Chapitre 16

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Stiles se leva, la tête lourde, sans se poser de questions. Il avait dormi dans ce lit de camp, son lit pour quelques jours encore, dans ce bunker qui leur servait de cachette, à son père et lui. Jusqu'ici, il ne releva rien d'anormal. A peine debout, il chancela légèrement. Encore un peu dans les vapes, il eut la judicieuse idée de prendre appui sur le mur le plus proche. Sa bouche était sèche, il avait soif. C'était d'ailleurs cette sensation âpre qui l'avait réveillé. Il avait urgemment besoin d'eau. Ensuite, il irait sans doute se recoucher. De toute manière, il n'avait rien d'autre à faire. Oh, sans doute faudrait-il qu'il mange aussi, mais l'envie n'y était pas. Non, il se contenterait d'ingurgiter un verre d'eau, cela suffirait. Plus vite il dormirait à nouveau, mieux il se sentirait. Chaque fois qu'il se réveillait, il y avait ce vide en lui qu'il ressentait avec une telle force qu'il manquait chaque fois de vaciller à peine debout. Se forçant à ne pas orienter ses pensées vers ce qui lui faisait le plus mal, Stiles avança et sortit de sa chambre.

Arrivé dans la cuisine, il vit une silhouette assise sur l'une des chaises et bien qu'elle soit fort différente de celle de son père, Stiles n'y fit pas attention, encore un peu trop dans les vapes. Une purge pouvait s'avérer si épuisante que le premier réveil qui en découlait était toujours un peu difficile à assumer. Il lui fallait un certain temps d'adaptation avant d'être d'attaque et de... Se forcer à vivre en attendant que la mort le fauche. Continuer de mener son existence tout en sachant qu'il n'avait plus beaucoup de temps devant lui était une chose bien étrange. Il avait tant de choses à faire, tant de choses à vivre... Mais sa triste condition lui rendait la tâche bien plus difficile et perdre l'intégralité de ses amis lui avait enlevé toute sa motivation. S'il ne se laissait pas pourrir ou s'il ne raccourcissait pas son existence déjà bien courte, c'était pour son père. Parce qu'il était encore là, lui, et Stiles ne se voyait pas lui faire ça, pas alors qu'il avait déjà perdu sa femme à cause de sa propre espèce... Noah se devait d'être préservé. Pour Stiles... Qu'il se remette ou non de cette souffrance, c'était du pareil au même.

Stiles prit un verre et se servit de l'eau d'un air absent, sans remarquer le regard effaré posé sur sa personne.

- Stiles ?

La voix de Derek, que l'hyperactif ne s'attendait pas du tout à entendre, le fit sursauter à tel point que ses doigts lâchèrent le verre sous sa stupeur. Verre qui se brisa en mille morceaux en s'écrasant sur le sol froid qui rafraichissait déjà ses pieds nus, répandant l'eau glacée en une petite flaque morcelée. Ses yeux faussement ambrés étaient écarquillés et son expression figée dans un mélange d'horreur et de stupeur qui ne laissait aucun doute quant à la sincérité de ses émotions. Elles étaient brutes et pas filtrées pour un sou. Stiles ne les retenait pas : sa surprise, perceptible également dans son odeur, l'empêchait de se museler comme il l'avait sans doute fait au loft, quelques temps plus tôt. Derek s'était effectivement fait la réflexion que pour quelqu'un qui se faisait brutalement virer de sa meute, Stiles était resté étrangement calme et impassible alors que son odeur l'avait longuement trahi. S'il n'avait pas été angoissé par son propre handicap – désormais caduc –, Derek aurait sans doute cherché à lui parler plus tôt. Mais là... Là, Stiles était honnête, sincère dans son ressenti, qu'il exposait sans le vouloir.

Sous le choc et l'angoisse commençant à le gagner, Stiles chancela et fit deux pas maladroits en arrière. Derek était là. Ici, dans ce bunker. Et le pire, c'était que sa voix lui avait rappelé d'un seul coup tout ce qui s'était passé avant sa perte de conscience. Il... Oh merde. Même ici, il était toujours sur le territoire de cette meute qui n'était plus la sienne, il... Il reporta son regard horrifié sur le verre en mille morceaux sur le sol, ce qui lui permit de couper leur contact visuel. Il ne pouvait pas supporter ce qu'il pourrait trouver dans le regard de Derek. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il devait gagner un peu de temps, quelques minutes, juste assez pour avoir le droit de rassembler quelques affaires et partir d'ici...

La Résurgence du PhénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant