Maître Albertine ne connait pas les méthodes roublardes. Elle se singularise par sa piété. Elle a reçu un enseignement catholique. Tous les dimanches, elle se présente à la messe. Les mots de Grégoire l’ont replongée dans son passé. Il y a quelques années de cela, sa meilleure amie Pascaline s’était sauvagement noyée alors qu’elle voulait rejoindre son mari et ses jumeaux. Pascaline représentait beaucoup pour Maître Albertine. Elles ont un passé commun celui d’avoir été trompé par leur mari. C’est ce qui avait poussé Pascaline à vouloir partir en Casamance pour rompre son mariage avec son imbécile de mari. Elle connaissait toutes les imbécillités de son mari et attendait le bon moment pour l’attaquer en justice. Toutefois, Pascaline s’était mise à l’idée que pour avoir la garde complète de ses jumeaux, il fallait qu’elle possédât les meilleures preuves. Malheureusement, les vagues en avaient décidé autrement. Après sa mort, son amie a voulu continuer les démarches pour récupérer les jumeaux afin de les éduquer. Nonobstant tous ses efforts, elle était contrainte d’abdiquer car le père des jumeaux était parti au Congo et depuis personne n’a eu de ses nouvelles.
Cette douloureuse histoire a fait que les paroles de Grégoire sont comme une sorte de pommade. De loin, elle ressent la souffrance de son meilleur ami. Elle se rend compte de la peine de perdre son meilleur ami, sa meilleure amie, de quelqu’un qui t’es proche. Pour une première fois dans sa carrière, elle est confrontée tout de même à un problème délicat qui nécessite toutes les expertises du monde car autant Djibril est accusé et qu’il a lui-même accepté les chefs d’accusation autant Maître Albertine doit l’innocenter à travers la meilleure plaidoirie. C’est une charge titanesque à laquelle la meilleure avocate du pays est confrontée. Ce n’est pas toujours facile de défendre l’indéfendable. Emprisonner Djibril est plus facile que l’innocenter. Toutefois, c’est en mémoire de Pascaline, qu’elle s’est engagée à réussir sa mission.
Le lendemain Maître Albertine est repartie voir son client. Elle a décidé de l’écouter une nouvelle fois pour voir est-ce que la même version lui sera présentée encore.
— Ne sois pas surpris de me revoir ici Djibril. Grégoire m’a convaincu de te défendre. Ce sera très difficile, je dois te le dire mais on va faire le nécessaire. Je veux que tu me redécrives les faits.
— D’accord, je vais vous refaire la scène de l’histoire. Déjà, Raïssa et moi sortons ensemble depuis un certain temps. Avant-hier, du moment que c’était la Saint-Valentin, la fête des amoureux, j’avais décidé de l’inviter dans un hôtel. Quand nous sommes arrivés, il était question de rester dans le restaurant de l’hôtel. Chose que nous avons faite. Nous sommes restés là pendant trente minutes et après Raïssa est partie dans les toilettes. À son retour, elle était plus belle. Je ne sais pas comment ça s’est passé mais nous nous sommes retrouvés dans la chambre d’hôtel. Je ne me rappelle pas grand-chose du moment précis où nous avons pris une chambre. C’est comme si nous étions tous les deux bourrés. C’est peut-être absurde mais c’est comme ça que nous nous sommes retrouvés seuls dans cette chambre.
— Je ne te suis pas Djibril. Cette explication est trop floue. Elle est dénudée de sens. T’es sûr que tu ne te rappelles pas du moment où vous avez pris une chambre ?
— Je n’ai jamais menti dans ma vie et ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer. Je vous le jure sur la tombe de ma mère que c’est la réalité.
— D’accord, tu peux continuer.
— Maintenant quand nous nous sommes retrouvés dans la pièce, je me souviens que j’ai voulu l’embrasser. Après ça, j’ai voulu me livrer à une séance de jambes en l’air avec elle. Elle n’a pas voulu. Elle ne voulait pas qu’on en arrivât là. J’ai…
La discussion est arrêtée par les chaudes larmes de Djibril. Il perd le contrôle de ses explications. Il pulvérise son chagrin.
Maître Albertine lui donne trois mouchoirs pour qu’il essuie ses larmes. Elle lui tend également une bouteille d’eau. Elle lui demande de prendre son temps avant de reprendre son souffle.
— Ne t’en fais pas Djibril. Je ne vais pas te juger. Je suis trop professionnelle pour comprendre mes clients. Si tu es prêt, on peut continuer.
— Je ne voulais que satisfaire ma libido. Je me suis comporté comme un pervers sexuel. J’ai violé Raïssa.
— C’est tout ?
— Oui c’est tout chère avocate.
— Et sa mort ? Qui l’a tuée alors ?
— Je ne sais pas. Les enquêteurs disent que c’est moi. Je ne m’en rappelle pas. Je ne me rappelle que de ce que je viens de vous dire. Je suis sûr et certain de l’avoir violée.
— En quinze ans de métier, c’est la première fois que je suis confrontée à une telle situation. Inutile de te le dire mais c’est compliqué. Je dois débarquer dans cet hôtel pour requérir d’autre éléments.
À suivre…
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Pots Cassés 🥃❌
AcciónEst-ce logique de payer pour un crime qui peut-être n'est pas le sien ? Une question qui constitue la charpente de cette histoire. Les personnages sont appelés à tour de rôle à découvrir des vérités profondes qui se cachent derrière des chimères. De...