Dans ma tête [Link x Esme]

18 - TOI, MOI ET ZELDA

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TOI, MOI ET ZELDA

   Lorsque Esme se réveilla, elle se dit que cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait plus dormi dans un lit aussi confortable. Puis une migraine lui traversa le crâne et elle finit par ouvrir les yeux. Elle mit quelques secondes à comprendre où elle se trouvait, mais quand elle distingua nettement l'écorce qui recouvrait les murs, elle se rappela de la soirée de la veille dans les moindres détails. Elle se redressa vivement malgré la douleur dans son crâne qui lui ordonnait de rester couchée.

   Quand était la dernière fois qu'elle avait pleuré ? Quand était la dernière fois qu'elle avait pleuré devant quelqu'un ? Pourquoi avait-il fallu que ce soit lui qui soit là pour voir ce spectacle ? Elle se sentit tiraillée entre la honte d'avoir montré une de ses faiblesses, la peur que le chevalier ne la rejette maintenant qu'il savait qu'elle était une meurtrière, et la colère envers elle-même pour s'être montrée aussi démonstrative.

   Elle inspira un grand coup avant de finalement se lever et d'écarter le rideau qui la cachait du reste de l'intérieur de l'Arbre Mojo.

— Zelda, tu me racontes ce qu'il s'est passé ?

— Eh bien, après avoir longtemps...pleuré, tu as fini par t'endormir et Link t'as déposé ici, lui répondit doucement la princesse.

   La brune se crispa toute entière. Ils avaient dormi ensemble ?

— Il a passé la nuit dehors, précisa son amie pour la rassurer.

   Elle se détendit un peu en entendant sa réponse mais elle savait qu'au fond d'elle, elle était déjà persuadée que Link n'aurait pas dormi avec elle après ce qu'elle lui avait révélé. Elle croisa quelques Korogu en sortant pour découvrir le soleil radieux qui inondait de lumière la clairière et elle comprit que le reste des petites feuilles s'étaient rassemblées en cercle autour du socle de l'épée...où Link était en train de s'entraîner.

   Elle s'arrêta sur le seuil pour ne pas se faire remarquer et pouvoir l'espionner discrètement.

— Tu es au courant qu'il t'as vu dès la minute où tu as posé un pied dehors ? Lui indiqua Zelda comme pour lui rappeler qu'elle ne pourrait pas tromper le blond aussi facilement.

— Encore une fois, je serais déçue s'il ne m'avait pas vu.

   Mais finalement, elle n'osait pas s'approcher plus que cela. Comment allait-il réagir maintenant ? Allait-il l'ignorer, ou encore pire, la prendre en pitié ? C'était tout ce qu'elle ne voulait pas. Elle voulait que leurs échanges restent les mêmes, un peu brutaux et toujours pleins de vérités.

   Elle n'eut pas le temps de pousser plus loin ses pensées ou sa discussion avec Zelda. Elle attrapa d'une seule main le boomerang Trilame qu'il venait de lancer dans sa direction. Si elle ne l'avait pas fait, elle aurait peut-être pu dire adieu à son oreille droite. Elle releva le regard pour le dévisager, mais Link arborait un de ces sourires en coin. Il savait qu'elle allait l'attraper.

— Tu comptes rester là toute la journée à bronzer au soleil ou tu vas t'entrainer avec moi pour sauver la princesse ? Lui lança-t-il alors que toutes les Korogu se tournaient vers elle. 

   Sa bouche s'ouvrit légèrement sous la surprise de cette réplique, mais elle se reprit bien vite.

— Oh, monsieur le crétin de prodige est donc disposé à aligner plus de cinq mots par phrase aujourd'hui ? Répliqua-t-elle en lui relançant le boomerang.

   Elle descendit finalement la pente qui menait à la clairière pour le rejoindre au centre de la dalle de pierre. Elle dégaina une de ses propres armes, une épée de chevalier qu'elle avait réussi à récupérer en quasiment parfait état en se rendant ici, et le défia du regard. Au fond d'elle-même, elle lui fut reconnaissante de ne pas mentionner la précédente soirée, preuve à présent qu'il la connaissait plus qu'elle ne voulait bien l'admettre.