L'HÉRITAGE DES TEMPÊTES Tome 1 La Guérisseuse, L'Érudite Et La Princesse

Page Chapitre 2

Le temps passait d'une manière étrange au palais vert. Les jours se suivaient et se ressemblaient dans un calme apaisant. Très souvent, elle passait ses après-midis en compagnie de Jimmy et d'autres enfants de serviteurs du palais. Certains d'entre eux participaient aux leçons de maître Uther, mais Jimmy, comme une bonne partie des autres, recevait son éducation de ses parents. Elle préférait leur compagnie aux enfants de magiciens qui semblaient de toute façon préférer graviter autour de la princesse Grace. Leur petit groupe chahutait donc partout dans les coins et recoins de l'immense palais vert, jouant dans les passages secrets et les raccourcis, explorant inlassablement les lieux. Ils découvrirent ainsi de nombreuses salles parfois secrètes, parfois abandonnées, parfois terrifiantes, souvent magnifiques. Au bout d'un moment, elle s'était étonnée de n'avoir jamais visité les grands jardins qu'on apercevait depuis les fenêtres qui donnaient sur le parc du palais. Elle avait finir par en parler à Jimmy un midi alors qu'elle déjeunait en sa compagnie dans la cuisine.

« Non, pas les jardins. Avait-il répondu en faisant la grimace.

- Pourquoi pas ? Je ne les ai jamais vus ! Protesta Page.

- C'est à cause des fées. Expliqua le marmiton.

- Il y a des fées au palais ? S'écria Page.

- Forcément qu'il y en a. Répondit Jimmy, l'air ennuyé. Mon père m'a dit que sans les fées, rien ne pousse. Comme dans les plateaux ardents. Si il n'y avait pas de fées, on n'aurait rien à manger, il a dit.

- Alors, allons les voir ! Dit Page en se relevant.

- Elles ne sont pas... Elles ne sont pas vraiment gentilles. Répondit le garçon en baissant les yeux.

- Attends un instant. Tu as peur ? Demanda la petite fille.

- Ce n'est pas ça. Tu ne comprends pas. Elles font des farces, j'y suis allé une fois et ça m'a suffi pour comprendre. Dis Jimmy en rougissant.

- Je veux y aller. Je crois même que je vais y aller maintenant. Décida Page en se levant.

- Tu y vas toute seule ? Tu ne sais même pas où est l'entrée. S'exclama le garçon en se levant à sa suite.

- Je trouverais bien. » Dis Page qui se dirigeait vers l'entrée sans se retourner.

Elle s'engouffra dans le dédale du palais au pas de charge et se perdit avec panache. Elle erra un moment en hasard, se disant que tant qu'elle allait vers le bas elle finirait bien par y arriver, mais elle se retrouva devant la grande porte qui menait à la ville basse, puis dans une pièce étrange. Un boudoir agréable, dont les fenêtres donnaient sur un jardin fait d'une herbe grasse et de quelques arbres soigneusement entretenus. En dehors de la porte par laquelle on entrait, l'endroit ne possédait qu'une autre porte et les fenêtres ne s'ouvraient pas. Si on empruntait l'autre porte, on se retrouvait dans la même pièce, les mêmes fauteuils rembourrés, les mêmes murs recouverts de dorures, les mêmes meubles richement ouvragés. Pour repartir, il suffisait de repasser par la porte par laquelle on était entré. Quand Jimmy l'avait amenée ici, Cardonne, la fille d'une lavandière qui faisait partie du groupe les accompagnant lui avait raconté que si on avançait encore et encore à traverser l'autre porte, le paysage changeait et que si on arrivait dans la salle où il faisait nuit, on ne pouvait plus revenir. Page lui avait demandé comment elle le savait, si on ne pouvait plus revenir et Cardonne lui avait tiré la langue. Revenant sur ses pas, elle tomba sur Jimmy, Cardonne, Lorane, Zirin et Achtat.

« Elle compte vraiment y aller ? Demanda Zirin à Jimmy alors qu'ils lui barraient le chemin.

- C'est ce qu'elle m'a dit en tout cas. Lui répondit le marmiton. Zirin était un garçon à la peau couleur olive, il dépassait tous les autres enfants en taille et en âge et était considéré par tous comme le plus sage d'entre eux. Page l'interpella.