Partie 01

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Jemima appliqua un coup de brillant à lèvres et contempla une fois de plus son reflet dans le miroir. Pas mal, se murmura-t-elle. Pantalon ajusté et haut vert ciel lui allaient à merveille. Elle prit son sac à la hâte et sortit de la chambre. C'est sans grand effort qu'elle arriva au portail. Jemima trouvait très avantageux leur deux chambres salon. Grâce à cette maison, elle pouvait se déplacer si facilement.

Elle prit un taxi qui l'amena quelques minutes plus tard devant le domicile de son oncle. Jemima souffla un grand coup avant de s'appliquer à ouvrir la porte. Lorsqu'elle entra finalement dans le salon, elle aperçut son oncle en train de prendre son petit-déjeuner.

-- Oh mon enfant, s'exclama subitement Moussa à la vue de sa nièce.

Jemima lui sourit chaleureusement en s'approchant de lui.

-- Bonjour Papa, salua-t-elle doucement.

-- Viens ici, viens m'embrasser princesse.

Moussa poussa légèrement son déjeuner devant lui, évitant ainsi tout risque de brûlure. Le parfum de Jemima ne tarda pas à l'enivrer. Ça faisait du bien de revoir sa fille après plusieurs jours.

-- Où est Léo ? demanda-t-il en regardant vers la porte.

Jemima s'assit. Elle posa son sac sur la table avant de marmonner.

-- Il est encore en mission.

Moussa fit une moue mélancolique.

-- Tu sembles contrariée, n'est-ce pas ?

Jemima soupira.

-- Je ne sais pas quoi penser, papa. Je n'aime vraiment pas le fait qu'il aille régulièrement faire des comptes avec son patron, vivant à Bamako. C'est une question d'argent et j'ai bien peur qu'il lui arrive quelque chose de grave.

-- Arrête de penser négativement. Léo est un homme très posé d'esprit. Il saura gérer les choses.

-- J'ai peur. Cela fait à peine six mois qu'il travaille dans cette agence et déjà... tous ces déplacements.

-- Parle-lui de tes craintes alors.

Un silence accompagna le hochement de tête de Jemima.

-- Je t'invite à partager ce petit-déjeuner avec moi. Oh, souris un peu ma jolie, dit oncle Moussa en tirant la joue de sa fille.

-- Aïe papa !

-- Je veux te voir souriante. Allez, ne pense pas pouvoir t'échapper. Va te laver les mains, oust.

Jemima se leva en courant pour éviter que son oncle ne tire sa joue à nouveau. Elle alla se chercher de l'eau en cuisine. De retour, elle s'arrêta au milieu du salon, observant de loin les gestes de son père. Il voulait la voir sourire mais Jemima avait le cœur peiné pour s'efforcer de rire. Son oncle était pour elle une grande fierté, c'est pourquoi elle se disait intérieurement qu'il méritait une vie plus aisée. Il avait tellement fait pour elle.

Étant une erreur de jeunesse, sa mère l'avait abandonnée sans remords dans les bras d'Oncle Moussa, le seul membre de la famille ayant accepté d'accueillir le bébé, quitte à se faire renier. Et ainsi fut fait. Devant presque tout le village, Oncle Moussa fut banni de la famille et aussi du village car il avait pris sur sa poitrine un enfant maudit, destiné à la mort. Car il avait voulu sauver la progéniture de sa sœur. Devenu veuf plusieurs années plus tard, il continua d'élever la fillette avec tout l'amour et l'attention du monde. Jamais Jemima n'oublierait les sacrifices qu'avait dû faire son oncle pour subvenir à ses besoins, les conseils qu'il lui donnait avec tant de douceur autrefois pour son bien-être.

Si seulementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant