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  Je me réveille en plein milieu de la nuit dans la chambre d'Ameer

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Je me réveille en plein milieu de la nuit dans la chambre d'Ameer. Lui, est allongé à côté de moi, dans notre couverture maintenant bleue.

Ça aurait pu être une scène mémorable si je n'avais pas remarqué le bout de papier posé sur la table de chevet. « Je t'attends au rendez-vous de notre enfance » il est écrit, je reconnaîtrais partout cette légèreté dans l'écriture. Elisy est rentrée.
 
Mon cœur s'emballe mais je dois faire le moins de bruit possible, ce n'est pas le combat d'Ameer. A côté de notre maison d'enfance, se trouve une plaine remplie de mysotis, on s'y rendait souvent Enorama, Elisy et moi pour jouer et se détendre. Elle est là-bas, j'en suis sûre.
 
La forêt est sombre mais la pleine lune m'éclaire et me guide, alors je reprends de l'énergie.
 
- Ro, attends-moi !
 
Ameer est derrière moi en train de courir pour  me rattraper.
 
- Non, j'ordonne, pas cette fois.
 
- Ensemble, tu te rappelles ? il me lance, en me montrant fièrement sa bague.
 
- Le fait qu'elle ait choisi un souvenir d'enfance montre que ma mère ne sera pas présente, je peux encore lui parler et la faire changer d'avis mais ce sera plus dure si elle sait que tu es là.
 
- Alors elle n'a pas à le savoir, tu peux me rendre invisible mais je serai quand même là pour te protéger.
 
- Tu ne vas pas abandonner, n'est-ce pas ?
 
- Jamais, il affirme confirmant mes doutes.
 
- Très bien mais n'interviens qu'en dernier recours, je saurais si tu t'agites.
 
- Hé ! il m'arrête. Tout se passera bien, tu n'as pas à avoir peur.
 
- Je sais.
 
Je pose mon front contre le sien et tente même un sourire mais au fond, je suis mortifiée et j'ai envie de courir, choisir la facilité. Mais je ne peux pas. Alors, Ameer s'efface de mon champ de vision et j'avance en dissimulant légèrement mon épée pour rencontrer ma cousine.
 
Les reflets de la lune qui va bientôt disparaître se projettent sur les fleurs bleues les illuminant. Elisy se trouve au milieu d'eux, dos à moi.
 
- J'avais peur que tu ne viennes pas, elle avoue, que je n'en vaille pas la peine et que tu restes avec ton prince.
 
- Tu as toujours été comme ça, jalouse de mon bonheur.
 
Elle se retourne outrée. Je sais, ce n'est pas la meilleure approche lorsque tu veux amadouer quelqu'un mais ça m'est sorti tout seul.

Nous somme à plus de dix mètres d'écart l'une de l'autre mais personne n'avance, nous avons créé des barrières invisibles depuis trop longtemps pour qu'elles s'abattent si facilement.
 
- Maintenant, tu as tout ce que tu veux, je continue. Tu as pris mon titre, tu es l'héritière de la maison Saphir. Elisabeth doit être fière de toi.
  
- Pourquoi n'arrives-tu pas à comprendre que je n'en ai rien à faire de son avis ? elle s'écrie soudainement. Si je m'entraîne tous les jours si durement ce n'est pas pour elle, je ne suis pas comme toi.
 
- Alors pourquoi Elisy ? Pourquoi vouloir provoquer une telle effusion de sang ? Juste pour le pouvoir ?
 
- Non, pour la liberté. Ce monde est voué à sa perte, vois-tu ?
 
Elle fait des grands gestes avec ses mains et éclate d'un rire forcé. Je n'avais pas remarqué à quel point la folie l'avait atteinte.
 
- Je sais que tu m'en veux pour avoir tué ta mère mais...
 
- Arrête Monroe, elle s'énerve, la seule personne qui n'arrive pas à te pardonner c'est toi même. Tu as toujours refusé de le faire, t'enfermant dans ta solitude, dans ta colère, jusqu'à oublier ton amie qui avait toujours été auprès de toi. Oui, nous étions amies, nous étions même plus que ça, des sœurs. Mais tu m'as tout de suite vue comme ta rivale, ton ennemie. Dès que tu as entendu parler du complot, tu m'as soupçonnée, n'est-ce pas ?
 
- Parce que tu n'avais rien à voir avec cette histoire ?
 
- Bien-sûr que je suis fautive, en fait c'est moi qui ai avertie Elisabeth que la date de naissance de l'enfant de la chef des Emeuraude était proche de celle de la prophétie. Je suis la méchante dans ton histoire. Je m'en suis rendue compte lors de notre dernière rencontre, ne t'inquiète pas, mais c'est cela le problème. Tu aurais dû me voir comme une alliée. Tu aurais dû accepter d'aller à mes côtés lorsque je te l'ai proposé et ensemble on aurait pu sauver le monde.
 
- En le détruisant ?
 
- Oui !
 
- Tu as perdu la tête cousine.
 
Elle repart dans son rire mélangé à des larmes et je me demande si notre histoire aurait pu finir autrement, si Elisy aurait pu être réellement heureuse.
 
- La mort de ta mère t'a plus affecté que je ne le croyais.
 
- Tu ne comprends toujours pas Monroe ? C'est parce que tu refuses de penser à ce jour, mais il le faut pour que tu comprennes.
 
- Je ne peux pas, je murmure.
 
- Tu dois le faire Monroe ! Rappelle-toi !

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