Chroniques d'une Mercenaire - Tome 4 : Par-delà la Mer [Terminé]

Chapitre 5

Les deux mercenaires regagnèrent leur habitation en quatre heures alors que le soir tombait lentement.
Il ne s'agissait pas de la vieille cabane branlante en planches vermoulues dans laquelle Leïmy avait vécu entre deux missions de mercenaire mais d'une chaumière en rondins. Ils l'avaient construite eux-mêmes juste après que Welkonn ait été sauvé et alors qu'une grande partie de la population s'échinait à bâtir des ponts enjambant les gouffres s'étant formé entre les régions.
Ils y avaient passé des heures durant des semaines et, lorsqu'ils avaient eu terminé, leurs mains étaient couvertes d'égratignures ainsi que d'échardes mais ils s'en moquaient car ils avaient enfin un véritable endroit à eux sauf qu'ils ne savaient pas quoi faire.
Ils ne se voyaient pas vivre sagement à l'écart de tout. On leur avait appris à être des criminels et ils avaient peine à l'oublier. C'était alors qu'ils avaient eu l'idée d'intégrer la guilde des voleurs avec l'aide de Leïje.
Leïmy poussa la porte, elle aussi de bois et qui n'était pas fermé à clé. Ils ne la verrouillaient jamais. Premièrement car rare étaient ceux qui s'aventuraient dans la forêt maudite d'Yolle et que, sans savoir où se situait la chaumière, il était impossible de la trouver, sauf si la chance se retournait contre les mercenaires.
Les pas de Leïmy laissèrent de fines empruntes sur la maigre couche de poussière recouvrant le sol. La saleté présente s'expliquait par leur quelques jours d'absence et le fait qu'il était difficile de garder une maison propre en pleine forêt.
Negg tira l'une des chaises placées de part et d'autre de la table et s'y assit.
Leïmy s'écroula sur le lit poussé dans le fond de l'unique pièce de la chaumière. Elle ne se sentait pas fatiguée mais incertaine.
Elle ne resta pas allongée bien longtemps et elle se redressa en rejetant ses cheveux en arrière. En quelques enjambés, elle rejoignit l'opposé de la pièce où se trouvait l'armoire leur servant également de garde-manger. Elle l'ouvrit et fouilla à l'intérieur à la recherche de fruits et de biscuits secs qu'elle glissa dans un petit sac.

« Que fais-tu ? Lui demanda Negg.
- Puisque nous partons dans quelques heures, nous devons nous préparer.
- Donc, tu vas accepter ?
- Nous en avons déjà parlé sur le chemin. Ne te répète pas, s'il te plaît. Tu semblais enthousiaste tout à l'heure. Aurais-tu changé d'avis ?
- Non. Je suis vraiment intrigué par cette histoire.
- Moi, je pense surtout aux dangers et aux risques énormes que nous allons sûrement rencontrer.
- Je pensais que tu ne croyais pas les contes sur la Mer Désertique et le désert de Soow ?
- C'est le cas mais je préfère être préparée à toute éventualité.

Negg opina, du même avis que la jeune fille.
Même si ce n'était certainement pas à cause de monstres ou de créatures surnaturelles, il y avait une raison pour laquelle personne ne se rendait dans la zone désertique et que les seuls ayant tenté l'aventure ne soient presque jamais revenus.
Leïmy s'agenouilla devant l'imposant coffre de bois servant de pied au lit et l'ouvrit. Elle y plongea la main et ses doigts se refermèrent sans tarder sur une pièce de cuir.
La mercenaire tira une ceinture cousue avec une double épaisseur de cuir. De multiples fourreaux encore habités par leurs armes respectives y étaient accrochés. Il y avait également les morceaux d'un arc démontable attaché à la ceinture par un lacet et une poche comme celles de Negg contenant différents objets pouvant lui être utiles.
Il s'agissait de la ceinture qu'elle portait en étant mercenaire. Elle avait choisi de s'en débarrasser en abandonnant son ancienne vie. Les premiers jours sans le poids qu'elle trouvait rassurant avaient été étranges mais elle avait fini par s'habituer et elle s'en félicitait. Cela marquait réellement la fin de son existence de meurtrière maculée de sang et elle l'avait ensuite vécu comme une libération mais, à présent, elle devait remettre cette ceinture. Elle en avait besoin pour affronter ce qui les attendait.
Le cuir vint entourer sa taille. Negg la regarda faire d'un air inquiet. Il savait ce que cela représentait pour sa compagne.
Il lui demanda :

- Es-tu sûre ?

Leïmy ne lui répondit pas et elle garda les yeux baissés sur le parquet.
Avec détermination, elle referma la boucle et la ceinture retomba sur ses hanches. Elle ne se souvenait plus que les lames pesaient autant mais comme elle les avait porté durant cinq ans, le temps d'adaptation fut court.
Elle se tourna vers Negg et le rassura, à moins que ce ne soit elle qu'elle souhaitait rassurer :