Sthéo 1

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Point de vue de Théo Raeken


J'entends des cris. J'entends ses cris. Ils viennent du toit. Je sais qu'il a un problème. Je cours aussi vite que je peux dans ces escaliers en colimaçon qui me donne le tournis. Pas le temps de vaciller Théo, tu dois le sauver. J'enjambe les marches, je grimpe, je pose mes mains sur les rembarres de protection et je pousse sur mes bras musclés pour m'élancer toujours plus haut, toujours plus vite.

Enfin, je la vois. La porte d'entrée qui mène sur le toit. Pas le temps de l'ouvrir, je suis une chimère, je n'ai pas besoin de la poignet pour ouvrir une porte. Je rentre dedans avec l'épaule en avant mais heureusement, la porte n'était pas fermée à clé et cède de suite lorsqu'elle entre en contact avec mon bras. La porte provoque un bruit sourd lorsqu'elle claque contre le mur et je m'avance d'un pas pour ne pas me prendre le retour dans la tête. Enfin, disons que c'est plutôt mon corps qui réagit car mon esprit est ailleurs. Mon esprit est sur eux.

Juste devant moi, Stiles est couché sur le sol, se protégeant le visage avec ses bras des griffes d'un loup-garou dont je ne connais même pas le nom, et honnêtement, je n'en ai rien à foutre. La seule chose qui m'importe, c'est les hurlements que pousse Stiles à chaque fois que les griffes de cet enfoiré lui entaillent les bras.

En une demi-seconde, je ne ressemble plus au jeune homme de dix-huit ans que tout le monde haït mais à un loup-garou, les crocs saillants et le regard fou. Je me jette sur son agresseur et l'envoie valser contre un mur. Il s'écroule par terre et n'a même pas le temps de se relever que je lui attrape la gorge, le soulevant au dessus du sol avec un seul bras. Ses mains s'y accrochent et son regard se fait suppliant.

- « Pi..tié... »

Pitié ? Mais où était-elle sa pitié à lui quand Stiles lui hurler de l'épargner ?! Mes yeux se mettent à briller, prenant la teinte dorée caractéristique des loups-garous et je lui dévoile mes crocs dans un grognement qui laisse peu d'espoir à une potentielle pitié. Sans crier garde, je sors d'un coup mes griffes qui viennent se loger dans la peau tendre de son cou. Ses yeux s'écarquillent de stupeur puis la lueur de son regard s'éteint, s'envolant dans les airs avec son dernier soupir. Je laisse son corps retomber sur le sol et prend une grande inspiration pour me retransformer et surtout, pour me détendre maintenant que le danger est passé.

Quand je me retourne, je suis à nouveau humain. Mes yeux se posent sur Stiles qui se relève, fixant le corps sans vie à mes pieds. Je reste là, debout à le regarder sans rien faire. Je ne sais pas ce que j'attends. Des remerciements. Une accolade. N'importe quoi qui pourrait nous rapprocher et me rassurer.

- « Ça va ? »

Au lieu de me répondre, il se jette sur moi et m'attrape par le col avant de me plaquer violemment contre le grillage qui protège les câbles électriques du bâtiment. Finalement, peut-être n'aurais-je pas du vouloir souhaiter n'importe quoi tant que ça nous rapproche. Il a beau avoir les bras et l'abdomen entaillés et ensanglantés, il semble avoir suffisant de force et de rage pour tenter de m'en coller une. Je peux voir la colère briller dans son regard je suis trop abasourdi pour réagir et me dégager immédiatement.

- « Je n'avais pas besoin de toi ! » S'écrit-il en approchant son visage du mien, les joues rouges de colère... ou de honte ?

Je lui attrape les épaules et inverse les rôles, le plaquant fermement contre le grillage. Il a beau avoir encore beaucoup de force, il n'est pas un loup-garou, et rien ne me résiste. Un gémissement lui échappe et mon cerveau se déconnecte. Pendant une fraction de seconde, j'ai envie qu'il recommence. Je déglutis et tenter de chasser cette pensée de mon esprit, mais nos deux corps collés l'un contre l'autre et le savoir sous mon emprise, collé impuissant au grillage me donne matière à fantasmer.

- « Tu auras toujours besoin de moi Stiles ! » Répliquais-je avant de me taire, ma poitrine se soulevant rapidement.

Pourquoi j'ai dis ça ? Ça m'apprendra à avoir des pensées irrationnelles avant de parler. Ses poings qui étaient jusque là posés sur mon torse retombent mollement contre lui. Je le vois qui me scrute. Ses sourcils se froncent et mon regard glisse sur ses lèvres qu'il entrouvre légèrement, comme pour protester. Ma phrase le rend perplexe, je le sais. Je l'observe tellement souvent que je connais toutes ses mimiques par cœur. Je tente de garder un visage impassible mais rien n'y fait, mon regard est fuyant et mes joues rosissent de honte.

- « Tu... » Il penche légèrement la tête sur le côté comme s'il cherchait à savoir s'il avait bien entendu. « Enfin je... »

Mon cœur bat à toute allure. Je sens l'adrénaline monter en moi, encore une fois, mais pas pour les mêmes raisons. Je le sais, c'est maintenant. Ce moment que j'attendais depuis si longtemps, le moment propice pour tout dévoiler. Je ne lui laisse pas le temps de continuer sa phrase et le plaque un peu plus fort contre le grillage, lui coupant toute retraite. La seconde d'après, ma bouche vient s'écraser sur la sienne dans un baiser désespéré, hâtif et impatient, comme si on s'apprêtait à me voler dans la seconde qui suit.

Dans un premier temps, Stiles reste parfaitement immobile et j'ai l'impression de sombrer dans un trou sans fond de désespoir, mais après quelques instants, je sens ses lèvres se mouvoir contre les miennes et ses mains viennent se caler derrière ma nuque, me tirant vers lui pour nous rapprocher encore plus. Nos lèvres dansent ensemble et je voudrais que ce moment dure indéfiniment. Pourtant, il finit par rompre le baiser et plonge son regard dans le mien.

Un sourire apparaît sur mes lèvres mais il ne me le rend pas. Sa main se pose sur mon torse et m'éloigne doucement de lui. Je le regarde avec incompréhension, sentant mon cœur se déchiré en deux un peu plus à chaque centimètres qu'il instaure entre nous.

- « Je crois qu'on devrait parler de ça à personne, » souffle Stiles en se passant une main sur ses lèvres comme pour chasser le goût de notre baiser. « Et... et ne plus jamais recommencer. »

Sur ces mots, il me contourne sans même me frôler et quitte le toit du bâtiment en claquant la porte derrière lui. Je reste là à fixer les lumières de la ville, les poings serrés et la mâchoire contractée. Il ne veut pas de moi car je suis un monstre... mais comment s'en étonner si on me rejette sans arrêt aussi douloureusement qu'il vient de le faire ?

Thiam & Sthéo OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant