Chapitre 41

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Le cœur de Derek oscillait entre horreur et fascination. Lui et Moira avaient trouvé les cinq Psis. Leurs yeux à tous les deux ainsi que l'odorat du loup permettaient aisément de comprendre ce qu'il s'était passé. Et c'était terrible. Stiles leur avait à chacun fait fondre un doigt sans ressentir aucune émotion. Il avait fait ça de sang-froid. Mais ça ne lui ressemblait pas. De toute manière, cela faisait plusieurs jours qu'il agissait comme s'il se retrouvait dépourvu du moindre sentiment.

C'est alors qu'il vit les épaules de Moira s'abaisser.

- Il agit sous Dissonance. Je n'en suis pas certaine mais pour moi, ça y ressemble.

Alors qu'ils avançaient cette fois-ci en direction de la colonne de feu qui continuait de s'élever majestueusement dans le ciel, Derek l'interrogea du regard. Il lui semblait déjà avoir entendu ce mot, mais il n'en était pas certain. De toute manière, il savait que quelque chose clochait car, à bien y réfléchir, il avait déjà vu Stiles agir de cette manière si froide, si fade, si... Emotionnellement vide. Oui, voilà, il s'en souvenait : c'était lorsque l'hyperactif avait effectué cette espèce de test sur lui, pour prouver à la meute entière qu'il ne fallait pas prendre la menace que représentaient les Psis à la légère. Si ces derniers jours, il était comme ça également, Derek n'avait pas pris la mesure de ce fait jusqu'à maintenant.

En comparaison, Moira semblait perdre sa froideur de jour en jour... Voire d'heures en heures. En tout cas, elle avait réellement l'air de se préoccuper de lui. De son sort. Et elle savait des choses sur lui alors qu'elle le connaissait à peine.

- Je ne suis pas Psi, déclama Derek en voyant qu'elle ne disait rien de plus. Je ne sais pas ce que c'est, la...

- La Dissonance, l'aida la M.

Elle jeta un coup d'œil clairement inquiet à la colonne de feu avant de tourner la tête vers lui et le regarda d'un air sérieux.

- Il faut qu'on accélère.

Derek hocha la tête mais fit attention à un détail qui avait son importance.

- Tu es pieds nus, si on va plus vite, tu vas te faire mal.

Quoiqu'il était en train de se dire que c'était déjà fait – il commençait à capter dans son odeur et dans l'air ambiant une fragrance qu'il connaissait bien. Moira haussa les épaules et reprit sa marche, mais Derek lui proposa quelque chose. Une dizaine de secondes plus tard, la jeune femme avait fendu sa jupe sur le côté pour pouvoir passer ses jambes autour de la taille du loup sans que son vêtement ne pose problème. Un bras autour de ses épaules, elle tenait les vêtements destinés à Stiles de l'autre tandis que Derek accélérait sensiblement le pas.

- La Dissonance, finit par lâcher Moira, c'est une cage. Une cage spécifique aux émotions.

Derek l'encouragea à continuer alors qu'à son tour, il jetait un coup d'œil à la colonne de feu. Elle semblait devenir graduellement moins large, un peu plus faible. Sans doute sa vue était-elle fatiguée – la lumière que dégageaient les flammes était vive, très vive. D'une vivacité mortelle.

- Généralement, on utilise ça pour les Psis un peu résistants à Silence. Des Psis qui se font au conditionnement, mais qui ont encore un peu de mal à réfréner certaines émotions. C'est une cage que tu tisses ou que l'on tisse pour toi – si on accède à ton esprit –, dans laquelle on enferme tes émotions. Se met alors en place tout un système. Si tu t'autorises à ressentir quelque chose qui dépasse la tolérance laissée à ta Dissonance, tu en paies le prix. Pour dire les choses plus simplement, tu reçois une décharge électrique.

Derek se crispa. Les décharges électriques, il connaissait. Sauf que le but de la Dissonance n'était pas le même que ce que la raison pour laquelle des chasseurs l'avaient torturé, lui. Alors qu'il pensait à cela, le mot raisonna en lui.

La Résurgence du PhénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant