— Franchement, tu as vécu une enfance très pénible. D’après tes explications, je vois que tu n’as pas toujours été heureux. Si on y rajoute cette affaire, je ne sais pas quel qualificatif devrais-je utiliser pour te décrire. L’essentiel dans cette vie demeure la capacité à endurer les choses. Il n’est guère écrit que le malheur s’avère éternel. Il n’est nullement écrit aussi que le bonheur soit toujours introuvable. Le juste milieu c’est ce qui est important. Savoir que notre passage sur terre n’est pas toujours auréolé d’éclats car autant la vie est brève autant elle ne peut être embellie que par nous. Nos actes ne nous décrivent pas toujours. Nous commettons des erreurs qui parfois nous sont fatales. Certaines personnes vivent même ce qu’on appelle le karma.
Maître Albertine est arrêtée par Djibril. Il veut savoir la définition de ce mot. Il le voit toujours à la télévision mais peine à le définir. Beaucoup en parlent mais il n’a pas encore eu l’occasion de leur demander la signification. L’occasion faisant le larron, il en profite.
— Qu’est-ce que le karma maman ? Je veux savoir la définition de ce mot. Je ne sais pas mais juste sa prononciation est exceptionnelle.
Les dents blanches de Djibril orchestrent sa joie d’être en face de celle qu’il considère à présent comme sa maman.
— Dans plusieurs religions orientales, le karma est le cycle des causes et des conséquences lié à l’existence des êtres sensibles. Le karma est comme une science de la ressouvenance. C’est revivre des choses qui ont été déjà vécues dans le passé. Un mélange de bonheur et de malheur qui se régénère.
Cette fois-ci, c’est Maître Albertine qui sourit. La réplique de Djibril est toute magnifique.
— Maman, j’ai remarqué également que vous ne cessez de sourire depuis quelques instants. Suis-je si drôle ? Grégoire m’appelle souvent le clown. Ce petit trublion me manque trop.
— Djibril, je ne sais pas mais quand je suis à tes côtés, je ressens beaucoup d’émotions. J’oublie même que je suis ton avocate tellement des frissons m’enveloppent. Ton visage si innocent, ta voix si douce, tes yeux bruns, ton sourire éclatant me rendent plus téléspectatrice qu’actrice. Je peine à savoir la vraie raison mais c’est comme si je t’ai déjà rencontré. Aussi tu ressembles trop à ma fille.
— T’as une fille maman ? Waouh, je ne savais pas. Elle est où ?
Les yeux de l’avocate deviennent rouges. Les poils de sa main bougent. Les palpitations de son cœur s’accélèrent. Maître Albertine tremblote. Elle se réajuste avant de réaffirmer son sourire légendaire que supporte sa beauté de métisse.
— La raison d’être d’une maman, c’est de repousser les frontières de la souffrance, de former des amas de peines, de transformer toutes joies intimistes en des cargaisons de bonheur pour sa progéniture. Une maman n’est pas à remplacer. Ses bénédictions traversent ce monde sensible, voyagent dans les univers intelligibles, et reviennent pour protéger ses enfants. Dire merci à maman, c’est déjà accepter son importance.
— Merci maman alors même si la mienne ne m’a pas fourni la même justification.
— Tu sais Djibril, parfois, nous pensons bien faire pour nos enfants alors que tel n’est pas le cas. Nous essayons d’oublier notre propre bonheur alors que nous cousons leur malheur. Toute joie n’est pas vraie. Toute tristesse n’est pas vérifiée. Quand j’étais jeune, Il m’arrivait de penser à ceux qui n’avaient jamais vu la silhouette de leurs parents. Il arrivait aussi que mes pensées s’accrochassent à la trajectoire des personnes qui avaient très tôt perdu leurs parents. Il m’était donné parfois l’opportunité de pleurer rien qu’en pensant au jour où peut-être je ne reverrai plus mes parents. J’interrogeais cette hypocrite vite. Aujourd’hui, je sais que ma pensée est tronquée. Car, il m’arrive plus de penser aux parents qui ne voient plus leurs enfants.
— Calme-toi maman. Je ne voulais pas te rappeler de mauvais souvenirs. Je suis désolé.
— Non Djibril, tu n’as rien fait. Un jour, je t’expliquerai. Un jour, je te dirai tout ce qu’une mère est capable de faire pour son enfant. Un jour, je te montrerai pourquoi l’amour d’une mère envers sa progéniture est immensurable.
— Comme tu es appréciable Maître Albertine ou maman. Je t’aime vraiment. Tu es plus qu’une avocate pour moi. Tu es ma maman.
— Je doute pouvoir te défendre. Je blague. C’est juste que tu me fais vivre un bonheur immense rien qu’en te voyant. Je vais te sortir de là. Aussi long que puisse être ce combat, je ferai tout pour le remporter. Quelque chose me dit que quelque part, il y a des non-dits. Stéphane et les deux vigiles vont m’éclairer la lanterne.
— Vous avez dit Stéphane ?
— Oui Stéphane, tu le connais ?
Djibril perd ses mots. Il regarde Maître Albertine faisant la mine de quelqu’un qui se remémore d’une histoire. Il reprend la parole.
— Ce nom me dit quelque chose. Je pense l’avoir déjà entendu. Je ne sais plus exactement quand et où mais ce nom ne m’est pas étranger.
— Stéphane est le directeur de l’hôtel où s’est passée l’affaire de Raïssa. Ce mec est bizarre. J’ai eu à parler avec lui mais il me cache des choses. L’intuition de ma robe noire me dit qu’il peut beaucoup m’aider.
Djibril saute sur sa chaise. Il s’écrie.
— Oui je le connais. Non, c’est impossible.
À suivre…
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Pots Cassés 🥃❌
AcciónEst-ce logique de payer pour un crime qui peut-être n'est pas le sien ? Une question qui constitue la charpente de cette histoire. Les personnages sont appelés à tour de rôle à découvrir des vérités profondes qui se cachent derrière des chimères. De...