Le héros déchu

Partie 13

Ça faisait plus de 30 minutes que Marianne était partie, et n'était toujours pas revenue.

Ce n'était pas normal. Depuis qu'Aurore était dans le bloc, Marianne revenait toujours au bout de 10 minutes. Quelque chose n'allait pas, il le savait.

Manon s'était réveillée, sentant que son père était agité. Sofia s'était levée et faisait les cent pas dans le couloir.

« Des nouvelles de maman ? » continua de s'inquiéter Manon.

William secoua la tête et prit sa fille dans les bras alors que les larmes coulaient abondamment sur ses joues. Sofia s'était assise à ses côtés, et la prenait également dans ses bras. Le cœur de William se serra d'autant plus en voyant l'amour entre ses filles et jeta un coup d'oeil à Samuel qui les regardait ému.

Il allait lui dire de rentrer chez lui, de ne pas les attendre, quand au détour du couloir, Marianne revenait, accompagné de Renaud.

Il était toujours habillé dans sa tenue, et affichait ce regard, ce regard qu'il connaissait très bien pour l'avoir vu annoncer de mauvaises nouvelles de nombreuses fois à des familles dans le désarroi. William tenta d'ingurgiter le peu de salive dans sa bouche, mais il se retrouva vite le souffle court. Il les voyait s'approcher, prêt à lui dire ce qu'il savait être pas bon du tout et il n'était pas prêt. Ses filles les remarquèrent, et se levèrent automatiquement, avec tant d'espoirs dans les yeux que ça lui brisa d'autant plus le cœur, comme s'il n'était pas assez brisé comme ça.

« Papa ils sont là ! » s'exclama Sofia. Mais la jeune femme vit bien rapidement que son père n'était pas bien et qu'il regardait d'un air bien trop grave les deux médecins arriver.

Manon le prit parle bras et le mit debout entre les deux. Elles savaient qu'il s'imaginait déjà le pire, mais les filles étaient optimistes malgré tout et savaient que leur mère était forte.

« Alors ? » exigèrent Manon et Sofia.

Renaud ne les regardait pas. Marianne encore moins.

« Allez-y, dîtes ce que vous avez à dire » dit William, la mâchoire serrée, les poings fermés. Ses filles alternaient leur regard entre leur père et les médecins, incapables d'arrêter de pleurer.

Et enfin, après ce qui leur semblait une éternité, Renaud releva le regard.

« J'ai...enfin.... La .... La capitaine Jacob a fait deux arrêts cardiaques dans l'ambulance. Quand elle est arrivée, elle avait une balle logée à côté son rein et- »

« On le sait ça, vous nous l'avez déjà dit. Est-ce qu'elle va bien ? On peut la voir ? » demanda Manon en lui coupant la parole.

Renaud était extrêmement gêné et ne savait pas quoi dire. Et ça, William l'avait très bien remarqué.

« Elle a refait deux autres arrêts sur la table. Elle avait perdu trop de sang, les hémorragies étaient beaucoup trop importantes et- »

« On peut la voir ? » exigea Sofia, cette fois-ci.

« J'ai réussi à contrôler son hémorragie à la cuisse, mais celle du rein... »

« Qu'est-ce que ça veut dire ? » demandèrent les filles alors que William semblait ne plus arriver à respirer.

« J'ai retiré la balle, elle avait fait beaucoup de dégâts, notamment sur son rein. La plaie s'infectait, on a pris la décision d'une ablation. Seulement- »

Cette fois-ci, c'est William qui l'arrêta, l'air grave, les yeux rouges, et surtout la voix cassée : « elle passera pas la nuit, c'est ça ? »

Ses filles se retournèrent vers lui, choquées. Elles n'en croyaient pas leurs oreilles. Comment c'était possible ?

« On a réussi à contrôler ses hémorragies, nettoyer les plaies et-... enfin, elle a perdu trop de sang et je ne pense pas que son cœur survive à quatre arrêts. Les prochaines 24h seront décisives.... Je suis vraiment désolé... vraiment » dit Renaud en regardant les trois membres de la famille se décomposer devant ses yeux.

Les deux jeunes femmes s'étaient effondrées et exigeaient des explications, le traitant de menteur.

William essayait de les calmer, mais le pauvre homme n'était pas en reste. Il avait les yeux tellement rouge, il était tellement livide...

Renaud s'excuse maintes fois et décida de partir, épaulé par Marianne qui avait les larmes aux yeux.