13 - Face à la justice

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Deux heures plus tard, Ophélie avait écrit les messages qu'elle destinait à ses parents, sa sœur Agathe et son cher grand-oncle. Elle leur résuma du mieux qu'elle put les derniers évènements : le bonheur de ses retrouvailles avec Thorn et leur présence au Pôle chez Berenilde. Elle ne leur parla pas de la confrontation à venir avec la justice, de l'annulation du mariage, de la récupération de ses doigts ou de son état de santé, préférant laisser ces sujets délicats à une future conversation en face-à-face.

La réunification du monde, ainsi que la totale disparition des échos, permettaient des communications plus aisées, même entre deux points aussi éloignés que la Citacielle et Anima. Les missives d'Ophélie partirent rapidement vers leur destination.

Dès le lendemain, des réponses étaient livrées à la demeure. Fidèle à elle-même, la mère d'Ophélie s'énervait de n'être mise au courant que si tardivement, et souhaitait savoir quand sa fille lui ferait l'honneur d'une visite. Au contraire, son père, qui avait ajouté quelques mots, se réjouissait pour Ophélie. Quant à Agathe, elle posait plus de questions sur Berenilde et Victoire qu'autre chose. Le dernier télégramme était celui du grand-oncle, qui se disait prêt à faire de suite le voyage pour le Pôle pour aider sa nièce si elle en avait besoin.

Après la lecture, Ophélie se sentit ragaillardie de savoir qu'ils ne l'avaient pas oubliée sur Anima, malgré les années passées au loin et les tensions qu'elle avait laissées derrière elle.

Thorn avait lui aussi reçu du courrier, et lorsqu'Ophélie se tourna vers lui pour lui montrer ses messages, elle fut surprise de la sévérité qui habitait son visage. Elle s'inquiéta instantanément.

-Qu'est-ce-qui ne va pas Thorn ? Tu as reçu des mauvaises nouvelles ?

Il ne lui répondit pas tout de suite, lisant et relisant les lignes du papier qu'il serrait dans ses doigts.

- C'est le tribunal. La date de mon procès a été fixée, il aura lieu dans une semaine. Les accusations portées contre moi sont : assassinat d'un membre de la cour, traîtrise à mon clan et évasion de prison. Elles sont passibles d'emprisonnement à vie. Il semble que la Mutilation ne soit plus pratiquée.

Ophélie sentit l'affolement la gagner. Emprisonnement à vie ? Elle ne pouvait pas imaginer être à nouveau séparée de Thorn, surtout pas pour le reste de leur existence. La colère se joignit alors à la peur. Lui qui avait dévoué la plus grande partie de sa vie à essayer de sauver le monde, à rendre aux hommes leur libre arbitre, c'est comme ça qu'il était remercié ? Jugé pour des crimes qui n'étaient pas les siens ?

- Nous allons nous battre, explosa-t-elle. Il n'est pas question que tu sois condamné !

- Je savais qu'une telle chose pouvait arriver quand j'ai décidé de me rendre à la justice. Personne ne devrait être au-dessus des lois.

- Après tout ce que nous avons traversé, tu ne vas pas abandonner ? Rétorqua Ophélie.

Au fond d'elle-même, elle pensa, « tu ne vas pas m'abandonner ? »

- Jamais, la rassura Thorn, je reste juste réaliste sur la situation.

Il se tourna vers elle avec un regard déterminé, prêt à affronter toutes les épreuves pour rester à ses côtés.

La passe-miroir : conclusion (alternative)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant