23 - Le misanthrope

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- Vous allez parler encore longtemps ? Questionna Léonore.

- On voudrait bien avoir notre surprise, ajouta sa cadette.

- Et puis aussi savoir ce qui se passe, finit Domitille.

- Je vais chercher votre cadeau à l'étage, dit Ophélie en se levant.

Elle redescendit quelques minutes plus tard avec une boîte à la main. Thorn paraissait mal à l'aise, seul au milieu de la famille Animiste, et s'était renfermé dans son silence habituel et rigide. Il avait en main sa montre qu'il ouvrait et refermait sans même la regarder, pour se rassurer. Ophélie remarqua le geste et revint s'installer à ses côtés. Elle tendit le coffret à ses sœurs. Quand elles l'ouvrirent, elles découvrirent un assortiments de rubans colorés.

- Ce sont des créations Mirage, leur expliqua leur aînée. Certains changent de couleur suivant les saisons, d'autres brillent au soleil des couleurs de l'arc-en-ciel, celui-ci est tissé avec une illusion de papillons virevoltant. Vous pourrez les porter dans vos cheveux ou pour agrémenter vos tenues.

Domitille, Léonore et Béatrice étaient ravies et fouillèrent avec entrain dans l'entremêlement de rubans irisés. L'atmosphère du salon devenait plus légère. Ophélie sentait qu'un poids avait disparu de sa poitrine maintenant que sa famille connaissait toute la vérité. Hormis sa mère et sa volonté de tout contrôler, ses proches avaient eu l'air d'accepter son remariage avec Thorn. Elle regarda avec attendrissement ses sœurs se partager leurs rubans et les faire admirer à tout le monde. Elle ne les avait pas vu grandir et elle le regrettait. Hector était devenu un jeune homme réservé, mais toujours aussi franc et intelligent. Il avait déjà le même âge qu'elle lorsque Thorn était venu la chercher sur Anima. Elle espérait qu'il trouverait lui aussi une personne pour l'aimer et partager sa vie. Elle l'avait affirmé à ses proches et c'était vrai, elle était parfaitement heureuse avec Thorn. Elle sentait que ce dernier l'observait. Peut-être que ce séjour à Anima lui permettrait de découvrir ce qu'était censée être une vie de famille normale, pour autant que la normalité puisse exister. Tout du moins se sentir appartenir à une communauté qui ne rejetterait pas sa différence par la brutalité et le mépris. Plongée dans ses pensées, elle n'écoutait plus la conversation autour d'elle. Il fallut que Thorn la secoue légèrement par l'épaule pour qu'elle se rende compte que sa mère venait de répéter une question qui lui était destinée.

- Pardon ? Dit-elle en émergeant de sa réflexion.

- Tu ne m'écoutes pas, nom d'une soupière ! Je te demandais combien de temps vous comptiez rester.

- Désolée maman, je réfléchissais. Seulement quelques jours, Thorn et moi avons beaucoup à prévoir et organiser pour la suite.

La matriarche se renfrogna et se leva brusquement de son fauteuil.

- Comme tu voudras, après tout ça ne nous changera pas de ne pas te voir beaucoup.

Ophélie sentit une fêlure dans la voix de sa mère qui semblait plus blessée que vexée.

- Sophie, ne le prends pas mal, intervint son père, notre fille a fait tout ce chemin pour nous rendre visite, profitons de sa présence.

- Agathe et Charles ne vont pas tarder. Les filles, venez m'aider à finir de préparer le souper, ordonna la mère en se dirigeant d'un pas décidé vers la cuisine.

La tante et le père d'Ophélie quittèrent aussi la pièce, laissant les fiancés seuls avec Hector et le grand-oncle.

- Ne t'inquiète pas pour ta mère, rassura ce dernier, elle est juste pas habituée que quelqu'un lui tienne tête. Ça va lui passer.

La passe-miroir : conclusion (alternative)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant