Le soleil était levé depuis de nombreuses heures déjà mais la nuit avait été longue et la fête animée.
Vargram se retourna sous ses draps de satin. Le jeune homme de vingt-trois ans était réveillé mais il se sentait encore trop fatigué pour se lever. Rien ne pressait et, si il y avait eu une urgence, un serviteur serait venu le prévenir. La lumière du jour filtrait en de fins rayons par les fentes des volets clos.
Vargram ne se souvenait plus de l'heure à laquelle les derniers invités étaient rentrés chez eux, son esprit encore embrumé par l'alcool qu'il avait bu sans modération. Il se rappelait seulement que la réception avait été une réussite. Presque tous les nobles d'Orquia étaient présents, aussi bien ceux qu'il appréciait que ceux qu'il avait conviés par politesse. Il avait dansé avec de jeunes aristocrates, également pour respect envers l'étiquette, mais leurs noms refusaient de remonter à sa mémoire embrouillée. Il fallait dire qu'il s'en moquait un peu également.
Le jeune homme changea une nouvelle fois de position en poussant un soupir d'aise alors qu'il enfonçait la tête dans le moelleux de son oreiller rembourré de plumes d'oie.
Son estomac qui gargouilla lui signala qu'il ne pouvait pas passer sa journée à somnoler de la sorte.
À contrecœur, il repoussa sa couverture et posa les pieds sur le sol de marbre. Si ça n'avait pas été la chaude saison, il n'aurait pas mis sa voute plantaire directement en contact avec le sol qui aurait été glacé. Il ouvrit son armoire et en tira une chemise blanche à jabot au col et aux manches rehaussées de fils d'or. Il l'enfila puis ouvrit les volets des quatre fenêtres, s'habituant peu à peu à la soudaine clarté. La lumière inonda la pièce.
Vargram s'étira et fit quelques pas puis son cœur rata un battement.
Juste à côté des trois fauteuils et de son armoire, un pan du lambris était décalé. Si cela avait été ailleurs, Vargram aurait simplement pensé que la décoration commençait à vieillir mais c'était à cet endroit exacte que le bois été déplacé.
Craignant le pire, il se précipita vers la paroi. En appuyant sur un point précis, il actionna le mécanisme et une partie du lambris pivota pour révéler une minuscule pièce entièrement vide.
Vargram manqua de défaillir en découvrant cela et il eut besoin de s'appuyer sur le dossier d'un des fauteuil.
Il n'avait plus rien. Toutes ces richesses avaient été rangées là en prévision de la fête. Un voleur avait dû avoir vent de l'information et avait profité de la soirée pour le détrousser. Il n'était pas ruiné pour autant. Il en fallait plus pour que tout l'argent de sa famille disparaisse. Il pouvait toujours revendre quelques meubles ou des tableaux mais ce n'était pas le pire, loin de là. L'argent était secondaire. Ce qui le préoccupait était bien plus grave.
Espérant encore, il se rua dans la pièce dissimulée et examina le sol ainsi que les recoins mais il ne trouva rien. Le voleur n'avait rien oublié.
Le poing de Vargram s'abattit contre le mur.
Cette bague qu'il savait si puissante, volatilisée, subtilisée pendant qu'il festoyait à l'étage inférieur.
Il ouvrit la porte et rugit dans le couloir, ordonnant au premier domestique qui l'entendrait :« Allez me chercher la Garde, immédiatement ! »
La Garde d'Orquia mit un quart d'heure à arriver. La famille Simmbel étant un membre éminent de l'aristocratie, dont Vargram était l'héritier, la Garde avait préféré ne pas le faire attendre.
Trois hommes vêtus de l'uniforme bleu marine entrèrent dans la chambre du maître des lieux. Vargram y faisait les cents pas avec contrariété.
Il se tourna vers les soldats et grogna :« Ce n'est pas trop tôt !
- Mon seigneur, je suis le Capitaine Oriol. Pouvez-vous vous calmer et nous expliquer ce qu'il se passe ?
- Ce qu'il se passe ? Il se passe que j'ai été cambriolé ! Vous avez tout intérêt à retrouver le coupable !
- Que vous a t-on pris ?
- Tout ! Absolument tout ! Allez-vous rester là à poser des questions stupides ou faire votre travail ?Oriol serra les poings.
Il avait en horreur les personnages tel que Vargram Simmbel. Imbu de lui-même, égocentrique, se croyant au-dessus des autres et parfois des lois mais, contrairement à la plupart des autres individus de son espèce, Vargram n'était pas idiot, loin delà.
Oriol se força à s'apaiser et à rester stoïque ainsi que respectueux, comme ses subalternes l'accompagnant.
Il expliqua d'une voix grave :
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Chroniques d'une Mercenaire - Tome 4 : Par-delà la Mer [Terminé]
FantastikUn an après l'union des magies à Welkonn, Leïmy et Negg ont fuit la guilde des mercenaires, à présent dirigée par Gammon, au profit de celle des voleurs, aux côtés de Leïje, leur seul soutien en son sein. De son côté, Dévlin, qui a retrouvé sa place...