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Bien que j'essaye de le cacher, je n'ai aucune idée de ce que je dois faire pour déjouer les plans de ma mère

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Bien que j'essaye de le cacher, je n'ai aucune idée de ce que je dois faire pour déjouer les plans de ma mère. Elle est de nature têtue donc je ne réussirais jamais à la raisonner. Sa spécialité n'est pas très utile au combat mais sa force physique est remarquable, un face à face n'est donc pas raisonnable non plus. Que faire ? Et puis, il y a cette histoire de coéquipier. On ne m'a jamais appris le travail d'équipe et je n'ai jamais désiré qu'il en soit autrement. Je ne sais même pas quand est-ce que je vais rencontrer Ameer. On a dû me le présenter lorsque j'étais plus jeune, sûrement lors d'un bal d'antan ou lors d'une réunion importante mais nous n'avons jamais eu l'occasion de se parler et puis je ne suis pas souvent présente dans ce genre d'événement.

Je préfère ne pas prendre de risque en me retrouvant devant un fou qui a pour seul but : mettre fin à mes jours. Alors, je me retrouve dans l'ombre des ruelles, au beau milieu d'un marché humain, en étant invisible aux yeux de tous. Je n'ai aucune idée de la raison de sa visite dans ces bas quartiers mais je doute que ce soit pour faire ses courses. À cause de lui, j'ai dû descendre la colline sacrée qui nous sépare des mortels tout en me concentrant pour ne pas me faire repérer. Évidemment, il n'a même pas eu la remarquable idée de prendre les escaliers conçus spécialement pour cette occasion.

Cela fait maintenant vingt minutes qu'Ameer erre entre les fruits et les légumes sans y montrer d'intérêt. Le point positif est que parmi tous ces yeux et habits marrons, le vert attire vite l'attention dans la foule, malgré ses banals cheveux bruns. Cela veut dire qu'il n'est pas là en mission secrète car il est repéré depuis longtemps par tous les habitants... mais alors que fait-il bon sang ?!

Après un bon moment d'ennui mortel, il décide enfin de rebrousser chemin et de remonter vers son palais par les escaliers. Quelle merveilleuse idée et c'est bien la seule qu'il ait eu d'ailleurs. Mère serait dévastée si elle apprenait la manière dont je me plains pour si peu mais il faut me comprendre, c'est comme si... je ne sais pas... que mon cœur ralentissait et me fatiguait un peu plus à chaque pas.

Oh non... il se joue de moi. Depuis le début il m'avait repéré, n'est-ce pas ? Je n'arrive même plus à garder mon invisibilité, je suffoque.

A genoux, je le vois me regarder comme si je n'étais qu'un gibier qu'il venait de capturer. Va t-il vraiment me tuer, ici, en plein milieu de ces escaliers ?

- Es-tu au moins au courant de ton erreur Monroe ? me demande Ameer d'un ton supérieur.

Bien sûr que non sinon je ne l'aurais pas commise.

- Elle est très simple, il reprend. C'est ta confiance en toi presque aveugle. Tu as utilisé ton don sans prêter attention à celui de ton adversaire. Tu n'as même pas pensé à rechercher des informations sur ma spécialité car sinon tu aurais su que c'était les cœurs.

C'est vrai, cette histoire me dit quelque chose. J'aurais dû y penser plus tôt.

- Comme tous les Émeraude, le temps n'a pas de limite pour moi. Je peux le ralentir...

Pour faire une démonstration, il arrête un oiseau en plein vol.

- Tout comme l'accélérer, continue-t-il.

La bête reprend sa course de plus belle jusqu'à ce que je la perde de vue.

- Et bien c'est pareil pour ton cœur et c'est encore plus simple pour moi. Je peux en faire ce que je veux, je le sens en toi quand bien même il est invisible. Tu n'échapperas pas à mon contrôle.

- Allez-y alors, finissez-moi si vous en avez le courage. Je suis l'unique héritière de ma lignée, ma vie a trop d'importance.

- Je vois que j'ai encore plein de choses à t'apprendre. Je ne te veux aucun mal, tu devrais le savoir, c'est important de reconnaître ses véritables ennemis.

- Ah oui ? Alors si vous êtes si intelligent, dites moi qui ils sont, je peste, non sans difficulté.

- Ce n'est pas à moi de te le dire chère camarade.

Il s'approche de mon oreille.

- J'espère pour nous deux que tu le sauras bientôt.

Sur ces mots, il se relève, entreprend une révérence des plus gracieuses puis repart vers son ascension. Je sens mon cœur reprendre son allure habituelle, je peux encore me battre.

Une fois sur pieds seulement, je me rends compte que mon cœur ne s'est pas encore tout à fait stabilisé, il recommence à s'agiter.

- Merde, je marmonne.

Ma vue devient floue, mes pieds s'écroulent une nouvelle fois sous le poids de mon corps et lui, me regarde avec ce sourire narquois qui ne l'a jamais quitté

- Fais de beaux rêves Monroe.

SaphirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant