Partie 14

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Il était à présent 23h. William, Sofia et Manon avaient été autorisés à pénétrer dans les soins de suite et observées à présent Aurore, à travers la grande vitre.


Elle semblait paisible. Allongée dans son lit.


On aurait pu croire qu'elle dormait, si elle n'avait pas un tube dans la bouche, si elle n'était pas aussi blanche que les draps, et si elle n'était pas reliée à toutes ses machines, si elle n'avait pas eu deux bandes de scotchs sur le coin de sa lèvre, si elle n'avait pas eu un tuyau dans la bouche, si elle n'avait pas des bandages très gros autour de son ventre et sur sa cuisse.


William avait réussi à convaincre Renaud d'avoir le compte rendu suite à l'opération. Normalement, il aurait été interdit à la famille de regarder les données de santé d'une patiente, mais ce n'était pas n'importe quelle famille. William était l'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur médecin de l'hôpital. Et Renaud se sentait redevable.


Après avoir lu toutes les lignes, William conclut que ça allait être très compliqué pour Aurore. Mais elle n'était pas condamnée. Les filles lui avaient demandé des explications, dans des termes compréhensibles.

Manon et Sofia avaient donc encore énormément d'espoir. Ablation du rein, infections, hémorragies importantes, et un cœur fatigué.


« On peut vivre avec un rein ! Et elle sera au repos. Elle nous aime. Elle nous laissera jamais tombée. J'en suis sûre », avait ditSofia. Ce que Manon avait approuvé. William ne cessait d'être fier et admiratif de ses filles, pour leur espoir, courage et amour. Ce qui était sûr c'était qu'Aurore et lui les avaient bien élevés.



Une infirmière surveillait très fréquemment Aurore. Elle faisait des allers-retours ce qui rassura la famille Daunier-Jacob.

Elle vérifiait ses constantes, et changeait ses pansements.


Mais c'est alors qu'elle sortait de la salle pour la énième fois que les machines se mirent en biper dans tous les sens.


« Papa !!Qu'est ce qu'il se passe ?? » s'écrièrent ses filles alors que William voyait le cœur de sa femme s'emballer.


Biiiiiiiiiiiiip.....


N'y tenant plus, il sortit de la salle de surveillance et entra sans hésiter dans la pièce en criant à ses filles de ne pas regarder. L'infirmière l'avait suivi et dès lors qu'il fut près d'elle, son cœur se stoppa.


« Putain de merde Aurore t'as pas le droit » s'écria William.


Il ravala ses larmes et commença un massage cardiaque alors que l'infirmière lui criait dessus. William ne comprit rien, il avait le bourdonnement incessant dans les oreilles du monitoring qui indiquait que le cœur de la femme de sa vie ne battait plus. Il comptait dans sa tête. Il comptait le nombre de fois qu'il tentait de faire battre son cœur.


« Docteur, vous devez arrêter, vous n'avez pas le droit de- »


« Fermez la et faites votre boulot » s'écria-t-il alors que l'infirmière voyait l'état dans lequel le docteur Daunier était. Désespéré. Le cœur brisé.


Biiiiiiiiiiiiip.....


Elle lui obéit et injecta de l'adrénaline.


William continuait le massage cardiaque. Il n'osa même pas regarder vers la vitre où il savait que ses filles étaient en pleurs.


Elle n'avait pas le droit de mourir.


Il ne savait pas combien de temps il avait tenté de la réanimer.


Mais c'est la main de Samuel sur son épaule qui lui dit qu'il était temps d'arrêter.


« William...arrête de te faire du mal... »


Il continua tout de même le massage, et releva la tête vers Manon et Sofia.

Elles étaient toutes les deux, têtes collées contre la vitre. Les yeux rouges, des larmes coulaient abondamment sur leurs joues. Elles lui criaient dessus de faire quelque chose.


Biiiiiiiiiiiiip.....


Il eut une série d'images devant ses yeux : leur rencontre à la fac. Cette belle blonde qui l'avait ensorcelé. Leur premier baiser. Leur première fois. Leur emménagement dans leur miteux petit appartement parisien.L'arrivée surprise de Sofia dans leur vie. Leur fin d'étude. Leur déménagement. L'arrivée de Manon... et enfin Sète.


Elle n'avait pas le droit !



William se retourna, d'un coup, frappa fortement sa poitrine au niveau de son cœur, face à la surprise des autres dans la pièce.


Bip... bip...bip... bip...


Elle était revenue.






Le héros déchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant