Sthéo 6

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La violence du choc avec Malia me fit basculer en arrière. Elle ne se prit même pas la peine de me retenir un minimum pour empêcher ma tête de claquer contre le sol froid de la prison. Je laissais échapper un couinement de douleur, qui fut bientôt recouvert par un grondement déchirant comme le tonnerre. La vision légèrement brouillée par le choc, mon esprit eut du mal à saisir l'enchainement trop rapidement et imprévisible de la suite des évènements. Le corps de Malia se mua en un coyote à la bave dégoulinant de ses babines retroussées sur des crocs acérés. Ses yeux bleus glacials me transperçaient, et j'aurai pu me retrouver pétrifié par leur intensité si elle ne s'était pas reculé d'un seul coup. Enfin... elle ne s'était pas vraiment reculée de son plein grès...

Un nouveau grognement empli l'air et un immense loup noir jaillit derrière la coyote, l'attrapa par la nuque et la balança contre les barreaux. Ma poitrine enfin libérée du poids de Malia, je pris une grande inspiration qui me brûla la gorge et me fit crachoter. Je me redressa péniblement sur mes avants bras et observa avec un mélange de peur et de joie le combat des deux canidés. Théo n'était plus dans la prison. Il n'y avait plus qu'une paire de menottes brisées gisant sur le sol. Il s'était libéré... pour m'aider.

Liam et Lydia avaient reculé d'un pas, observant tantôt le combat, tantôt Scott, comme s'ils attendaient des ordres de sa part pour agir. Cependant, l'alpha ne regardait même pas le combat qui se déroulait devant eux. Il me fixait moi. Son regard était si transperçant, si insistant, que je me sentis immédiatement mal à l'aise. J'avais soudain l'impression d'être nu, dévisagé, jugé, et il y avait de quoi. Inutile de débattre sur la véracité des propos de Théo. Il avait dit la vérité. Son rythme cardiaque avait dû être aussi stable que le permettait sa colère, et le mien lui, s'était emballé dès que je l'avais entendu prononcer ces mots...Il m'a embrassé avec plus de passion qu'il n'en a jamais eus pour toi Malia...

La pièce résonnait de la lutte entre le loup et la coyote, un mélange de couinements de douleur et de jappements menaçant qui me mettaient sur les nerfs. Pourquoi personne n'intervenait pour les séparer ?! Un couinement suraiguë leur fit tous tourner la tête. Théo avait réussit à attraper Malia à la gorge. Il tourna la tête sur le côté et pour ne pas se faire briser la nuque, la coyote détendit son corps et fut forcer de basculer sur le dos, offrant son ventre vulnérable aux griffes de Théo qui se mit à lacérer et arracher son poil gris ivoire.

- Théo, stop ! Tu vas la tuer ! Hurlais-je, à bout de nerf.

Difficile de dire si c'est la colère, la peur ou un ras-le-bol général qui me donna le courage de me jeter sur l'immense loup ébène et de le plaquer au sol. Je me tends immédiatement, la tête dissimulée sous mes bras, prêt à encaisser un coup de crocs qui pourtant ne vient pas. Les hurlements des bête se turent, et le silence entrecoupé de la respiration sèche et hachée des deux combattants emplie la pièce. Avec précaution, je retirais doucement mes bras pour analyser la scène. Théo, toujours sous sa forme lupine, était couché sur le flanc, sous ma poitrine. Il restait parfaitement immobile, son buste se soulevant a un rythme saccadé. La bête releva la tête vers moi, et ses yeux jaunes étincelant restèrent planté dans les miens. Il ne fit pas mine de dévoiler ses crocs, de gronder ou de me menacer. Il était d'un calme stupéfiant, et un peu déplacé au vu de la situation.

Je me relève en titubant, et ce n'est qu'une fois libéré de mon poids que le loup se redressa à son tour. En une fraction de seconde, Théo retrouva sa forme humaine et me dévisagea de ses grands yeux bleus. J'aurai peut-être dû détourner la tête. Ne pas fixer aussi longtemps son corps dévêtu, entièrement nu devant moi; sa peau bronzée, impeccable, sans la moindre cicatrice malgré ce que ses nombreux combats pourraient laisser croire. Je déglutis, la bouche sèche, incapable de décrocher mon regard du sien. Je me fais violence pour attraper le bas de mon sweat et le passer au-dessus de ma tête, me retrouvant simplement en tee-shirt. Je m'approche d'un pas crispé de la chimère et lui tend mon pull d'une main hésitante. D'abord perplexe, il l'attrapa avec délicatesse et me remercia d'un petit signe de tête. Il était si calme, si détendu, que s'en était contagieux. Toutes mes émotions qui se bousculaient depuis le début de cette réunion avaient disparues. Ne restait plus qu'un calme plat. Un détachement... inapproprié.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 22, 2022 ⏰

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