Partie 11

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C'était avec le cœur lourd que Martin avait décidé d'appeler lui-même le mari d'Aurore. Sara s'était occupée d'appeler le lycée des filles, et d'après Chloé, elle s'était chargée elle-même d'aller chercher les filles et de les avertir. Sara l'avait remercié mille fois, mais en précisant que la situation était vraiment critique.


« Docteur Daunier ? C'est Commandant Constant », dit Martin, les larmes aux yeux.


« Commandant ? Si c'est pour me demander si ma femme a encore un rendez-v- » Martin décida de le couper.


« Non Docteur. J'aurais aimé... mais c'est pas ça ». Le son de la voix du commandant inquiéta de suite William.


« Qu'est ce qui se passe ? » exigea William, s'imaginant déjà le pire.


« Il faut que vous veniez le plus rapidement possible au Spoon »


« Comment ça au Spoon ? J'ai une intervention dans 30 minutes, je ne peux pas me permettre de laisser tomber mon patie- »


« Votre femme est actuellement retenue en otage, vous dev- ». MaisMartin n'eut le temps de répondre qu'il entendit qu'il avait raccroché.





William n'avait jamais autant couru de sa vie. Il avait le cœur qui tambourinait dans ses oreilles. Il avait à peine crié à Marianne ce qu'il se passait, il avait jeté sa blouse, et avait accouru à sa voiture.Heureusement que le Spoon n'était pas si loin de l'hôpital, il avait probablement grillé quelques interdictions.


Il avait à peine garé sa voiture qu'il s'était élancé vers le cordon de la police, se retrouvant bloqué par deux agents. Il cria qu'il était le mari de la Capitaine Jacob et il vit Martin l'accueillir.


Il leva le cordon et le dirigea un peu plus devant de la scène. De nombreux policiers habillés de haut en bas de protection. C'était la folie, tout le monde courrait, et il se retrouva bien vite bloqué par un 2ème cordon qu'il ne pouvait pas franchir.


« Vos filles sont arrivées peu avant vous. Elles sont là-bas avec les autres familles » lui dit une grande brune qu'il reconnut comme étant une des collègues de sa femme.


Lorsqu'il arriva auprès d'elles, toutes les deux se précipitèrent dans ses bras, en pleurs.


Il les réconforta en embrassant leur crâne et les gardant très fort contre lui. Il vit à leurs côtés d'autres parents des familles, il reconnut quelques ados du lycée.

Ils étaient en pleurs, presque inconsolable. Ils trouvèrent tout de même la force de le saluer de la tête, il tenta de leur sourire mais fut vite repris par ses filles.


« Qu'est ce qu'il se passe ? » exigea William au commandant.


« Je vais laisser Roxanne vous expliquer la situation, je dois aller préparer l'intervention », dit Martin, gêné et mal à l'aise face à la famille de William.


« L'intervention ?Mais quelle intervention Constant ? » s'énerva William, mais c'est les mains de ses filles sur ses bras qui le retinrent.


Puis Roxanne expliqua la situation : l'apparition de Marie, une ancienne victime du passé de jeune flic d'Aurore, à l'arrestation de Bardot. Depuis qu'Aurore lui avait présenté Marie jusqu'au coup de téléphone. Elle fut sincère et honnête et ne leur cacha rien ;que ça soit les coups de feu ou encore le coup de téléphone qui les avaient vraiment inquiétés. D'où la préparation de l'intervention. Les trois membres de la famille Jacob-Daunier furent attentifs à ce que leur racontait la jeune policière et ne l'interrompirent pas. Pourquoi Aurore était bizarre depuis deux jours. Pourquoi elle avait menti à Martin la veille. Pourquoi elle était entrée tard la veille... tout s'éclairait.


Les filles continuaient de pleurer et William resta fort pour elles. Mais retenir ses larmes furent compliquées. Il s'en voulait de lui avoir parler ainsi la veille.. si seulement il l'avait laissé parler...


« ça bouge ça bouge !!! » s'écria un agent qui avait en viseur l'entrée du Spoon.


Et effectivement, il y eut du mouvement. Sofia, Manon dans les bras de leur père, regardèrent tous les trois ce qu'il se passait derrière les nombreuses lignes de sécurité.


Ils virent d'abord la porte s'ouvrir avec fracas et quelques personnes s'échapper encourant, qui furent réceptionnées d'abord par la police puis par les soignants.


Ils entendirent de lourds bruits, des cris et enfin un coup de feu, ce qui les fit sursauter.


Ils virent Constant, Sara et Karim se précipiter à l'intérieur accompagnés d'autres agents. Quelques longues secondes se passèrent avant qu'ils virent la tête de Martin, blanc, crier à l'encontre des urgentistes de vite venir avec deux brancards.


Le sang de William ne fit qu'un tour et un vide s'empara vite de son ventre. Un mauvais pressentiment l'empara. Les otages sortaient un à un, mais toujours pas Aurore.


Et de nouveau, quelques personnes sortirent. Les personnes à côté furent heureuses de voir la tête des gens libérés, sûrement la famille.


De longues secondes agonisantes, et finalement, un premier brancard sortit, sûrement le forcené puisqu'il était menotté au brancard et des agents armés l'entouraient.


Une jeune femme se précipita pour prendre trois ados dans ses bras, visiblement heureuse de les retrouver. « On doit aller à l'hôpital, Jordan est en train de sauver la vie de la capitaine, on doit le suivre »


« Mais attends Maman, comment tu vas ?? Et Jordan ?? » s'étonna le plus grand des trois, suivant sa mère.


« Moi je vais très bien, lui aussi, mais on doit aider votre frère », dit elle en les emmenant avec elle.


William, Sofia, et Manon n'eurent le temps de dire quoi que ce soit que le 2ème brancard sortit, et aucun doute, c'était Aurore. Un jeune homme était accroupi sur le brancard. Karim avait les larmes aux yeux, Martin courait et forçait le passage en criant de laisser partir l'ambulance le plus vite, et Sara sortit en pleurs du Spoon.


William n'était pas né de la dernière pluie : vu comment les ambulanciers accouraient, vu comment ses collègues réagissaient, vu la tête de toutes les personnes qui sortaient du Spoon...


« C'est maman !!! » s'écrièrent Manon et Sofia en voulant forcer le passage mais furent retenus par des agents.



William laissa enfin ses larmes sortir et il fut pris de gros sanglots, inconsolable.  

Le héros déchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant