Seule issue

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Babacar Touré est très intelligent. Il partage un trait de caractère avec celui avec qui il parle ; il sait écouter quand son interlocuteur parle. C’est une attitude positive. Le pouvoir de l’interlocutivité exige de ceux qui parlent une écoute attentive. Quand l’autre parle, il faut bien l’écouter pour appréhender la primeur de son discours. Quand tu parles, l’autre doit t’écouter pour que la communion oratoire se fasse vivre. Le jeune capitaine trouve le silence de Stéphane très emmerdant. Le policier peste encore.
— Monsieur Mendy, je m’adresse à vous. Qu’est-ce qui justifie votre appel très tardif ?
— Si, vous avez raison. J’avais même oublié cet appel. Dernièrement, j’avais constaté que Salla était très fatiguée. J’avais vu qu’elle était angoissée. Elle n’arrivait plus à l’heure à l’hôtel. Je l’ai appelée hier pour qu’elle se repose et qu’elle prenne des jours de congé. Y a quelque chose avec cet appel ?
Babacar Touré se gratte les joues. Il est venu pour avoir plus d’informations sur Salla et non pour répondre à des questions comme celle de Stéphane. Cet appel à une heure si tardive de la nuit ne paraît pas aventureux à ses idées. Si c’est uniquement pour cette justification, Stéphane doit être si cinglé pour appeler Salla à cette heure et ne pas attendre le petit matin. Ça n’a aucun sens. Le policier parvient à étudier le regard de Stéphane, il sait qu’il ne joue pas franc jeu avec lui. Il ment pour une raison ou une autre. Cet appel ennuage des mystères.
— L’enquête suit son cours. Toutes les personnes seront entendues sur cette affaire. La mort de Salla ne restera pas impunie. Croyez-moi Monsieur Mendy.
— Je mets tout l’hôtel à votre disposition. Pour n’importe quelle question, vous pouvez m’interroger. Idem pour les autres membres de l’équipe. La vérité doit être connue. Salla mérite cette faveur. Elle a toujours fait son travail avec beaucoup d’amour.
— À présent, je vais partir. Restez joignable mon cher Stéphane. Bonne journée.
— Ne vous en faites pas. Passez également une merveilleuse journée.

