6 - Et tu as besoin de moi

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Alors elle lui expliqua tout. Depuis son passage de retour de l'Envers avec son écho, la contrepartie qu'elle avait dû payer, le rassemblement des esprits de famille et la bataille contre l'Autre, la véritable identité d'Eulalie/Elizabeth, la perte de Renard et Gaëlle, et les cinq années qui avaient suivies. Ses passages de miroir à travers le nouveau monde - rond, complet et beaucoup plus peuplé - pour essayer de s'introduire à nouveau dans l'Envers et le retrouver. Des recherches et des échecs qui lui avaient parus interminables, jusqu'à ce jour où ils étaient finalement réunis.

Ophélie parla si longtemps que le ciel passa du sombre à l'aube et éclaira la chambre où ils étaient toujours assis l'un contre l'autre.

Thorn l'avait écoutée avec attention, les expressions de son visage répondant à sa place, et il resta silencieux quand Ophélie eut fini son histoire. Plus tard, elle lui demanderait ce que lui avait vécu – subi – pendant leur séparation. Pour le moment, Thorn ne semblait pas vouloir prendre la parole.

Il tenta de bouger pour trouver une position plus agréable et grommela malgré lui entre ses mâchoires serrées.

- As-tu besoin de quelque chose? Demanda Ophélie qui avait cru déceler de la douleur dans son brusque froncement de sourcils.

Il secoua la tête négativement.

Ophélie retira ses gants de liseuse, prit le visage de Thorn dans ses doigts retrouvés, et le tourna de façon à pouvoir plonger profondément ses yeux dans le regard d'acier. Une décharge électrique lui parcourut les mains en retrouvant son sens du toucher contre la peau rêche et la barbe naissante.

- Demander de l'aide n'est pas une faiblesse. Je suis là pour toi, comme tu l'as toujours été pour moi. Je ne te quitterais plus jamais, et je serai toujours là pour toi.

Une lueur s'alluma dans le regard de Thorn qui hésita, puis lui dit :

- De l'eau, s'il-te-plaît.

Ophélie lui sourit doucement, remit ses gants et sortit de la chambre.

Elle fut de retour quelques minutes plus tard avec un plateau sur lequel elle avait disposé du thé, un verre d'eau et deux bols de riz.

Ils mangèrent en silence, profitant de cette proximité retrouvée.

La passe-miroir : conclusion (alternative)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant