Partie 12

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Il ne savait combien de temps il était dans ce couloir. Ce couloir qu'il a emprunté des milliers de fois. Avant et après une opération. Mais c'était la première fois qu'il se trouvait de l'autre côté du tableau. D'habitude, c'était lui qui opérait et qui allait annoncer les nouvelles à la famille. Cette fois ci, c'était son tour. Il n'attendait qu'une chose : que Renaud sorte de cette salle et vienne lui annoncer une bonne nouvelle.


Sofia et Manon étaient de chaque côté de lui. Les pauvres n'avaient pas réussi à arrêter de pleurer depuis cette annonce. Manon s'était assoupi de fatigue, la tête sur son épaule. Et Sofia était en train de mordiller tous ses ongles, incapable de fermer l'oeil. Et quant à lui, il était assis, presque ratatiné sur son siège inconfortable, la tête posée contre le mur, les yeux dans le vague. Tous comme ses filles, il n'avait pas pris la peine de sécher ses larmes.


Aurore avait été prise en urgence dès son arrivée. William ne faisait confiance qu'en Renaud. Il était dans la salle depuis au moins 4h, et c'était bon signe. Plus une opération s'éternisait, mieux c'était. Ça voulait dire que sa femme continuait de se battre et que Renaud prenait son temps. Il fallait juste attendre.


Et c'était dur. Il n'arrêtait pas de penser à leur engueulade de la veille, à ce qu'il lui avait dit... et c'était pas possible. Pas possible qu'elle parte comme ça. Son cœur lui criait de continuer à penser à tout ce qu'ils avaient vécu, que ça soit toutes leurs premières fois, tous leurs bons moments, la naissance de leurs filles, leurs années en tant qu'étudiants, jeunes amoureux, jeunes parents.... ils avaient tellement vécu.... et en même temps, ce n'était pas assez.Ce ne sera jamais assez. Ils avaient encore tellement à vivre. Elle ne pouvait pas les quitter. Pas comme ça. Pas maintenant. Pas quand ils s'étaient engueulés la veille. Pas quand il ne lui avait pas dit à quel point il l'aimait.


Ils n'étaient pas seuls dans ce couloir. Marianne faisait des allers-retours entre le couloir et la salle d'opération, et revenait toujours en hochant la tête. Ce que William comprenait comme un 'tout va bien'.

Les collègues de sa femme étaient présents également, à tour de rôle. Au départ, le capitaine Saeed était là, puis avait été relayé par Sara et Roxanne, Georges aussi, un certain Damien que William ne connaissait pas et qui semblait très affecté par le sort d'Aurore, et enfin par le commandant Constant.

Par ailleurs, le commandant l'avait tenu au courant de l'avancé de l'enquête après avoir terminé les différents interrogatoires des autres otages. Cette fameuse Marie était resté au commissariat pour la nuit. William avait très hâte de rencontrer celle pour qui sa femme avait décidé de se sacrifier. De sacrifier sa vie. Leur vie. Martin lui avait tout expliqué, de l'enquête d'Aurore à Paris il y a plus de 20 ans à l'arrivée de cette femme à Sète quelques jours auparavant. William n'avait qu'une envie : que ce Bardot ne sorte pas vivant de l'autre salle d'opération.


Il savait qu'il avait épousé une tête dure. D'ailleurs, c'était l'une des premières choses qu'il la fait craquer en premier : Aurore était têtue. Une femme forte. Avec beaucoup de caractère. Déterminée. Et des principes. Elle ne comptait jamais en question d'amour. Elle se donnait toujours à 100%. Et de savoir qu'elle avait risqué sa vie pour quelqu'un qu'elle appréciait ne le choquait guère. C'était Aurore. Sa femme. Il en était fier.


Il avait également appelé sa sœur qui s'était empressé de les rejoindre. Son beau-frère et Dorian étaient arrivés. L'inquiétude se lisait sur leur visage. Dorian avait soutenu ses cousines, et la présence de sa sœur l'avait un peu rassuré.


Ses collègues et sa famille n'étaient pas les seuls qui attendaient des nouvelles.


La famille Roussel était restée quelques temps. Le jeune Jordan, celui qui avait sauvé la vie de sa femme, avait tenu à demander des nouvelles. Ce que William avait répondu en lui disant merci, tout simplement. Il avait adopté les bons premiers réflexes en faisant un point de compression. Audrey, que William reconnu comme étant la serveuse, avait félicité son fils et était très fière. Elle avait confié à William comment Aurore avait agis pendant la prise d'otage, et qu'il devait être lui aussi fier de sa femme. Jordan, sa mère, et les autres de la fratrie, leur confièrent qu'ils reviendraient dès le lendemain voir Aurore.


Samuel était également là. À les soutenir. Il était positionné en face de son meilleur ami, assis. Tout autant inquiet que les autres. Il ne disait rien, mais était présent. Et William lui en était reconnaissant.


Alors que Marianne était une nouvelle fois repartie, William se souvenait des mots de Renaud alors qu'ils étaient arrivés peu de temps après l'ambulance : « elle a perdu énormément de sang et a fait deux arrêts dans l'ambulance. La balle qu'elle a reçu à la cuisse a transpercé de part en part, mais son artère est touché. Celle dans son abdomen s'est logé bien trop près de son rein ».


William était médecin. Il savait ce que tout ça voulait dire.


Mais il avait confiance en Renaud, il avait confiance en Aurore. Elle allait s'en sortir. Elle n'avait pas le choix.





Le héros déchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant