Dans ma tête [Link x Esme]

1 - LE SOUFFLE D'ÉCARAILLE

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LE SOUFFLE D'ÉCARAILLE

Dans la tête d'Esme s'étaient toujours trouvées mille et une pensées, se bousculant les unes les autres, envahissant tout son esprit, la laissant parfois à peine respirer. Toutes les secondes de toutes les minutes de toutes les heures. Partout et tout le temps. Jamais son cerveau n'était en repos, jamais il ne la laissait profiter, pas même lorsqu'elle dormait. En réalité, les seuls moments de tranquillité qu'elle arrivait encore à s'accorder, c'était lors d'instants comme celui-ci.

Les doigts enfoncés dans le sable, elle sentait les grains s'introduire sous ses ongles, les minuscules coquillages chatouiller sa peau. Elle sursauta presque quand l'eau vint frôler ses orteils ; elle s'asseyait toujours assez près pour que les vagues l'effleurent à peine. Les yeux fermés, elle pouvait voir les oiseaux qui chantaient au-dessus de sa tête, certainement des mouettes. Une vague se fracassa contre un rocher sur sa droite et son oreille suivit l'origine du bruit en se redressant.

Elle ne savait plus exactement quand elle avait commencé à méditer, ni quand cela lui était devenu indispensable. Mais se concentrer sur ses sens, analyser son environnement, ça avait quelque chose de rassurant. Avec le temps, elle méditait mieux, si elle pouvait dire ça de cette manière. Elle devait se concentrer, procéder méthodiquement, se détendre.

L'ouïe était le premier sens sur sa liste. Ici, au bord de l'eau, sur l'une des plus belles plages du Royaume, à Écaraille, on pouvait entendre les oiseaux, l'eau se retirer pour revenir plus fort encore, les rires des enfants qui jouaient à la balle derrière elle. Le toucher était particulier. Les grains de sable grattaient sa peau, mais d'une manière agréable, comme pour la gommer de tous ses défauts. Les rayons du soleil donnaient à son teint hâlé une couleur éclatante, réchauffaient tout son être au-delà de son épiderme.

L'odorat était difficile à contrôler. Depuis le début de sa séance déjà, son estomac criait famine, attiré par les odeurs de poisson frit qui s'échappaient de la cabane de Chala. Ces odeurs se mêlaient à celle de l'océan, au sel et à celles du soleil. Parce qu'elle était définitivement convaincue que le soleil avait une odeur. Quant au goût...elle n'eut qu'à tendre la langue et attendre quelques secondes avant qu'une goutte d'eau salée ne s'y échoue. L'expérience la fit doucement rire et elle finit par ouvrir les yeux.

  – Tu as fini ?

   – Je crois bien.

Elle inspira profondément, tentant de s'imprégner le plus possible de cette sensation d'apaisement, de plénitude, de sérénité que, elle en était sûre, elle n'était pas prête de revoir de si tôt. Quelques secondes plus tard, les mille et une pensées firent irruption dans son esprit.

Elle attendit que son amie lui donne la raison de son intervention, mais les minutes s'écoulèrent sans qu'elle ne prenne la parole.

   – Il se passe quelque chose ? Demanda finalement Esme.

   – Oui, concernant les secousses qu'on a senties il y a quelques jours.

Finie la méditation, fini le repos, fini l'apaisement. Esme ferma les yeux pour inspirer et hocher la tête. Elle se souvenait parfaitement de ces micro tremblements de terre. Elles avaient convenu qu'ils avaient dû se produire aux alentours du château, ou dans les Plaines d'Hyrule. Mais ils s'étaient fait sentir jusqu'ici, au sud du Royaume et avaient causé un mouvement de panique dans les villages.

   – Tu en as senti de nouvelles ? Interrogea Esme.

  – Non mais...Il y a quelque chose qui cloche. On dirait que les rapports de forces ont...changé. Il a dû se passer quelque chose aux alentours du château, je ne saurai pas dire quoi.