4 - La contrepartie

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Elle fit le geste machinal de remonter ses lunettes, manie qu'elle avait gardé après la perte de ses doigts lors de son premier passage de l'Envers à l'Endroit, et fut interdite en trouvant dans ses gants d'habitude désespérément vides ses dix doigts. Avec l'intensité de la situation, elle ne s'en était pas rendue compte jusqu'à cet instant.

Ophélie eut une bouffée de panique. C'était impossible! Non! Pensa-t-elle, sans contrepartie l'équilibre sera à nouveau rompu!

Thorn capta son geste, son désespoir et eut une grimace des lèvres.

- Rassure toi, lui annonça-t-il.

Ophélie ne comprit pas tout de suite ce qu'il voulait dire. Puis son regard embrassa toute la silhouette dégingandée et démesurée. Thorn se tenait avec une jambe repliée contre son long torse osseux. De l'autre côté, au sol, son pantalon flottait au dessous du genou.

Ophélie resta confuse, son regard passant de ses mains complètes à cette jambe disparue.

- Une contrepartie, c'est ça?

La question fit lever les grands yeux surpris d'Ophélie vers le visage maigre et fatigué de Thorn.

- Je m'en étais douté quand tu as essayé de m'attraper au passage de l'Autre. Tu as du abandonner une partie de toi pour sortir. Une partie qui t'était si importante. Tu as perdu tes doigts et ton pouvoir de liseuse.

Parler autant arracha à Thorn une quinte de toux sèche.

- Alors, avant de repartir, j'ai fait un pacte avec l'Envers. Ma jambe estropiée contre tes mains. Et ça a fonctionné.

Ophélie sentit ses yeux se remplir de larmes, à la fois de gratitude et de tristesse. Encore une fois, il avait agi en considérant son épouse avant tout, sans la moindre pensée pour lui-même.

- Après tout, je suis un passe-miroir moi aussi, répliqua Thorn en détournant le regard. Et puis ce n'est pas comme si mon apparence avait une quelconque importance.

La passe-miroir : conclusion (alternative)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant