Je me réveille aux bruits des oiseaux chantant et de mon ventre. Par mes dieux, je n'ai pas mangé depuis hier matin avec tous ces événements.
Heureusement, le petit déjeuner est déjà prêt dans le grand salon. J'ai vraiment du mal à croire qu'Ameer n'ait aucun domestique, mais ce que j'observe est exactement ce qu'il me faut : une tonne de crêpes pour me remplir le ventre et des fruits pour me donner bonne conscience.
Je mange jusqu'à me sentir mieux quand j'entends un cri strident qui vient de la cour centrale.
Je me précipite, une pomme à la main, à leur rencontre. Il ne m'a pas encore vu, il est assis à même le sol dans le jardin tenant dans ses bras la petite Dalyna. Il lui chante une berceuse pour la calmer et ça marche, elle est hypnotisée par son grand frère.
- Je ressens ton cœur, viens t'asseoir.
Vue de plus près, elle parait encore plus surhumaine. Elle est la perfection incarnée, un ange, notre sauveuse.
- Ma mère dort et j'ai réussi à éviter la vigilance des gardes pour l'amener ici. Je voulais absolument te la présenter.
- Elle te ressemble.
- Tu trouves vraiment ?
- Bien-sûr, je confirme, vous avez le même nez, la même forme du visage et les mêmes yeux évidemment.
Il rougît et je ne comprends pas trop pourquoi mais en tout cas, cela fait rire Dalyna.
- Tu as entendu ? il s'exlame. Elle vient de faire son premier éclat de rire à seulement deux jours ! Ma sœur est incroyable. Tu peux la porter si tu veux.
Moi ? Elle est si précieuse et délicate, je pourrais la tuer sans le vouloir.
- Non je ne préfère pas, je réplique donc.
- Ro, tu n'es pas un monstre. Elle sera en sécurité avec toi, je le jure.
Comment peut-il être si confiant ? Et pourtant, il me donne envie d'y croire. Alors je la prends dans mes mains le plus doucement possible et j'essaye de la caler du mieux que je peux comme j'ai vu faire Ameer à l'instant. Elle me regarde de ses petits yeux pas encore habitués à la lueur du soleil et me rassure. Je fredonne un air doux pour qu'elle se rendorme et, maintenant endormie, je la remets dans les mains de son aîné, le cœur plus léger.
- Merci, il murmure.
Levant la tête, je remarque ses larmes. Ce n'est pas la première fois que je vois quelqu'un pleurer, lui aussi d'ailleurs par le passé a déjà pleuré devant moi. Je sais que c'est ce que les gens normaux font quand ils ont un profond chagrin mais je ne comprends toujours pas le sens de ses gouttelettes.
- Pourquoi es-tu triste ? je demande donc en séchant ses larmes.
Il attrape ma main dans un mouvement délicat.
- Je ne le suis pas, je suis même ravi.
Il doit sûrement croire que je fais exprès mais pourtant personne ne me l'a jamais expliqué. Sauf pour dire que c'était quelque chose d'interdit.
Voyant que je ne comprends toujours pas, il rajoute :
- Lorsque quelqu'un pleure, cela signifie qu'il éprouve une émotion tellement forte qu'il se laisse submerger par celle-ci. Le plus souvent c'est la tristesse qui l'emporte mais des fois cela peut être la colère, l'amour ou la joie.
- Qu'est ce qui t'a rendu si joyeux alors ?
Il ne me répond pas, il préfère poser Dalyna dans son berceau et s'étendre par terre les mains derrière la tête. Je l'imite.
- Qu'est-ce que tu regardes ? je l'interroge. Les étoiles ont disparu maintenant.
- Pas tout à fait, il réplique. Les étoiles sont toujours là, elles sont simplement plus dures à observer. Je peux toujours voir Robert, Grace et tous les gens que j'ai perdu.
Elle doit être là aussi, à épier ma vie et se demander si j'en vaux la peine. Elle me manque terriblement.
- Elle te va bien cette robe.
Je glousse. Belle tentative d'apaiser l'atmosphère.
- Merci, c'est un cadeau.
- La personne qui te l'a offerte doit avoir bon goût alors.
- On peut dire ça, si on oublie le fait que la couleur laisse à désirer.
Cette fois-ci, c'est à lui de rire et c'est si doux, mais son visage redevient sérieux bien trop tôt.
- Tu as des mauvaises nouvelles à m'apporter ? je devine.
- Sauf si tu ne préfères pas les entendre évidemment.
- Vas-y tant qu'on y est, je soupire.
- L'exécution a bien été écartée, tu n'es plus en danger de mort.
- Et la mauvaise nouvelle ?
- À la place de cela, la dirigeante Elisabeth a déclaré qu'elle te bannissait définitivement de la maison Saphir et t'enlevait ton titre d'héritière.
- Elisy prend ma place je présume.
- Ro, je suis navré...
- Non. C'est bon, je m'y attendais, j'aurais été plus surprise si elle ne l'avait pas fait.
Cependant, je ne dois pas être très convaincante car je sens ses bras m'étreindre dans un geste protecteur. J'en avais besoin même si jamais je ne l'aurais avoué.
- Je suis là Ro, ne l'oublie jamais. Tu resteras ici autant que tu le veux, c'est ta nouvelle maison.
- Tu es vraiment en droit de garder une fugitive dans ta propriété ?
- J'en fais mon affaire et tu n'es pas une fugitive, tu peux te balader où tu veux en dehors de ton domaine. Elle ne peut pas t'expulser non plus. Alors, qu'est-ce que tu vas faire ?
- Je ne sais pas trop, rester là un moment.
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Saphir
FantasyDurant une de ses missions pour sa famille, Monroe Saphir se retrouve confrontée à un complot qu'elle n'aurait jamais imaginé possible. Si elle n'agit pas rapidement, la maison Saphir pourrait s'effondrer et Monroe ne laissera pas cette tragédie se...