2 - Le retour

179 8 2
                                    



Le son n'existe pas dans l'Envers, aussi ne put-elle pas l'appeler, mais elle courut de toute la force de ses petites jambes vers lui. La silhouette se retourna subitement, comme instinctivement avertie de son arrivée. Thorn se tenait là devant elle, et dès qu'il reconnut la femme qui s'approchait si vite de lui, sa femme, il tomba à genoux. Ophélie se jeta dans les bras qu'il lui ouvrait, se fondit en larmes dans son grand corps, et ressentit la force de leurs battements de cœurs incontrôlables.

Elle l'avait fait, elle avait réussi, il était bien là.

Au bout d'un moment qui lui parut à la fois instant et éternité, leurs corps s'écartèrent. Ils se regardèrent comme si le monde autour d'eux n'existait plus.

Ophélie avait retrouvé Thorn, il leur restait maintenant à revenir dans l'Endroit. Ils s'éloignèrent ensemble, refaisant le chemin qu'Ophélie avait parcouru pour arriver jusqu'à lui. Ils ne pouvaient pas discuter, mais le simple fait de marcher côte à côte fit un bien fou à Ophélie. Être ensemble. Le temps lui sembla passer beaucoup plus vite qu'à l'aller, et bientôt ils arrivèrent à l'emplacement où se tenait le miroir qu'Ophélie avait traversé pour rejoindre l'Envers.

Ne pouvant pas parler, Ophélie lui fit comprendre par gestes de s'accrocher à elle. Thorn voulut lui prendre les mains, mais resta interdit en ne rencontrant que le vide des gants de liseuse d'Ophélie. Un éclair passa dans ses yeux d'acier. Elle put presque entendre les rouages de sa mécanique intellectuelle se mettre en route en un instant.

Ophélie se plaça devant lui et attrapa ses grands bras, les enlaçant autour de sa taille fermement. L'écharpe décida d'aider en s'enroulant autour d'eux pour renforcer leur prise.

Elle planta son regard déterminé dans le reflet inversé qui s'offrait à elle : M et Mme Thorn, réunis après tout ce temps. Le corps et l'esprit d'Ophélie se raidirent, se focalisant comme une flèche sur une seule et même pensée : maison.

Le miroir changea de consistance, ouvrant lentement un passage. Ophélie s'y engagea, un bras en avant et l'autre s'agrippant à ceux de Thorn. Elle ne risquerait pas de le perdre encore une fois. Elle l'avait déjà trop attendu, trop perdu, trop fait attendre autrefois.

Ophélie sentit son corps s'enfoncer dans la surface du miroir et, fermant les yeux, avança avec détermination en emportant Thorn à sa suite.

Ils se retrouvèrent au sol d'une chambre plongée dans le noir, dans un mélange de membres disparates et de spirales de laine tricolore. Ophélie avait réussi, elle avait ramené Thorn dans l'Endroit.

La réalité de la situation leur coupa le souffle à tous les deux. Ils restèrent interdits un moment, sans oser bouger ou parler, comme si cela risquait de rompre le charme de ce qui n'était peut-être après tout qu'un rêve.

La passe-miroir : conclusion (alternative)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant