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  Le bal

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Le bal. Petite, c'était mon rêve d'y assister et d'y danser avant de prouver que j'étais la meilleure. Mes priorités ont changé depuis.

Autour de moi, se dessine un tourbillon de couleurs. Ils sont tous unis et pourtant tous séparés en groupes distincts.

La paix avant la tempête. Demain, le gagnant sera définitivement le meilleur de la prochaine génération et son vote comptera double lors des grands conseils. L'ancien gagnant était le père d'Almera, ma mère l'a toujours détesté comme la plupart des chefs de famille.

Je me bats à la place d'Elisy donc si je fais une erreur qui me coûte la victoire, la honte sera sur moi. Pourquoi je pense à ça maintenant ? C'est un bal, je dois m'amuser. Pourtant, assise sur ma chaise, j'aperçois tous les regards de travers, les messes basses et les ricanements énervants.

- Est-ce elle l'héritière déchue ? demande une demoiselle Rubis à son ami.

- Oui, lui répond l'autre, de toute façon je m'y attendais. Tu ne te rappelles pas du meurtre de sa tante ? Certaines rumeurs disent que c'est elle la responsable.

J'essaie de garder face, je jure que j'essaie mais mes mains tordent automatiquement le papier que j'ai entre les mains et mes yeux n'arrivent pas à détourner le regard de la foule jusqu'à croiser le regard d'Ameer. Il me fait signe, le jardin.

Je me déplace avec autant de dignité que je peux et le dépasse pour m'enfoncer toujours plus loin dans un des labyrinthes Emeuraude. Ameer me rattrape et m'agrippe dans ses bras.

- Tout va bien Ro, il intervient posant sa main sur mon cœur, je suis là.

- Je...

- Respire, doucement... c'est bien.

Il s'écarte légèrement pour poser son front sur le mien, je reprends mon souffle lentement, je dois rester forte coûte que coûte.

- C'est bon, j'affirme, je vais mieux.

- Non Ro, ne te mens pas à toi même, tu as le droit d'aller mal de temps en temps.

- Tu les as entendus ?

- Tu veux en parler ?

- Non, je soupire, c'est encore trop tôt.

- Alors, je n'ai rien entendu.

J'aurais aimé rester comme cela toute ma vie mais les commères s'apercevront vite de l'absence de deux héritiers. Alors, je le lâche malgré moi.

Heureusement, j'arrive à me faire discrète en entrant dans la salle mais pas suffisamment pour me faire oublier de ma mère.

- Lâchez-moi, vous me faites mal ! je peste.

- Oh non ma chère, on a grand besoin d'une discussion.

La pièce où elle m'amène est une sorte de débarras rempli de cartons et de poussière.

- Tu veux aggraver ton cas ? elle vocifère. Tu as failli être condamnée et tu continues à te montrer en spectacle. Ma propre fille n'est même plus assez digne pour être mon héritière et elle continue à se pavaner avec un Emeuraude.

- Je n'en ai que faire de ce que tu penses.

Elle s'apprête à me mettre une claque mais je retiens sa main avant le choc.

- J'ai tout fait, je continue. Tout, pour l'honneur de ma famille et pour te rendre enfin fière. Tu as fait de moi un monstre et j'ai quand même continué à te servir.

- Ce n'est pourtant pas assez.

Je laisse échapper un ricanement, elle n'est pas sérieuse j'espère ?

- Au revoir mère.

- J'attends toujours de toi de gagner demain même si tu n'es pas favorite.

Évidemment, ça aurait été surprenant si ce n'était pas le cas. Je m'enfonce dans le manoir à la recherche de quelque chose qui ne doit pas être loin. J'entends des gazouillis reconnaissables entre tous, elle est là ma sauveuse.

- Bonjour toi, je m'exclame le sourire revenu.

Elle m'observe en silence dans son petit berceau avec ses yeux verts déjà perçants. Je m'assois à côté d'elle et l'observe à mon tour.

- J'ai passé une très longue journée et je suis épuisée. Heureusement que ton frère était là sinon je crois que je n'aurais pas tenu du tout.
Hum... tu es une confidente bien silencieuse.

Elle esquisse un rire et m'attrape une mèche de cheveux. Ce n'est pas possible d'être aussi mignonne.

- J'entends des pas dans les couloirs, je l'informe avant d'embrasser son front, je reste ici ne t'inquiète pas.

Une fois invisible, je me range dans un coin afin d'éviter d'être bousculée et j'attends que la personne passe, mais elle rentre dans la pièce.   Je ne peux pas lui en vouloir, c'est la mère de cet enfant.

- Dalyna, mon ange, elle s'esclaffe. Tu devrais être couchée à l'heure qu'il est.

Elle l'attrape dans ses bras et pose sa tête sur son épaule avant de sortir de la chambre. J'ai peut-être mal vu mais pourtant j'ai eu l'impression, que Dalyna m'a regardée, dans les yeux.

SaphirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant