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  Je me suis changée pour ne pas paraître en habits de deuil devant ma mère

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Je me suis changée pour ne pas paraître en habits de deuil devant ma mère. Au contraire, j'ai choisi une robe élaborée faite sur mesure par un grand créateur Saphir. Je ne suis plus une enfant à présent et je veux que ma mère s'en aperçoive. J'ai tout de même mis cette robe car elle me rappelle les étoiles, la nouvelle demeure de Robert et de sa chère fille. Il s'est sacrifié pour notre cause, je ne l'oublierai jamais.

Je sens une main qui m'agrippe l'épaule m'indiquant de m'arrêter. Ameer. Je l'ai rendu invisible ce qui était, je trouve, intelligent mais ma concentration est focalisée sur lui. Je n'ai même pas entendu la voix de ma cousine dans la pièce à ma droite. Elle est dans le petit salon, ce qui veut dire qu'elle n'a pas rejoint ma mère qui, elle, est normalement dans la salle du trône, mais ce qui me trouble est plus la personne qui est avec Elisy.

Par la petite ouverture de la porte, j'aperçois une carrure d'homme qui, on peut dire, dégage une forte allure. De ce que je vois, il a la peau légèrement plus mat que celle d'Ameer et semble plus vieux également, il doit avoir la trentaine. Il est de dos donc je ne vois pas son visage mais le tatouage de dragon sur son bras me suffit pour le reconnaître.

Comment se fait-il que la première fois que j'entends parler de lui, je le croise dans les heures qui suivent ? Peut-être que si je m'étais plus intéressée à la politique des autres familles, il m'aurait été plus familier. Malheureusement pour moi, j'ai toujours laissé à Elisy la partie diplomatique et sociale.

Un autre détail me frappe, l'arme à longue portée qu'il tient à son bras. Je me retiens de me jeter sur lui, ce n'est pas très sage mais pourtant il le mérite.

Le « dragon » parle trop bas pour que je puisse entendre quoi que ce soit mais heureusement ma cousine n'a jamais été du genre discrète.

- Je pars dès maintenant et je ne reviendrai pas avant le tournoi. D'ici là, j'espère que notre petite conversation aura été comprise... Oui je sais, moi aussi je vais tenir mes engagements, tu n'as pas de soucis à te faire... Non tu n'as pas besoin de savoir... Comment ça, tu as entendu un bruit ?

Merde, je parie que ce bruit c'est nous. Il nous faut une diversion, je ne suis pas sûre de pouvoir nous rendre invisibles tous les deux, Ameer et moi.

- Par ici, j'entends chuchoter.

- Carsson !
Si le temps n'était pas compté, je l'aurais étreint et jamais je ne l'aurais lâché. Que c'est bon de voir quelqu'un de confiance dans cette maison.

- La salle de musique vite, il suggère.

Une fois rentré, je désactive l'illusion d'Ameer. Croyez-moi, c'est épuisant de devoir rendre invisible quelqu'un alors que je ne sais pas exactement où il se trouve..

- Qu'est ce qu'on fait maintenant ? je demande. Elisy va sûrement rejoindre ma mère donc c'est ma dernière chance de lui parler. Il faut que je me dépêche avant qu'elle s'en aille je ne sais où.

- Si je peux me le permettre madame, il y a des rumeurs qui courent à votre sujet et je pense que ce serait bon de vous en informer avant que quelqu'un d'autre ne s'en charge.

Évidemment, on n'a pas assez de problèmes comme ça. Tant qu'à faire, on peut rajouter les commérages de vieux Iris.

- Continuez, je vous en prie.

- On dit que, pas plus tard que ce matin, vous êtes descendue dans le village mortel dans le but de tuer une famille rien que pour soumettre votre pouvoir ou faire des expériences avec les corps de ces défunts. Plusieurs témoins vous ont vu sortir de la maison les mains couvertes de sang et un corps dans les mains, le bas peuple est très en colère et demande justice.

- Il doit bien y avoir des gens qui ont vu la scène sur la place, non ? Et puis, nous sommes les héritiers de deux grandes familles, il ne peut rien nous arriver de grave.

Il y aura bien des gens pour nous défendre, n'est-ce pas ?

La mère d'Ameer ! Yrena sait tout de nos opérations, elle pourra nous protéger.

- Ro...

Il s'approche de moi comme pour me consoler. Je ne comprends pas, il devrait être autant chamboulé que moi.

- Madame, continue Carsson, ça ne concerne que vous. Les mortels pensent que vous avez porté une illusion sur Ameer pour qu'il vous aide à commettre ce crime. Ils veulent votre mise à mort pour abus de pouvoir et, pour une fois, les Iris les écoutent.

- C'es absurde, je regarde mon compagnon dans l'espoir que ce soit qu'une simple blague. Tu aurais très bien pu me menacer de me tuer, si jamais je n'obéissais pas, en contrôlant mon cœur. Je ne suis même pas capable de jeter des illusions sur l'esprit, tout ce que je fais c'est rendre invisible ce qui m'entoure.

- Je suis désolé, il me répond.

Ce n'est pas ce que je voulais entendre.

J'aurais dû m'en douter, dans cette histoire je suis la mystérieuse sorcière dont personne ne sait trop rien et Ameer est l'homme jovial et généreux, toujours prêt à aider son prochain.

Ils ont pourtant raison, je suis une meurtrière qui ne mérite pas le pardon. Mais pour une fois, j'avais fait de mon mieux pour faire le bien.

- Carsson, je lance alors que ma voix se brise, veuillez ramener Ameer en sécurité, il y a une porte secrète derrière le piano.
J'ai besoin de réfléchir, on repousse l'opération.

Je me retrouve donc à déambuler dans les couloirs à la recherche d'air frais. Les murs se referment sur moi, je suffoque.

Ma mère ne tuera jamais son unique héritière, la conception d'un enfant et bien trop rare, mais seule Iris sait ce qu'elle fera à la place.

Je ne les avais pas remarqués avant, ces regards chargés de mépris dans ma propre maison. Ils oublient très vite à qui ils ont prêté allégeance.

Je ne peux pas avancer plus loin, mes pas me dirigent vers le balcon principal. C'est ici qu'elle me racontait des histoires fantastiques lorsque ma mère se montrait trop dure avec moi. Je dois arrêter. Ce n'est pas le moment de me rappeler ces souvenirs, pas si tôt.

Heureusement, il n'y a personne sur le balcon à cette heure de l'après-midi, je peux enfin oublier tous mes problèmes, me dire que tout cela n'est qu'un cauchemar et que je me réveillerai bientôt à l'âge de sept ans où tout allait encore bien. Si seulement.

Le calme est déjà rompu et le bruit vient de partout. Dehors, les gens chuchotent, un sourire sur leur visage et à l'intérieur, l'attention n'est plus placée sur moi mais sur autre chose.

Que se passe t-il ?

- C'est le jour-j ! une domestique s'écrie. La petite Dalyna est enfin née !

SaphirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant