Première fois à l'hôtel

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Maître Albertine prend congé de Djibril. L’avocate prend la direction de l’hôtel. Dès son arrivée, elle présente sa carte aux deux vigiles en garde. De toute façon, tout le monde au pays la reconnait. Ses nombreuses sorties à la télé en disent long sur sa popularité. Contre vents et marées, elle lutte contre les violences faites aux femmes. Maître Albertine assure la cellule juridique de pas mal d’organisations œuvrant dans le domaine de la protection des femmes ainsi que de la promotion des droits de la femme. À l’aide d’un bloc-notes, elle s’adresse un à un aux deux vigiles.
— Comme vous le savez, il y a eu une scène macabre qui s’est présentée la nuit de la Saint-Valentin dans ce dispositif hôtelier. Mon client est actuellement arrêté et j’aimerais que vous m’aidiez en répondant à certaines questions.
— Nous ne pouvons rien vous dire pour le moment. Nous n’avons pas le droit de vous dire quoi que ce soit. Les responsables de l’hôtel nous ont formellement interdits de nous prononcer dans la situation. S’empresse de lui répondre le premier qui continue de manipuler son téléphone.
— Mon ami a raison. Les gendarmes étaient venus ce matin. Ils veulent que nous ne nous prononcions pas sur cette affaire. Du moins, jusqu’à ce que des pistes plus claires soient établies. Le second lui emboîte le pas.
— Je vous comprends mes amis. C’est tout à fait normal que vous gardiez le silence en de pareilles circonstances. Toutefois, mes questions n’ont rien de méchant. Je veux juste que vous me présentiez le décor de la nuit du meurtre.
Les deux vigiles restent de marbre. Ils font la fine bouche. L’avocate continue de se baser sur sa capacité de persuasion pour leur faire parler. Elle lui arrive de supplier les deux vigiles. Elle s’agenouille et se prosterne devant eux. Sentant la fatigue qui commence à prendre possession dans les incantations de l’avocate, ils finissent pas accepter de répondre à ses questions. L’entrevue peut dès lors débuter.
— Confirmez-vous avoir vu Djibril et Raïssa dans cet hôtel la nuit de la Saint-Valentin ?
— Vous savez que nous ne connaissons pas tous les gens qui viennent à l’hôtel. Nous ne gérons que la sécurité. Nous étions quatre vigiles en garde cette nuit-là. C’est le lendemain qu’on a pu voir le visage de celui qui a été accusé. Sur ce, nous confirmons bel et bien avoir vu Djibril et Raïssa dans cet hôtel. Assure le premier.
— Où sont les deux autres vigiles ? Demande Maître Albertine au second vigile qui ne cesse de la regarder.
— Ils ne travaillent plus dans cet hôtel. Ils ont été affectés dans un autre hôtel.
— Dans un autre hôtel ? Maître Albertine renchérit l’air inquiet.
— C’est ce matin d’ailleurs qu’ils ont été affectés.
— Et pourquoi ?
— Nous ne savons pas réellement la raison. En tout cas, le propriétaire de la palace a trois hôtels.
— Est-ce la première fois qu’on affecte deux des vôtres comme ça ?
Le premier vigile n’est pas content, à ce qu’il paraît, des questions de l’avocate.
— Chère madame, je vous répète que nous assurons la sécurité de l’hôtel uniquement. Si vous voulez des réponses suffisantes à vos questions, s’il vous plaît, allez voir le directeur. Il vous répondra. Nous ne voulons pas perdre notre travail.
— Perdre votre travail ? Maître Albertine ne comprend pas pourquoi le vigile tremble. C’est comme s’il en savait plus mais qu’il ne veut pas parler sous peine d’une menace.
— Je suis désolé mais je ne vais pas vous répondre. Je n’en sais absolument rien. Allez voir le directeur.
Plus déterminée que jamais, l’avocate se tourne vers l’autre vigile.
— Depuis que vous êtes dans cet hôtel, avez-vous une fois vu certains de vos pairs être affectés de cette manière ?
— D’habitude, l’affectation dans une autre structure se fait après qu’il y ait une notification datant de quinze jours à l’avance.
— Vous voulez donc dire que ça n’a pas été le cas avec l’affectation des deux autres vigiles ?
— Je ne sais pas. C’est possible qu’ils soient informés quinze jours avant. En tout cas, ils ne m’ont rien dit. C’est le jour même de leur départ que j’ai su la nouvelle.
— Je n’ai plus de question. Merci beaucoup pour votre amabilité.
— Je vous en prie chère avocate.
Maître Albertine se dirige vers la porte avant de revenir vers les deux vigiles. Le second lui demande cette fois.
— Avez-vous oublié quelque chose ?
— Non mon ami. Mais, est-ce possible que je rencontre le directeur ?
— C’est possible mais vous devez d’abord aller voir la réceptionniste. C’est elle qui va vous guider.

L’avocate prend la grande véranda et tombe sur une discussion entre un homme et la réceptionniste. Avant même de parler, c’est la réceptionniste qui la salue reconnaissant certainement son visage.
— Bonjour, chère avocate. Soyez la bienvenue chez nous.
— Bonjour et merci pour l’accueil.
— Charmante dame, je suis ravi de vous rencontrer. Je m’appelle Stéphane Mendy. Je suis le patron de cet hôtel. Pendant longtemps, j’ai entendu parler de votre savoir-faire. Je veux même travailler avec vous. Je veux que vous assuriez notre cellule juridique.
— Je suis vraiment très honorée par vos mots. Ça me ferait vraiment plaisir. Cependant, j’ai une affaire en cours. D’ailleurs, je suis venu vous voir.
— Quelle affaire ?
— Le meurtre de Raïssa. Je suis l’avocate de l’accusé et j’ai des questions à vous demander.
Stéphane regarde l’avocate tout en caressant sa barbe.

À suivre…

Pots Cassés 🥃❌Où les histoires vivent. Découvrez maintenant