rentrer pour le moment. Chez Deaton, il était en sécurité et mieux valait éviter d'aller et venir hors du bunker comme il l'avait fait en ce jour. Pour cette raison, il ne l'informa même pas de l'incident au loft. Pourquoi l'inquiéter ? Noah avait bien assez de soucis comme cela, ce n'était pas la peine d'alourdir un peu plus ses épaules déjà affaissées par tant d'années passées à se cacher, à s'inquiéter du lendemain.

Stiles pouvait bien assumer seul ses malheurs pour une fois, ça ne pouvait pas lui faire de mal.

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Lorsque Stiles se présenta devant l'immeuble du loft trois jours plus tard, il se demanda pourquoi il continuait de s'acharner alors qu'il y avait toutes les chances pour que le scénario de la fois précédente se répète. Il entra dans l'ascenseur, appuya sur le bon bouton et tira sur les manches de sa veste. Ce n'était pas bon, ce qu'il faisait. Aller et venir, rentrer au bunker, en sortir... Il prenait des risques. Son père, lui, était toujours chez Deaton. Le vétérinaire préférait qu'il reste là, en attendant que les choses se calment. Il avait bien proposé à Stiles de venir chez lui, mais l'hyperactif avait répondu que ce n'était pas la peine, que le bunker lui convenait parfaitement. Or, c'était on ne peut plus faux. Chaque jour qui passait dans cet endroit était plus déprimant que le précédent. En fait, il avait carrément peur. Parfois, les murs lui paraissaient trop fins, d'autres fois, la matière travaillait et faisait du bruit. Et Stiles, seul dans cet abri souterrain, en était parfois terrifié. Il fallait dire que tout ce qu'il avait vécu ces derniers jours ne l'aidait pas vraiment à relativiser. Chaque bruit le faisait sursauter, chaque pseudo courant d'air qu'il provoquait le faisait frissonner et se tendre. Il faisait alors le tour de l'endroit pour vérifier qu'il n'y avait personne, une barre de fer à la main.

Mais Stiles ne se plaignait pas, il ne disait rien, comme il n'avait toujours rien dit de sa presque mort à son père. Ce n'était pas grave de toute façon, ce n'était pas comme si sa vie avait une réelle importance... L'incident avec Scott l'avait réellement ébranlé. On pouvait même dire qu'il avait continué de le briser. Stiles était déjà à terre, mais l'alpha avait piétiné le peu d'amour-propre et de confiance qu'il avait encore, que ce soit envers les autres ou envers lui-même.

Stiles sortit de l'ascenseur et eut bien du mal à dissimuler sa peur. Oui, il était terrifié. Que lui avait-on préparé, cette fois ? Comment allait-on l'accueillir ? Oh, il n'était pas obligé de venir. Il aurait très bien pu ignorer le nouveau message de Lydia lui demandant de l'aide. Parce que si c'était pour se faire humilier une nouvelle fois, ce n'était pas la peine. Pour se faire tuer, encore moins. Mais Stiles était faible et son amour pour la meute était trop grand. Puis, il avait tant perdu qu'un peu plus ou un peu moins... Cela ne ferait pas beaucoup de différence.

Stiles ne toqua pas, il attendit qu'on remarque sa présence. Pendant ce temps-là, il décida de laisser ses pensées divaguer, pour ne pas dire qu'il n'arrivait pas à les retenir. Pourquoi avait-il aussi facilement accepté de revenir en sachant qu'il risquait sa vie ? Aimait-il souffrir ? Non, bien sûr que non, mais... Il les revoyait. C'était bête, mais il les revoyait, simplement. Bien loin de réchauffer son cœur, ça le brisait. Il faisait avec. Il profitait, savait que bientôt, il ne reverrait plus personne. De toute manière, Stiles était bousillé alors il faisait n'importe quoi et prenait les mauvaises décisions, mais c'était comme ça.

La porte s'ouvrit et Stiles baissa aussitôt les yeux dans une attitude de soumission qu'il ne contrôlait même pas. En fait, il s'attendait à être tiré de force à l'intérieur du loft, comme la fois précédente et il préférait essayer d'emmurer son cœur pour supporter cette entrevue qui, il l'espérait tout de même au fond de lui, ne se déroulerait pas de la même manière.

La Résurgence du PhénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant