Chapitre 90.

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- S V E N -

Moi : Fais tourner.

Prisko me donne son joint. Ça faisait une éternité que j'avais pas fumé cette merde.

Finalement à quoi rime ma vie ? Cacher que je suis malentendant aux personnes que j'aime parce que j'ai peur de les perdre, puis leur révéler ce secret que je cache depuis tant de temps, et perdre ces mêmes personnes parce que je leur ai menti.

Le schéma se répétera toute ma vie si je ne cesse pas d'avoir peur.

Peur de quoi au juste ? En MMA j'ai atteint l'objectif que j'voulais. Je me suis prouvé à moi même que c'était faisable, et même si demain on me retire mon titre de champion parce que mon secret est révélé au grand jour, je saurais au fond de moi que je l'ai fait.

Alors de quoi ai-je peur ?

Je dois assumer.

Voir Némésis s'en aller m'a tué tout à l'heure. Elle est partie en prenant la ferme décision de ne pas me laisser de nouvelle chance.

Encore une fois j'ai merdé et j'ai tout perdu.

Elias : Elle t'a dit que c'était mort mort ?

Moi : Ouais.

Elias : Ça va aller ?

Moi : Pourquoi ça n'irais pas ? C'est qu'une femme après tout. J'l'oublierais comme j'ai oublié Camélia.

Nandy : Il t'a fallu du temps pour oublier Camélia.

Moi : C'est pas grave.

J'ai parlé naïvement.

Les jours qui ont suivis j'ai eu vraiment mal. Mais je pouvais m'en prendre qu'à moi-même, alors j'ai rien dit.

Et puis c'est vrai, à quoi est-ce que je m'attendais en disant la vérité à Némésis ?

« Ah t'es malentendant ? Bon bah je te pardonne ! »

Faire du mal et ensuite s'excuser avec pour explication son handicap, c'est vraiment con. J'aurais pas dû la blesser, un point c'est tout.

Plus les jours passent, et plus je me demande si être champion du monde ça vaut vraiment le coup si j'ai dû blessé quelqu'un pour y parvenir.

J'arrive plus à aller à l'entraînement, j'arrive plus à me regarder en face. Je me dégoûte, vraiment.

Au bout de 5 jours sans aller à l'entraînement, Lionel débarque chez moi, aux Moulins. Je lui ouvre la porte, torse nu et en short.

Lionel : Qu'est-ce que tu fais ?

Il entre, je retourne m'asseoir au salon.

Lionel : Tu bois ?

Moi : Juste quelques verres.

Il prends la bouteille à moitié vide.

Lionel : T'as descendu la moitié de la bouteille.

Je ne réponds pas, trop occupé à rouler mon joint. Lionel me regarde.

Lionel : Sven, t'es sûr que ça va ?

Je ne réponds pas. Il s'assoit à côté de moi.

Lionel : Il faut qu'on parle, là j'te reconnais pas.

Moi : J'arrive plus à gérer Lionel.

Il me regarde laisser des larmes couler sur mon visage. J'pleure pas souvent parce que je me considère comme quelqu'un de fort, mais là je ne suis plus ce que j'étais.

NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant