Dans ma tête [Link x Esme]

28 - LA CHUTE

28
LA CHUTE

   Un jour, les tours tombèrent. Ce fût le même jour que celui où les Gardiens s'éteignirent tous en même temps. Le même jour encore que des fumées rougeâtres et noirâtres se répandirent dans les couloirs du château qui avaient commencé à être réhabilités. Elles se répandirent sournoisement, silencieusement, alors que la plupart du château était encore endormi. Elles se faufilèrent sous les portes et entre les fenêtres, sous les tapis et entre les rideaux, dans les draps de lit et traversèrent les pores de la peau. Elles s'attaquèrent aux poumons, au coeur et même aux os.

   Ce jour-là, Esme fut sortie de son sommeil car la terre s'était mise à trembler sous ses pieds. Ce jour-là, elle s'était dit que peut-être que la fin du monde était arrivée plus tôt que prévue, que peut-être qu'ils n'avaient pas vaincu Ganon et qu'il revenait plus fort encore. Au début, elle avait cru que ces tremblements de terre étaient dans sa tête, qu'ils faisaient partie d'un cauchemar dont elle avait du mal à s'extirper. Mais quand Link s'était redressé à ses côtés et qu'il avait posé un regard paniqué vers elle, elle avait compris que c'était bien la réalité.

– Je vais chercher Zelda ! S'écria Esme en sortant précipitamment du lit et en attrapant son arme posée au sol.

   Link se contenta de hocher la tête en descendant de son côté pour enfiler pantalon et chemise. Les murs du château tremblèrent de nouveau, plus fort. Esme jeta un regard inquiet à Link. Et si les cauchemars qu'elle faisait depuis des mois étaient sur le point de se réaliser.

– Commandants !

   Link ouvrit la porte au moment même où un des soldats de la garde royale d'Hyrule se mettait à tambouriner contre le bois.

– Où est la princesse ? S'exclama-t-il en le bousculant pour passer.

– Toujours dans ses appartements !

   Au troisième tremblement, Esme se retint au mur et Link attrapa son bras. Toutes les portes du couloir s'ouvrirent pour laisser passer Hyliens, Zoras, Gorons et Gerudos. Tous se précipitèrent dans les couloirs pour sortir. La plupart avaient revêtu armures et épées et se bousculèrent pour faire face au potentiel ennemi qui se permettait d'attaquer le château de la princesse au petit matin.

   Le brouhaha des cris couvrit bien vite le bruit du martèlement de chaussures et des pierres qui commençaient à tomber ça et là.

– Il faut sortir tout le monde d'ici ! S'écria Esme pour que Link puisse l'entendre.

– Va chercher la princesse ! Je m'occupe d'évacuer les civils ! Répondit-il en adressant un regard au soldat à côté pour qu'il fasse passer le message.

   Il savait qu'il était inutile de lui demander de sortir avec les autres, que lui s'occuperait d'aller chercher Zelda. Elle n'aurait jamais accepté, elle l'aurait suivi en douce, elle aurait répondu qu'elle n'avait pas été proclamée cheffe des armées pour fuir. Esme se contenta de hocher la tête et se redressa de toute sa hauteur.

– Je t'interdis de mourir...encore ! S'écria Link quand elle fit demi-tour pour se précipiter vers les couloirs adjacents.

– Compte sur moi, crétin de prodige ! Répondit-elle sans se retourner.

   Elle s'enfonça plus profondément dans le château, hurlant au passage aux habitants qu'elle croisant de se dépêcher de sortir, qu'ils ne savaient pas encore d'où provenaient ces tremblements, que cela pouvait recommencer à tout moment.

– Zelda ?! Est-ce que tu m'entends ?! Est-ce que tout va bien ?!

– Je vais bien ! Répondit-elle après un seconde. Nous sommes dans le couloir ! Sors d'ici !