25 - Ma réalité

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Les fiancés se retrouvèrent enfin seuls dans leur chambre et Thorn s'assit sur le lit pesamment. Il paraissait exténué, la tête baissée et le dos courbé, comme si les évènements de la journée l'avaient vidé de toute sa substance. Ophélie s'approcha doucement de lui. Elle voulait le réconforter, qu'il sache qu'elle serait toujours là pour lui, quoi qu'il puisse traverser. Les paroles lui semblaient insuffisantes, elle voulait lui offrir toute la tendresse dont elle était capable, être le baume qui l'aiderait à cicatriser les profondes blessures intérieures qui l'avaient atteint bien plus que les scarifications présentes sur sa peau. Elle l'aimait tout entier, défauts et écorchures compris, mais s'était donnée la mission de le protéger et d'atténuer ses peines. Elle ne put réprimer l'instinct qui la poussa à s'avancer pour qu'il puisse poser sa tête, qui semblait trop lourde à porter, sur son épaule et passa ses mains gantées dans son dos pour le consoler. Ophélie sentit le corps de Thorn se raidir, puis se relâcher contre elle. Il soupira longuement et passa ses bras autour de la taille de sa fiancée. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes dans un silence complet, à profiter du confort de leur proximité.

- La journée a été interminable, finit par dire Ophélie, nous devrions nous reposer.

Thorn se redressa, dépliant son corps voûté, avec un air apaisé.

- J'ai conscience que ça n'est pas facile pour toi, mais tu sais que tu peux me parler si tu en as besoin, n'est-ce pas ? L'interrogea-t-elle.

Il plongea son regard d'acier vibrant dans les lunettes rectangulaires et elle perçut toute sa gratitude et son amour. Il se mit à parler d'une voix chargée de défi.

- Je crois que tu ne te rends pas compte à quel point tu as changé ma réalité. Avec toi, j'ai découvert que je n'étais pas seulement l'intendant bâtard du Pôle, un homme acariâtre et froid, qui rejetait tout contact humain. À travers ton regard, je me suis transformé, me reposant de plus en plus sur des sentiments - que je n'aurai jamais soupçonné pouvoir éprouver - plutôt que sur la logique et les statistiques qui avaient jusque là régis toute ma vie.

Ophélie le fixait stupéfaite de la prolixité de sa confidence.

- Tu es entrée dans ma vie comme une inconnue dans une équation que je pensais maitriser et que je m'efforçais de résoudre depuis des années. Tu as tout bouleversé sur ton passage et je me suis rendu compte qu'en fait je n'avais jamais rien contrôlé, j'avais juste cessé de vivre. Toi, Ophélie, tu m'as rendu goût à la vie, tu m'as ouvert les yeux et étendu mon univers au-delà de tout ce que je n'aurais jamais cru possible ou imaginable, un peu plus que cela, même.

Les larmes montèrent aux yeux d'Ophélie face à cet homme tellement exceptionnel qui lui ouvrait son cœur d'une façon si complète et pure.

- Et aujourd'hui encore, tu m'as fait douter de mes dernières certitudes en m'introduisant dans ta famille, en me confrontant à leur normalité, jusqu'au point où je me suis mis à croire que je pourrais un jour m'intégrer dans ce monde. Je voulais t'être indispensable, mais c'est toi qui m'es devenue vitale. Tu es désormais ma seule réalité.

Ophélie avait le souffle coupé. Thorn avait toujours eu le pouvoir de la toucher par ses mots, si rares au début, mais ce discours était la plus belle déclaration d'amour qu'elle aurait pu imaginer. Elle l'admira à travers l'humidité de ses yeux émus, un homme d'une sensibilité à fleur de peau qu'il avait du enfouir sous la douleur et les meurtrissures.

- Je t'aime tant, lui dit-elle en le serrant dans ses petits bras tremblant d'émotion. Tu es mon refuge, mon roc, tu es une partie de moi sans laquelle je ne pourrais plus vivre.

- Je ne laisserai plus jamais rien nous séparer.

- Ensemble, Toi et moi pour toujours, ajouta Ophélie avant de l'embrasser avec toute la passion qu'il lui inspirait.

Le mariage à venir, les projets à construire, la vie future à deux, rien ne leur ferait plus jamais obstacle. Ensemble ils pourraient tout supporter, vaincre chaque peur, surmonter chaque difficulté.
Ils seraient heureux, un peu plus que cela, même.

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Cette fois-ci, je vais m'arrêter là. Ça peut paraître ridicule, mais en finissant d'écrire ce chapitre, ça s'est imposé à moi comme une évidence, le reste de leur histoire n'appartient  qu'à Thorn et Ophélie... C'est en tout cas ce que je ressens et je leur laisse la liberté de choisir leur avenir. 😊
Merci pour votre lecture!
Dites moi ce que vous pensez de ma petite aventure 😉

La passe-miroir : conclusion (alternative)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant