Dans ma tête [Link x Esme]

36 - LA NEIGE DES MONTAGNES D'HÉBRA

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LA NEIGE DES MONTAGNES D'HÉBRA

Esme posa pied à terre au beau milieu de la tempête. La neige qui tombait au QG de Bourgette, à l'entrée du village Piaf, n'était rien comparée à ce côté de la région de Tabanta, juste aux pieds des montagnes d'Hébra. Il n'y avait plus âme qui vive. Les loups blancs et les élans qui rodaient habituellement aux alentours avaient disparu, même les caractéristiques fleurs glagla de la région n'étaient plus visibles et le brouillard était si dense qu'elle ne pouvait rien voir au-delà de quatre pas. Rien sauf les vagues feux immenses que Harfor avait allumé à proximité du châlet pour permettre aux Piafs de se repérer.

   Link se posa à ses côtés et elle se demanda comment il avait pu continuer à la suivre parfaitement au milieu de la tempête, mais elle ne lui demanda pas. Elle avait l'impression de se retrouver trois ans en arrière, quand Link et elle avaient parcouru Hyrule et ses régions pour libérer les créatures divines et sauver Zelda. Elle avait l'impression que l'histoire se répétait de nouveau, mais elle n'était pas certaine que l'issue serait la même. Et si cette fois, c'était la fois de trop ?

– Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-elle quand Link agrippa son poignet.

   Il y enroula un bout de tissu au moins long de trois mètres avant de faire un nœud et de tirer dessus pour s'assurer qu'il était bien fixé. Après quoi, il attrapa l'autre extrémité pour la lier à son propre poignet.

– On y voit rien, on pourrait se perdre de vue. Nous connaissons mal les montagnes d'Hébra, vaut mieux ne pas se séparer.

   Elle hocha la tête et fit tourner plusieurs fois son poignet pour détendre le nœud. Elle tremblait de tous ses membres, elle sentait à peine ses orteils et ses dents claquaient tellement qu'elle doutait qu'elles allaient bientôt se briser, mais Esme ne montra aucun signe de faiblesse. D'un geste silencieux, ils commencèrent à avancer vers le châlet, luttant contre la force du vent et des éléments, chaque pas devenant plus dur que le précédent.

   Elle n'arrivait pas à croire que c'était la deuxième fois que le peuple Piaf était privé de voler. D'abord à cause d'une machine détraquée tirant sur tout ce qu'elle pouvait trouver dans le ciel, maintenant à cause du pouvoir qu'ils étaient censé parfaitement maîtriser.

– Te rappelles-tu de la fois où Edera nous a demandé d'embarquer avec lui sur son radeau ?

   Esme fronça les sourcils et tourna la tête vers son partenaire.

– Quoi ? Pourquoi est-ce que tu me parles de ça ? S'écria-t-elle pour que sa voix porte malgré le vent.

– T'en rappelles-tu ? Insista-t-il.

– Bien-sûr que je m'en rappelle ! Il était complètement euphorique, ce jour-là !

– Je ne t'avais jamais vu autant rire avant ce moment-là.

– Edera est... Il a une place spéciale dans mon cœur.

   Elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander où lui et ses parents avaient bien pu trouver refuge. À Elimith ? Cocorico ? Euzero, situé près d'Écaraille ? Ce qui était sûr, c'est qu'ils n'étaient pas à Fort de guet.

– Je te promets de te construire cette maison, quand le calme sera revenu. Celle que tu lui as décrite ce jour-là, quand il t'as demandé quel était ton rêve.

   Cette fois, elle tourna vivement la tête vers lui et sentit son coeur se réchauffer quand il lui sourit, les lèvres bleuies par le froid. Elle s'en rappelait parfaitement, comment elle avait parlé de cette cuisine aux carreaux jaunes, de ces tapis de paille, de cette écurie pour Irisia, de cette chambre d'ami pour Zelda et de cette salle d'armes qu'elle s'était surprise à vouloir au fil des années.