Chapitre 7

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Batquisse mit une heure à réunir son équipage et à se rendre au palais du régent de la ville, qui était équipé d'un laboratoire de magie semblable à celui du Conseil, leur épargnant à nouveau un loin voyage.
Dévlin expliqua rapidement aux marins ce qui allait suivre puis les magiciens officiant là mélangèrent leurs pouvoirs pour les envoyer à Orquia. Ils réapparurent pêle-mêle dans la salle du palais du Conseil où attendait ce dernier.
Leïmy ne se préoccupa pas de son demi-frère ou de son équipage déstabilisé et déclara en se tournant vers Domilla :

« Bon, nous vous avons ramené un équipage alors pourrions-nous avoir nos vivres et gagner la côte pour enfin nous occuper des choses sérieuses ?
- J'aimerais d'abord m'entretenir avec le capitaine de ces hommes. Qui est-ce ?
- A quoi bon ? C'est un parfait idiot.

Soupira Leïmy en levant les yeux au ciel.
Batquisse serra les poings mais s'abstint de répliquer. Il ne souhaitait pas écourter le peu de vie qu'il lui restait.
Leïmy le montra d'un mouvement dédaigneux de la main pour indiquer à Domilla que c'était à lui qu'elle devait s'adresser.
La doyenne s'avança vers Batquisse, qui la salua d'un signe du menton, et elle prit la parole sur un ton solennelle :

- Je vous remercie de vous dévouer ainsi pour le monde de Welkonn, vous et tout votre équipage, bien sûr et...
- Ne me remerciez pas car je ne me suis absolument pas dévoué et je voudrais être à l'autre bout de notre monde en cet instant mais on m'a pas laissé le choix entre la mort et la mort. Entendons-nous bien, seuls des fous peuvent se risquer à naviguer sur la Mer Désertique et il n'y a que la mort qui nous attend dans le désert de Soow mais je préfère mourir dans plusieurs jours en mer que d'être immédiatement poignardé. Peut-être que je regretterais lorsque nous serons tous en train de mourir de soif dans le désert. En résumé, si je suis ici c'est parce qu'on ne m'a pas permis de prendre librement la décision.

Les marins hochèrent tous la tête pour appuyer leur capitaine et affirmer que c'était la stricte vérité. Domilla écarquilla les yeux, choquée.
Elle demanda :

- Mais qui vous a...
- Poses-tu vraiment la question ? L'interrompit Garhil en posant un regard aussi noir que soupçonneux sur Leïmy, qui haussa les épaules en se justifiant :
- Vous nous avez prié de recruter un équipage alors de quoi vous plaignez-vous ?
- Nous ne voulons pas forcer les gens à nous servir ! La tança Marga.
- C'est vrai que Leïmy et moi avons été enthousiasmés dès la première seconde. Rétorqua Negg.
- Je suis vraiment navrée, s'excusa Domilla auprès de Batquisse. Rentrez chez vous avec votre équipage. Vous serez dédommagés.

Les marins, menés par le second qui n'était autre que le colosse, se dirigèrent vers la porte de la salle de réunion mais Batquisse ne bougea pas. Il réfléchissait.
Son regard se posa sur sa belle demie-sœur. Il avait encore énormément de rancœur à son égard pour le naufrage de son ancien navire et il avait dû dépenser tout son argent pour en acheter un nouveau et pour se composer un nouvel équipage mais, en un sens, ce n'était que justice. Leïmy avait certainement dû ressentir la même chose pendant son enfance sauf que la méchanceté des deux frères avaient duré presque six ans alors que le navire n'avait coulé qu'une fois et Leïmy ne l'avait pas fait volontairement.
Batquisse se doutait bien de la raison pour laquelle c'était lui qu'elle était venue chercher pour cette traversée suicidaire. C'était une façon pour elle de se venger.
Le second se tourna vers son capitaine, ne comprenant pas pourquoi ce dernier restait sans bouger. Il lui fit signe de les rejoindre mais Batquisse baissa la tête en poussant un profond soupir qui souleva sa poitrine.
Il regarda Leïmy et lutta contre la profonde envie de se détourner de ses yeux glaciales et se força à y conserver les siens puis lui demanda :

- Si j'accepte de vous conduire au désert de Soow, me pardonneras-tu pour ton enfance lamentable par ma faute ?

Leïmy posa la main gauche sur sa hanche sans quitter Batquisse du regard.
Elle se mordilla la langue en réfléchissant mais l'expression des autres personnes présentes dans la pièce lui rappelèrent que ce n'était pas seulement sa rancœur personnelle et la conscience de Batquisse qui étaient en cause. Ils avaient besoin d'un équipage et la jeune fille s'impatientait à force d'être dans cette salle alors elle accepta, n'aurait-ce été que pour faire avancer les choses.
Elle entrouvrit la bouche pour lâcher :

Chroniques d'une Mercenaire - Tome 4 : Par-delà la Mer [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant