Mentir à son fils

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— Ce que tu dis là est impossible Mody. Raïssa est morte depuis des jours. T’es sûr de ce que tu avances ?
Mody est un peu fâché. Il ne veut jamais qu’on doute de ce qu’il fait. Il range ses affaires.
— Comme que tu ne me fais plus confiance, inutile que je reste là.
Solange sait pertinemment que Mody est un génie. Il ne lui a jamais donné une piste erronée. Elle s’excuse auprès de lui.
— Je suis désolé mon frère. Je m’excuse vraiment. C’est juste que je ne m’attendais pas à cette information.
— D’accord, ce n’est pas grave. Toute ma vie, c’est ça. Rien ne m’échappe dans cet art. C’est ma passion. Ce que je fais là, ce n’est même pas de l’informatique. C’est un jeu d’enfant.
Solange est dans l’expectative. Une chose lui disait que Raïssa n’était pas morte. C’était évident que d’autres mystères subsistent.
— Je vais te raconter l’histoire et après tu me diras ce que tu en penses. Il n’y a que toi qui peut m’aider là-dessus.
— Ok grande sœur, je suis tout ouïe.
Solange désenveloppe tout. Elle explique tout à Mody. Depuis le début de l’histoire jusqu’à la découverte de Raïssa qui est entrée dans cette supérette. Elle lui dit tout.
Le jeune homme pouffe.
— Tu n’as qu’à sortir, prendre le micro, amener les griots et raconter cette histoire sur tous les toits. Maître Albertine et Djibril sortiraient quelques minutes après de prison.
— T’es pas sérieux toi.
— Je plaisante juste. J’ai une idée.
— Quelle est ton idée ?
— Déjà, nous allons mettre de côté ce que nous avons. Les preuves sont importantes mais c’est mieux qu’on sache pourquoi Raïssa n’a pas parlé depuis lors.
— Donc, tu veux qu’on rencontre Raïssa.
— Voilà. Mais avant tout, nous devons savoir si elle vit seule ou pas. Dans ces genres d’histoires, il ne faut rien admettre comme tel sans pour autant le vérifier.
— C’est une bonne idée. Car ces ministres peuvent même la kidnapper.
— Donnes-moi mon sac.
Mody sort une petite caméra de la poche centrale de son sac. Il la tend à Solange.
— Qu’est-ce que c’est ? Une caméra ?
— C’est ce qu’il nous faut. Tu dois faire tout pour la mettre dans un lieu où on pourra écouter et enregistrer Grégoire.
— Quoi ? Tu veux que je la mette dans sa maison ?
— C’est ça, exhume Mody les dents blanches.
— Mais c’est très risqué. Grégoire peut me tuer s’il se rend compte de ça.
— Je sais que tu peux le faire. Il n’en saura rien. Cette petite caméra numérique permet de communiquer avec l’image et parfois le son par les protocoles du Web. Je vais la connecter directement sur mon MacBook. Et à partir de là, je saurais tout ce que Grégoire fait.
— D’accord et après ?
— Après, je vais infiltrer le système de surveillance et le réseau informatique de la Division des Investigations Criminelles et de la Section de Recherches de la Gendarmerie. Comme ça, nous allons directement voir si le circuit est clair ou pas. C’est trop scientifique ce que je te dis. Je veux tout simplement savoir comment font ces quatre ministres pour écouler ces produits interdits.
— On n’a pas trop de temps. On va s’activer dès à présent. Je vais partir chez Grégoire.
— Tu ne connais pas un policier qui t’inspire confiance. Il pourra beaucoup nous aider.
— Si, j’en connais un.
Solange appelle Babacar Touré. Il décroche.
— Solange Manga, quelle surprise.
— Les vieux amis s’appellent, c’est normal.
— Je prends note même si je doute que tu sois si généreuse.
— J’ai un gros poisson. Je sais que tu recherches impétueusement le responsable de la mort de Salla. Ça va te surprendre mais je connais le meurtrier.
Babacar Touré se met debout. Il n’a plus besoin de se dégourdir les jambes. Ce gros poisson a tout changé.
— C’est qui alors ? Rejoins-moi à l’adresse que je vais t’envoyer demain à seize heures.
Aussitôt raccrochée, Solange prend la route de la maison de Grégoire. En cours de route, son portable sonne. C’est le Greffier du Tribunal de grande instance qui l’appelle.
— Bonsoir, Maître Manga !
— Bonsoir, Monsieur Le Greffier.
— J’espère que je ne vous dérange pas.
— Non, ce n’est pas grave. Donnez-moi juste deux minutes pour que je gare ma voiture.
Solange s’arrête au premier angle.
— Je vous écoute Monsieur Le Greffier.
— Je vous appelle pour vous informer que le procès de votre client Djibril se tiendra dans trois jours.
— Comment ça dans trois jours ? C’est impossible. Nous sommes dans un État de droit. C’est une affaire criminelle. Vous ne pouvez pas me donner l’information comme ça. Comment vais-je faire pour préparer la défense de mon client ?
— C’est un ordre hiérarchique. Nous n’y pouvons rien. Bonne chance.
Solange comprend que le Ministre de la Justice et son collègue de l’Intérieur ainsi que les  deux autres ministres veulent se débarrasser de Djibril, de Maître Albertine et de tout le monde. Ils veulent passer à autre chose. Le temps est précieux. Les choses sérieuses commencent.
Solange ne retrouve pas Grégoire chez lui. Il l’appelle. Celui-ci lui dit qu’il est en route pour une petite réunion. Il lui demande de prendre la clé dans la conciergerie.
Solange cherche le meilleur lieu pour y mettre la caméra. Elle ne trouve pas de lieu plus phénoménal que le bureau de Grégoire. Elle pénètre dans le bureau. Elle essaie tous les endroits. Mais, elle ne peut pas cacher la caméra. Ses idées l’orientent vers le tableau qui cache le coffre-fort. Elle met le tableau sur la table. Elle cherche un moyen pour y installer la caméra. Elle prend un tournevis et réussit à faire un petit trou sur le tableau. À l’aide d’une colle, elle parvient à créer une œuvre d’art. Personne ne peut faire la remarque et même Grégoire.

Grégoire retrouve la maman de Gilbert sur son lit en train de convulser. Son état l’inquiète. Il la soulève et lui donne une bouteille d’eau.
— Doucement maman, vas y, tu peux boire.
— Maurice ? C’est toi Maurice ?
— Non, je m’appelle Grégoire. Tu ressembles beaucoup à mon fils Maurice. Pourquoi tu es là ?
— Je suis venu pour te conduire à l’hôpital. Tu dois faire ton opération. Je suis un ami de Gilbert. C’est lui qui m’a envoyé.
— Il est où ? Ça fait des jours qu’il n’est même pas venu me voir alors qu’il sait que je suis à quelques jours de ma mort.
— Non, ne dis pas ça maman. Gilbert va bien. Il m’a donné de l’argent pour que je te soigne. Il pense beaucoup à toi. Il va venir dès que possible. Maintenant allons y. Le médecin t’attend.
Grégoire amène la maman de Gilbert à l’hôpital. Il la laisse entre les mains du chirurgien. Avant de partir, il dit à la dame.
— Je dois partir mais je vais revenir dès demain. Je ne t’ai même pas demandé ton nom maman. Tu t’appelles comment ?
— Je m’appelle Hermione.

Le lendemain, Grégoire a convié son papa chez lui. Histoire de régler leurs comptes. Ils entrent dans le bureau de Grégoire.
Mody, Solange et Babacar Touré peuvent regarder ce qui se passe sur l’ordinateur de Mody. Babacar Touré est impressionné par le talent de ce jeune informaticien.
— Voyons voir, qu’est-ce qu’on a ici. Mody allume l’ordinateur.
On peut clairement voir la discussion entre Stéphane et son fils. La discussion est brûlante. Chacun reproche à l’autre quelque chose. Des découvertes sont faites une à une. Les révélations se succèdent mais ne se ressemblent pas. Jusqu’au moment où Grégoire lui dit.
— Papa, tu es un monstre. Tu pouvais tout faire sans me rendre orphelin de mère. Pourquoi tu m’as caché que tu as tué maman. Je sais tout et ne me dis pas que ce n’est pas la vérité.
— Oui, je t’ai menti mais c’était pour ton bien.
— Pour mon bien, tu dis ? Tu es le plus détestable des papas. Et tu vas me le payer. Je te jure que tu vas me payer ce que tu as fait à ma mère.
Grégoire sort son pistolet qu’il tend vers son père.
— Tu veux me tuer. Vas y, fais-le. Tu vas devenir pour une première fois de ta vie orphelin.
— Qu’est-ce que tu veux dire par-là papa ?
— Je n’ai pas tué ta mère même si je voulais qu’elle croupisse en enfer. Je n’ai pas tué ta mère Hermione. Maurice Mendy est ton vrai nom. Je n’ai pas tué ta mère Hermione. Beaucoup de choses se sont passées entre ta mère et moi. Si je suis devenu une personne insipide et dangereuse, c’est à cause d’elle. Gilbert ? Gilbert est ton frère. Mais lui aussi, il ne le sait pas.
Grégoire laisse le pistolet tomber. Il s’affaisse lui aussi. Une mère reconnaît toujours son enfant. Hermione avait raison. Elle ne pouvait pas confondre le petit frère de Gilbert à un autre.

À suivre…

Pots Cassés 🥃❌Où les histoires vivent. Découvrez maintenant