Grégoire a invité son nouvel amour chez lui. Ils discutent de tout et de rien. Solange répond aux caprices du jeune homme. Elle sait qu’à la moindre erreur, elle peut tout capoter. D’autant plus qu’elle ne sait pas grand-chose sur Grégoire. Elle n’a que des soupçons sur lui. Grégoire veut l’embrasser. Elle l’arrête.
— Non Grégoire attend, s’il te plaît.
Solange recule un peu avant de refaire sa perruque.
— Mais Solange quel est ton problème ? Depuis qu’on sort ensemble, je ne peux même pas avoir un bisou venant de toi. C’est quel genre de relation ? Quand je m’approche de toi, tu t’éloignes. À chaque instant, tu essaies de trouver une excuse. Je ne te comprends pas franchement.
Grégoire a quand-même raison. Des gens qui s’aiment doivent plus se rapprocher plutôt que de s’éloigner. Une remarque pertinente qui ne laisse pas Solange sur ses assises. Elle réplique.
— Toi aussi mon amour, qu’est-ce que tu dis ? Tu dois juste me comprendre. Je veux qu’on y aille doucement. Tu ne vois pas que je suis timide ? Je te l’ai déjà dit, t’es mon premier copain. Je n’ai jamais été en couple. Honnêtement, je ne connais pas grand-chose en amour. Histoire de flirt même, je ne peux rien te dire sur ça. Je suis une novice en la matière. C’est pourquoi je veux qu’on prenne notre temps. Il faut qu’on apprenne à mieux se connaître. Avec le temps, on aura une relation normale et tu verras que Solange est à toi.
Solange s’accoste de lui. Elle espère juste que ses mots sont convaincants.
— Viens dans mes bras mon amour. Je m’excuse de t’avoir dit tout ça. Tu sais que je t’aime trop. C’est la raison pour laquelle, je veux te montrer mon amour. Tu as raison. Je ne veux qu’une chose, être à tes côtés le restant de mes jours. Je veux même me marier avec toi. Je vais te donner tout le temps nécessaire.
Une longue accolade avant que Grégoire ne reprenne la parole.
— Je vais prendre mon bain bébé. Après, je vais te déposer chez toi avant de passer à GalsenVoice. Donnes-moi trente minutes.
— D’accord mon amour. Fais vite s’il te plaît.
Grégoire est entré dans la salle de bain. Trois minutes après, Solange sort de la chambre. Elle marche doucement pour ne pas être entendue. Elle s’immisce dans le petit bureau de Grégoire. Ça se trouve derrière le salon. Il y a tout un tas de dossiers. Grégoire n’a jamais autorisé à une personne d’y rentrer. Solange cherche à trouver une chose. Un document. Un bloc-notes. Elle ne trouve rien sur la table. Elle continue à chercher. Elle regarde sur la petite bibliothèque. Les livres sont déplacés un a un. Un petit tour à côté de la chaise. Il n’y a rien de suspect. Solange voit qu’il y a un joli tableau placardé sur le mur d’à côté. Un tableau mystérieux avec des figures géométriques de toutes sortes. Elle ne comprend pas ce que ces dessins artistiques signifient. Il y a du sang. Une sorte d’épée. Un homme qui poignarde un autre. À peine qu’elle ait touché le tableau, ipso facto, il tombe. Un bruit anime le bureau. À la grande surprise de Solange, il y a un coffre-fort. Le tableau le masquait. Solange récupère le tableau pour le remettre à sa place. Elle ne connait pas le code du coffre-fort sinon elle allait l’ouvrir. Elle se retourne à côté de la bibliothèque. Elle ouvre le tiroir. Le dossier A-380 est là. Elle essaie –‘ouvrir le classeur. Subitement, la voix de Grégoire retentit dans le bureau.
— Qu’est-ce que tu fais dans mon bureau ? Tu cherches quoi Solange ? Je m’adresse à toi.
Solange est dans le pétrin. Elle doit trouver une bonne raison pour sortir de ce précipice. Les mots d’amour peuvent tout faire. L’amour peut tout changer. Elle reprend les mots d’une célèbre poétesse.
— Être avec les gens qu’on aime, dit Jean de La Bruyère, cela suffit. Rêver leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d’eux, tout est égal, on se sent bien. Ô mon chéri, que cela est vrai ! Et qu’il est vrai aussi qu’on en prend tellement l’habitude, que cela devient une partie nécessaire de l’existence ! Hélas ! Je sais bien, je dois savoir trop bien, depuis dix minutes que je suis loin de toi, que je ne te possède plus, que mon bonheur gémit. Chaque matin, lorsque je me réveille, je te cherche ; il me semble que la moitié de moi-même me manque, et cela est trop vrai. Vingt fois dans le jour je me demande où tu es : juge combien l’illusion est forte, et qu’il est cruel de la voir disparaître ! Lorsque je me couche, je ne manque pas de te faire ta place ; je me pousse tout près du mur, et laisse un grand vide dans mon petit lit. Ce mouvement est machinal, ces pensées sont involontaires. Ah ! Comme on s’accoutume au bonheur ! Hélas ! On ne connaît son bonheur que lorsqu’on l’a perdu ; et je suis sûre que nous ne savons combien nous sommes nécessaires l’un à l’autre, que depuis que la foudre nous a séparés. Tu me manques terriblement, je t’embrasse tendrement mille fois. Je mens, toi et moi sommes faits pour être ensemble. Ce tendre message est une déclaration d’amour pour toucher ton cœur. De doux mots amoureux pour te dire qu’ensemble nous serions heureux. Un beau couple fabuleux, les plus beaux des amoureux. Ouvre-moi ton cœur, je veux y faire entrer le bonheur. Je t’aime en secret. Quand tu es loin de moi mon amour, mon cœur malheureux se meurt dans la solitude. Chaque instant j’ai besoin de ton cœur, j’ai besoin de ton sourire et de tes regards chaleureux. Quand tu n’es pas là pour m’encourager et me soutenir, quand je n’entends plus ta voix mon ange, je suis comme une enfant sans sa mère. Je t’aime à la folie bébé. Mon Petit Grégoire, je n’ai pas plus de mérite à t’aimer, que les rivières n’en ont à couler, où le feu à brûler : c’est ma nature, c’est mon essence : Je t’aime parce que je t’aime. Je t'adorerais encore, même s'il me serait libre de choisir l’indifférence ou l’amour, la constance ou l’inconstance, mais cela ne l’est pas, ne pouvant contredire mon cœur qui t’aime : Je t’aime. Aime-moi de même, quand un cœur d’amour est brûlant, il ne sent pas ce qui est tiède. Dis-le-moi souvent, dis-moi que tu n’as jamais aimé comme tu m’aimes, que je sois la seule que tu puisses aimer ainsi. Dis-le-moi encore, dis-le-moi toujours. Mon amour, époux adorable, mon univers, toi le charme de ma vie, la consolation de mes maux, la douceur de mes nuits, le plus aimable et le plus aimé des hommes ; je presse ton cœur contre le mien, et mes lèvres ardentes cueillent sur tes lèvres humides le bonheur et la volupté. Donne-moi ta langue, donne-la moi, cette langue parfumée que je cherche amoureusement, et qui m’apporte la joie de vivre. Mille baisers je t’envoie, en attendant de te serrer dans mes bras. Je suis tout à toi. Je veux que tu me fasses vivre l’amour. Je suis prête mon amour.
Solange se déshabille. Elle enlève sa robe. Elle se retourne pour se mettre en face de Grégoire. Elle est toute nue. Elle reprend.
— Viens, je suis prête à te combler de joie. Fais-moi l’amour.
Grégoire est ébahi par les rondeurs de la jeune avocate.

À suivre…

Pots Cassés 🥃❌Où les histoires vivent. Découvrez maintenant