19 - La fête

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Quand Ophélie et Thorn rentrèrent dans le manoir et se rendirent main dans la main à la salle à manger pour dîner, leur joie était tellement évidente que leurs proches la perçurent immédiatement. Ophélie rayonnait de bonheur quand, devant les regards interrogatifs elle annonça :

- Thorn m'a demandé en mariage, et j'ai accepté.

Un brouhaha de félicitations envahit la pièce. Berenilde se leva et prit Ophélie dans ses bras. La tante se réjouissait sincèrement, même si dans un coin de sa tête persistait une trace de jalousie pour l'amour et la complicité qui liait cette jeune femme à son neveu d'un façon si profonde. Roseline les congratula, heureuse à la fois pour sa nièce et pour la légitimation d'une situation qu'elle commençait à trouver dérangeante. Quant à Victoire, elle applaudissait à tout rompre, ravie de l'annonce d'une grande fête à venir. Seul Archibald restait silencieux. Il finit par se lever à son tour et s'approcha de Thorn en lui tendant la main.

- Félicitations monsieur l'ex-intendant, dit-il avec un sourire sur les lèvres mais une tristesse dans le regard.

Thorn hésita, puis lui serra la main en lui répondant.

- Merci

- Bien joué ! Même si je dois avouer que je ne comprends pas la décision de votre fiancée qui avait réussi à se débarrasser de son époux.

Thorn fronça les sourcils, prêt à répliquer, mais Ophélie se tourna vers les deux hommes, ayant entendu leur échange.

- Vous ne pouvez pas vous en empêcher, Archibald. Ne pouvez-vous pas simplement être heureux pour nous ?

- Oh mais je le suis. Déçu et étonné également. Et curieux. Comment donc notre cher comptable a-t-il fait sa demande ? Si ce n'est pas trop indiscret bien-sûr. Il les regarda avec un sourire insolent. En y réfléchissant, surtout si c'est indiscret en fait.

Alors que toute l'assemblée le foudroyait du regard, l'ancien ambassadeur s'assit, son sourire s'élargissant.

- J'adore les jolies histoires d'amour, pimentées si possible.

Le teint jaune de Roseline tourna au rouge et Berenilde leva les yeux au ciel. Thorn commençait à s'impatienter et aurait bien rabattu le caquet de cet individu exaspérant, mais sa fiancée lui adressa un regard éloquent.

- J'ai bien peur qu'il n'y ait rien de scandaleux à vous raconter. Juste la question d'un homme à la femme avec laquelle il veut passer le reste de sa vie, répondit Ophélie d'un ton doux.

- Quel ennui, pouffa Archibald.

Thorn n'y tenant plus gronda d'une voix dure.

- Notre vie privée n'est pas un spectacle de dépravation comme la vôtre.

- Voyons, pas besoin de vous emporter, mon cher ! S'exclama Archibald en levant les mains en signe de reddition et il continua avec un clin d'œil appuyé au couple. Je reste à votre disposition pour tout conseil sur la possibilité de dépravation malgré tout.

Voulant changer le sujet de la conversation avant que les choses ne s'enveniment entre les deux hommes, Ophélie montra aux tantes son pendentif.

- Ce collier est mon cadeau de fiançailles. N'est-il pas magnifique ?

Berenilde et Roseline s'extasièrent devant le petit miroir argenté.

- Ça alors, M. Thorn qui achète des bijoux ? Mademoiselle l'Animiste, vous pouvez vous vanter d'avoir fait de votre fiancé un autre homme ! S'exclama Archibald.

Ophélie regarda Thorn avec un sourire et les yeux débordant d'amour.

- Je le sais.

À la surprise générale, les joues de l'intéressé rosirent et un sourire timide prit possession de ses lèvres fines. Même l'insolent du groupe en perdit la répartie moqueuse qu'il avait sur le bout de la langue. Berenilde fut la première à reprendre ses esprits, couvant son neveu d'un air maternel.

- Célébrons vos fiançailles comme il se doit ! Allons chercher le champagne !

La soirée fut festive et agréable, et les rires se prolongèrent tard dans la nuit.

Quand les convives se séparèrent pour regagner leurs chambres respectives, Ophélie et Thorn purent enfin se retrouver seuls.

- Je suis tellement heureuse d'avoir pu partager la nouvelle avec nos proches, mais cette soirée m'a épuisé !

- Trop épuisé pour fêter dignement nos fiançailles ? Demanda Thorn d'un air espiègle en posant les mains sur la taille de sa fiancée.

Elle ne put d'empêcher de glousser en passant ses bras autour du cou de Thorn.

- Il me semble que contrairement aux apparences, tu n'aies pas besoin de conseils quant à la dépravation.

- Fallait-il vraiment évoquer cet individu à cet instant ? Soupira Thorn.

- Non, tu as raison, mais je sais comment me faire pardonner, s'excusa Ophélie en se mettant sur la pointe des pieds pour l'embrasser fougueusement.

- C'est effectivement un bon début.

Ils se contemplèrent un instant en silence, puis Ophélie l'entraina vers le lit, où elle fit tout son possible pour imprimer des souvenirs inoubliables dans la mémoire parfaite de Thorn.

La passe-miroir : conclusion (alternative)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant