5 - J'ai besoin de toi

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D'un mouvement brusque et incontrôlé, Ophélie se rua vers Thorn, cherchant à s'enfouir contre ce corps qui lui avait tant manqué. Le seul endroit où elle avait souhaité être pendant toutes ces années. La place qu'elle ne voulait désormais plus quitter.

Elle s'en voulut tout de suite, ayant peur de le mettre mal à l'aise après une si longue séparation, et de déclencher une réponse instinctive de ces griffes qui lui échappaient à sa grande honte. Mais Ophélie ne ressentit rien, à part la chaleur qui émanait de Thorn, et ses mains qui se posaient doucement dans ses boucles emmêlées.

Sans un mot, Ophélie se redressa et plaqua ses lèvres sur celles de Thorn. Il lui rendit son baiser passionnément, jusqu'à ce que le souffle leur manque. Il appuya son front contre celui d'Ophélie, qui lui dit soudain, telle une constatation :

- Tu m'as lâchée exprès.

Thorn ne répondit pas, alors elle insista:

- Quand tu as attiré l'Autre à travers le miroir et que j'ai voulu te retenir, tu as lâché ma main. Pour que je ne sois pas entraînée avec toi. Tu m'as sauvée, mais je suis restée seule...

Le souffle de Thorn se fit plus rauque, mais il ne dit rien. Ses mains quittèrent la chevelure d'Ophélie pour courir le long de sa nuque et de son dos.

- J'avais besoin de toi, continua-t-elle.

Thorn s'écarta brusquement et essaya de se relever, mais sa jambe manquante ne lui permit pas d'aller plus loin que de s'écrouler maladroitement sur le bord du lit.

Après 5 années solitaires et des moments où elle avait presque perdu tout espoir de le revoir, un barrage s'était rompu en Ophélie. Toute la tension, la peur, la tristesse, l'impatience qu'elle avait accumulées au fond d'elle remontèrent à la surface comme des bulles trop longtemps emprisonnées et éclatèrent. Les mots sortaient de sa bouche comme mus de leur propre volonté, sans qu'elle put les arrêter. Elle vibrait toute entière d'une colère qu'elle savait plus tournée contre elle-même que contre Thorn. Il avait peut-être renoncé, mais elle n'avait pas réussi à le retenir. C'était sa faute à elle s'il était resté prisonnier de l'Envers tout ce temps.

- Nous devions tout faire ensemble, s'entêta Ophélie en se levant.

Elle remarqua alors la tristesse et la honte qui s'affichaient sur le visage fermé de Thorn. Elle s'était promis de le protéger et, à peine réunis, elle lui faisait déjà de la peine. Ophélie s'en voulut instantanément. La vie s'était acharnée sur lui pour le briser, elle voulait être celle qui l'aiderait à se reconstruire.

- Je te demande pardon, dit-elle d'une petite voix en s'approchant du lit, mais tu m'as tellement manqué. Tant de choses se sont passées. Je suis désolée, ce n'est pas de ta faute et je ne t'en veux pas, continua-t-elle en s'asseyant tout près de Thorn. Je m'en veux à moi-même. Elle ajouta d'une voix plus fluette : J'ai toujours besoin de toi.

- Raconte moi, demanda t-il simplement.

La passe-miroir : conclusion (alternative)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant